Rechercher
Rechercher

Culture - À l’affiche

Mazen Khaled face à la mer

Le cinéaste livre dans son film « Martyr » un bel hymne au corps, et un chant d’amour douloureux à la vie.

Une photo semblable à l’art pictural.

Quatre jeunes gens d’un milieu défavorisé mais de différentes communautés traînent leur désespoir et leurs carapaces corporelles parfois creuses, parfois chargées d’émotions, à travers les rues d’une Beyrouth « claustrophobe » et asphyxiante, placardée de photos de martyrs. À la recherche d’un sens à leurs vies, ils ne retrouvent la vraie liberté que face à la mer qui leur offre une évasion, une fuite en avant. Cette même fuite qui pourrait être un jour fatale.
Avant d’aborder ce sujet, Mazen Khaled avait longtemps observé ces plongeurs qui sautent du haut de la balustrade sur la Corniche. Il aurait même demandé un jour d’enjamber cette barrière qui les séparait du monde réel. La mort de certains de ces plongeurs l’a poussé à écrire cette histoire à mi-chemin entre le réel et l’irréel.

Depuis que le cinéaste a empoigné sa caméra et s’en est servi comme mode d’expression sensoriel, et après plus d’une dizaine d’années de pub, le corps humain a été son principal sujet central. Après plusieurs courts-métrages, il signe l’an dernier un long intitulé A Petty Bourgeois Dream, et cette année Martyr. C’est ce corps et plus particulièrement le corps mâle qui est le vecteur de ses sensations et de ses émotions.  Le corps à travers une vision esthétique bien sûr, mais aussi placé au milieu d’une société donnée et comment il interagit avec elle.
 Martyr ne déroge pas à la règle, mais se distingue légèrement par son côté expérimental, voire quasi naturaliste. À l’instar du mouvement littéraire qui a pris naissance en France au début du XIXe siècle, le cinéaste explique comment le corps, telle une peau de tambour, résonne ou même raisonne avec les influences de la société. Dans sa manière de le placer toujours au centre de l’écran, souvent dans des postures élaborées et sur fond de clair-obscur, le spectateur est immergé dans les moindres détails de l’anatomie humaine. L’action demeure simple tout au long du film afin qu’on se concentre totalement sur ce corps qui évolue sur l’écran. Tiraillé par les élans d’amour, par la pesanteur de la soumission et la légèreté de la liberté, ce corps se fait équilibriste entre la vie et la mort. Il est en apesanteur. Surtout quand l’auteur/réalisateur le plonge dans l’eau. Cette eau, signe de naissance mais aussi de mort, puisqu’elle baigne le bébé alors qu’il est à l’état fœtal, et qu’elle baignera le personnage principal au moment de sa mort. L’eau est un acteur en soi dans le film. Selon le cinéaste, elle est un milieu propice où l’homme s’ouvre plus à l’autre et se connecte avec lui, mais aussi un moyen de purification.

Contrastes
Martyr n’est pas un film qui revendique les droits d’une communauté spécifique, dira la productrice Diala Kachmar qui s’est investie totalement dans ce projet depuis sa naissance et qui a invité sa boîte de production Artrip à produire le film. Martyr ouvre les yeux sur des marginalisés de la société qui essayent de se trouver une place au soleil. Il évoque, toujours en filigrane et à travers des non-dits ou des mots dits en sourdine, la difficulté d’intégration. Ces non-dits, Mazen Khaled les oppose à la cacophonie environnante des fausses infos, des scoops, des buzz que la société a aimé créer. Contraste également entre le naturalisme évoqué là-dessus et la fantaisie du visuel. « Je ne pouvais raconter Martyr d’une manière linéaire. Pour élever l’histoire à un niveau émotionnel et sensuel, il fallait donc mêler le réalisme à l’onirique et la chorégraphie (signée Ali Chahrour) aux mouvements spontanés et improvisés. » « Il n’y a que la caméra qui peut remplir cette fonction, dira Mazen Khaled. Cette caméra peut aller au-delà de son simple rôle, faire un éclairage sur les objets ou la peau pour sonder l’intérieur du corps humain et ressortir tout ce qu’il a de vibrant et de vivant en lui, comme l’amitié ou encore l’amour d’une mère et d’un père. » Enfin, mention est donnée à ce casting impliqué dans cette aventure et plus particulièrement à Carol Abboud qui livre une prestation tout en épure.

Quatre jeunes gens d’un milieu défavorisé mais de différentes communautés traînent leur désespoir et leurs carapaces corporelles parfois creuses, parfois chargées d’émotions, à travers les rues d’une Beyrouth « claustrophobe » et asphyxiante, placardée de photos de martyrs. À la recherche d’un sens à leurs vies, ils ne retrouvent la vraie liberté que face à la...

commentaires (1)

C'est merveilleux. mais ce qui manqué, c'est le corps d'une femme. alors l'hymne sera complet.

SATURNE

15 h 17, le 19 juillet 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • C'est merveilleux. mais ce qui manqué, c'est le corps d'une femme. alors l'hymne sera complet.

    SATURNE

    15 h 17, le 19 juillet 2018

Retour en haut