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Moyen Orient et Monde - Analyse

Syrie : un deal Trump-Poutine sur le dos des Iraniens ?

L’influence de Téhéran dans le pays de Bachar el-Assad devrait être l’un des sujets principaux de la rencontre entre les deux dirigeants le 16 juillet prochain.

Un t-shirt montrant Donald Trump et Vladimir Poutine dans une boutique de souvenirs à Saint-Pétersbourg. Mladen Antonov/AFP

Le président américain Donald Trump doit rencontrer son homologue russe Validimir Poutine le 16 juillet prochain à Helsinki, pour un premier grand sommet en tête à tête entre les deux hommes. Une poignée de main longtemps différée par la Maison-Blanche, car elle risquait de passer pour un acte de complaisance à l’égard de Moscou, dont les soupçons d’ingérence dans la campagne américaine sont solides. Une telle entrevue est aussi irritante pour les alliés occidentaux de Washington, qui ont de bonnes raisons de douter de la sympathie de Donald Trump pour l’OTAN. Mais le président américain croit au cliché du dirigeant qui prend les problèmes à bras-le-corps et à sa capacité à convaincre son homologue entre quatre yeux. L’agenda de la rencontre est fleuve : l’annexion de la Crimée puis l’insurrection prorusse dans l’est de l’Ukraine, l’enquête sur l’ingérence russe dans la campagne américaine et l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal en Grande-Bretagne. La présence iranienne en Syrie devrait néanmoins passer en priorité.Un possible deal syrien entre les deux grands interviendrait à un moment paradoxal. À l’issue de plusieurs mois de tractations intenses entre la Russie, la Jordanie et les États-Unis, un accord de désescalade avait été conclu dans le Sud-Ouest syrien à l’été 2017. Les lignes de front avaient été gelées selon la géographie suivante : une zone tampon vidée de toute présence iranienne censée s’étendre de 5 km depuis le point de contact entre le régime et l’opposition, et de 10 km à partir de la frontière jordanienne et de la ligne d’armistice démarquant le Golan occupé par Israël. Donald Trump retrouve Vladimir Poutine au moment où le seul succès enregistré par les deux superpuissances dans leur recherche respective d’un « pacte » russo-américain en Syrie est désavoué par l’offensive de Damas et de Moscou sur la province de Deraa. 

Le 21 juin dernier, alors que des rapports étoffés circulaient sur la présence de forces syriennes dans la zone de cessez-le-feu, Washington a mollement évoqué les « répercussions sérieuses de ces violations ». Une apathie couplée à une information de Reuters la même semaine : l’équipe de liaison américaine en contact avec l’opposition à Deraa aurait signifié aux rebelles qu’il faudra faire sans l’aide américaine. Un officier israélien a déclaré hier au Haaretz que l’« histoire est finie » dans le Sud syrien. Signe que l’entente russo-américaine pourrait cette fois-ci être plus large, les États-Unis et Israël s’accommodent du retour complet du régime dans le Sud à condition que le Kremlin fasse la police en filtrant les forces pro-Assad de ses éléments iraniens ou pro-iraniens. 

Autrement dit, Washington et Moscou peuvent trouver un accord sur le dossier syrien mais uniquement si celui-ci se fait sur le dos de l’Iran. 


(Pour mémoire : Poutine appelle Trump à une "coopération pragmatique") 



« Crimée contre Golan »
Plusieurs hypothèses ont été évoquées dans les médias ces derniers jours quant à des monnaies d’échange alternatives entre Moscou et Washington. « Les États-Unis pourraient proposer aux Russes d’évacuer le territoire dans l’est de la Syrie contre la promesse que les Iraniens se retirent de ce pays », explique à L’Orient-Le Jour Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou. La possibilité de « faire un geste » sur la Crimée contre l’hypothétique bonne volonté des Russes à pousser les Iraniens vers la sortie est également relayée dans la presse. 

Un tel « contrat » reviendrait probablement à recevoir une sorte de faux billet de la part de Moscou. La Russie n’a pas les moyens d’effectuer un tri chirurgical à ce stade de confusion entre forces régulières et supplétifs paramilitaires. Les miliciens chiites revêtent l’uniforme de l’armée syrienne, tandis que les soldats de cette dernière ont adopté un style de plus en plus milicien au fil de la guerre, mixant le camouflage conventionnel avec sneakers, jeans et t-shirt à motifs civils. La présence iranienne fût-elle plus discernable en Syrie, Moscou n’a pas droit de vie et de mort sur elle. Au début du mois de juin, les forces russes ont accompagné la 11e division de l’armée syrienne pour « évacuer » le Hezbollah de Qousseir. L’opération s’est terminée avec le retrait moins de 24 heures plus tard des troupes syriennes et russes, et le renforcement « pour la peine » de la présence de la milice chiite libanaise autour de Qousseir. L’épisode était probablement une façon de tester la réaction iranienne. Elle a surtout montré que Téhéran est difficilement déracinable, ou du moins que Moscou n’est pas disposé à mettre suffisamment de poids militaire pour forcer la sortie. C’est à présent un travail de « désherbage » qui attend Israël dans le Sud syrien : frappes saisonnières pour abaisser la menace iranienne à un niveau supportable. 

« Pour ce président (Donald Trump) de “deal”, la Russie peut apporter peu. Il n’y a aucun dossier où Moscou a vraiment quelque chose à lui apporter et aucun sur lequel la Russie peut vraiment le handicaper. Il reste l’image de l’homme qui, à la différence de Barack Obama, peut “maîtriser” les méchants de ce monde, comme Kim ou Poutine », explique Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie/NEI de l’Institut français des relations internationales. « C’est l’affichage même, la communication autour de la rencontre, l’image de la poignée de main qui sont importants. Un parallèle avec le sommet avec Kim s’impose : il est probable qu’un communiqué général en ressortira sur la lutte antiterroriste, la volonté de travailler pour la paix et la stabilité », poursuit la chercheuse. Mais l’affichage de la rencontre est déjà en soi une caution offerte à Vladimir Poutine, dont on ne sait pas si la contrepartie interviendra : le président russe rencontre son homologue américain sur un pied d’égalité. C’est une vitrine pour sa politique syrienne, contre quoi Moscou ne semble pas avoir de lot de consolation crédible pour les intérêts américains.


Pour mémoire 

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commentaires (1)

IL FAUT RENVOYER TOUS LES ETRANGERS ET EN PREMIERS L,IRAN ET SES ACCESSOIRES DE SYRIE. LE YEMEN DOIT SUIVRE.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 31, le 07 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • IL FAUT RENVOYER TOUS LES ETRANGERS ET EN PREMIERS L,IRAN ET SES ACCESSOIRES DE SYRIE. LE YEMEN DOIT SUIVRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 31, le 07 juillet 2018

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