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Moyen Orient et Monde - Manifestations

Les Iraniens à nouveau dans les rues contre l’eau polluée

Les heurts entre les protestataires et les forces de l’ordre dans les villes de Khorramshahr et d’Abadan ont fait onze blessés le week-end dernier.

Depuis trois semaines, les Iraniens descendent dans les rues des villes de Khorramshahr et d’Abadan, situées dans la province du Khouzistan au sud-ouest du pays, pour manifester contre la mauvaise qualité de l’eau. Photo Reuters

Les contestations populaires se poursuivent en Iran. Depuis trois semaines, les Iraniens descendent dans les rues des villes de Khorramshahr et d’Abadan, situées dans la province du Khouzistan au sud-ouest du pays, pour manifester contre la mauvaise qualité de l’eau. De nouveaux heurts ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi tandis que les affrontements entre la police et les manifestants ont fait onze blessés la veille, selon un bilan officiel. « La police a tenté de disperser des manifestants à Abadan, mais ils ont riposté en lançant des morceaux de pierre et de bois à la police », a rapporté l’agence officielle IRNA.
Voulant faire taire la rumeur rapportée par la chaîne saoudienne al-Arabiya selon laquelle « au moins quatre manifestants » ont été tués par les forces de l’ordre, le ministre iranien de l’Intérieur, Addolreza Rahmani Fazli, est monté au créneau dimanche. « Les affirmations selon lesquelles plusieurs personnes ont été tuées sont fausses », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « La nuit dernière, il n’y a eu qu’un cas d’affrontement impliquant des tirs, et il y a eu un blessé qui a été conduit à l’hôpital », a-t-il poursuivi. L’IRNA a également rapporté que le vice-ministre iranien de l’Intérieur, Hossein Zolfaghari, a pour sa part affirmé qu’« une personne armée (avait) blessé 11 personnes (...) lors des incidents à Khorramshahr, dont 10 membres des forces de l’ordre », tandis que le dernier individu est un civil qui a été hospitalisé. L’agence a précisé que cette personne armée « était parmi la foule et n’a pas encore été identifiée ».


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Signe du malaise au sein du leadership iranien, le général de brigade Gholam Reza Jalali, commandant de la défense passive iranienne, n’a pas hésité à déclarer hier que « le changement climatique en Iran est suspect ». « L’ingérence étrangère est soupçonnée d’avoir joué sur le changement climatique. Des centres scientifiques du pays ont mené une étude sur ce sujet et leur résultat confirme » l’hypothèse, a-t-il justifié. « En plus de cela, nous faisons face à un phénomène de vols de nuages et de neige », a-t-il insisté.

Ces protestations sont « une réaction à des années de mauvaise gestion, de priorisation de l’agenda idéologique » qui porte plus sur le monde arabe que sur l’aspect national par le gouvernement central, explique à L’Orient-Le Jour Alex Vatanka, chercheur au Middle East Institute et spécialiste de l’Iran. Sècheresses, pénuries d’eau potable ou encore pollution particulièrement élevée, la situation environnementale dans cette région agricole à majorité arabe est catastrophique. « La province s’est beaucoup appauvrie au cours de ces dernières décennies, elle est aussi désavantagée sur le plan socio-économique au regard des allocations qu’elle reçoit du budget national en comparaison aux régions purement persanophones », précise à L’OLJ Ali Fathollah-Nejad, chercheur associé au Brookings Doha Center. En plus de la catastrophe naturelle, « le taux de pauvreté extrêmement élevé ainsi que le chômage des jeunes arabophones contribuent à ces manifestations », poursuit-il. Selon le spécialiste, « s’ajoutent à cela les discriminations contre les arabophones ».


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« Manifestations sporadiques »
Les mouvements populaires à Khorramshahr et Abadan interviennent dans un contexte national déjà bien agité. Les commerçants du grand bazar de Téhéran ont notamment fait grève pendant deux jours la semaine dernière pour protester contre la dépréciation du rial, la monnaie iranienne, remettant en question le bilan économique du président iranien, Hassan Rohani, qui en avait fait sa priorité pour son second mandat. La situation économique devient de plus en plus difficile à tenir alors que le billet vert s’achetait à 90 000 rials la semaine dernière.
 « Il y a beaucoup de manifestations sporadiques, mais elles ne sont pas toutes nécessairement connectées », nuance M. Vatanka. « Elles comportent cependant un point sous-jacent qui est la colère politique contre la corruption, l’agenda (du régime) ou encore le manque de confiance envers le gouvernement », ajoute-t-il. Même son de cloche pour M. Fathollah-Nejad selon qui « on peut faire des parallèles avec la révolte du début de l’année, il y a des connexions évidentes ». « Pour autant, la spécificité de ces contestations est très liée à la province du Khouzistan elle-même », observe-t-il.

Le corps des gardiens de la révolution, qui gèrent les projets d’infrastructures électriques et hydrauliques dans l’ouest du pays, a promis une réponse rapide pour calmer le jeu. L’ensemble du gouvernement central se trouve cependant dans une situation délicate alors que des slogans le visant directement se sont invités dans les manifestations, déjà entendus dans des rassemblements précédents ailleurs dans le pays. Des protestataires n’ont pas hésité à scander « Mort à Khamenei », « Mort à Rohani » ou encore « Mort au régime islamique ». L’impact de ces rassemblements devrait toutefois rester limité pour le moment. « Ces manifestations ne sont pas nouvelles, mais la répression va créer plus de frustration, voire même pousser vers une radicalisation » des populations en question, estime M. Fathollah-Nejad. « La vraie menace vis-à-vis de l’administration vient plus de la crise économique et de la manière dont elle est instrumentalisée par ses opposants », décrypte-t-il.


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commentaires (3)

PRIERE LIRE QU,ILS N,ONT PAS VOLÉ. MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 54, le 03 juillet 2018

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Commentaires (3)

  • PRIERE LIRE QU,ILS N,ONT PAS VOLÉ. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 54, le 03 juillet 2018

  • et nous on fais quoi??? on reste a la maison, on s'empoisonne, on fait des courbettes a nos politiciens et on s'ecrase devant eux quand leur convoi passe. On est des carpettes

    George Khoury

    08 h 12, le 03 juillet 2018

  • PEUT-ETRE LES ISRAELIENS SONT DERRIERE ? ENCORE BIEN QU,ILS N,ONT PAS VOLER L,EAU COMME LA NEIGE ET LES NUAGES ! HAHAHA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 05, le 03 juillet 2018

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