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Liban - Éclairage

Face aux torpilleurs, Hariri oppose le calme

AFP / Andreas SOLARO

Au terme d’une série de contacts avec les différents leaders pour mettre fin aux polémiques et échanges d’accusations entre les protagonistes, le Premier ministre désigné Saad Hariri a réussi à calmer le discours politique, surtout entre les Forces libanaises (FL) et le Courant patriotique libre (CPL), et entre le Parti socialiste progressiste (PSP), le CPL et Baabda. Les différents partis ont répondu positivement à l’initiative Hariri. Les FL et le PSP ont ainsi annoncé la fin des hostilités, et le CPL a, lui aussi, rejoint la trêve, quoique de manière relative, afin d’instaurer un climat favorable à la naissance du nouveau cabinet.
Saad Hariri a également réussi à clarifier la question des prérogatives constitutionnelles, notamment au niveau de la formation du gouvernement, après les tentatives de certaines parties de semer la zizanie entre Baabda et la Maison du Centre afin d’ébranler les piliers du compromis entre ces deux composantes dans le but de creuser le fossé entre les membres de la troïka à l’origine du régime, le CPL, le courant du Futur et les FL, de torpiller le compromis politique à l’origine de l’accession de Michel Aoun à la présidence de la République et d’affaiblir le régime. Or, M. Hariri a souligné son attachement à ce compromis. Selon des sources proches du pouvoir, l’éviction du jeu politique et la démission de Nader Hariri, chef de cabinet du Premier ministre désigné et l’un des principaux artisans du compromis présidentiel avec le chef du CPL Gebran Bassil, ne sont pas de nature à menacer ce compromis. L’accord continuera d’opérer tel qu’il l’a fait jusqu’à présent, et ses piliers, Michel Aoun, Saad Hariri et Samir Geagea, y sont attachés.
Après avoir réussi à calmer le jeu, Saad Hariri a voulu, à travers la réunion qu’il a tenue avec les anciens présidents du Conseil Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam, dissiper les rumeurs relatives aux tentatives de torpillage des prérogatives et de la mission du Premier ministre désigné. Le député Jamil Sayyed avait en effet réclamé que des délais soient fixés à cette mission, suite à quoi le mandat du Premier ministre désigné lui serait retiré. M. Sayyed a d’ailleurs proposé la signature d’une pétition parlementaire par 65 députés pour le retrait de ce mandat. Cette démarche n’a pas été sans susciter des réactions négatives au sein de la communauté sunnite, qui y a répondu par une réunion entre les anciens Premiers ministres. D’autant que la proposition Jamil Sayyed s’est accompagnée d’une campagne médiatique selon laquelle c’est le président de la République qui forme les gouvernements en collaboration avec le Premier ministre désigné, entre autres, campagne interprétée en milieu sunnite comme une attaque contre l’accord de Taëf, ainsi qu’une tentative de « désubstantialiser » ce dernier et de torpiller l’équation mise sur pied à travers ce document. Le Hezbollah n’a en effet jamais caché son aversion pour cet accord et estime qu’en cas de mise en application de ce texte, il serait susceptible de perdre la couverture politique accordée à ses armes.


(Lire aussi : Aoun et Geagea dressent leur feuille de route pour la prochaine phase)


Des sources proches de la réunion entre les anciens présidents du Conseil et le Premier ministre désigné estiment que l’accord de Taëf est clair, de même que les prérogatives du président de la République, celles du Premier ministre et le processus de formation du gouvernement. Le Premier ministre désigné n’a pas de délais pour réussir sa mission. Les rumeurs qui circulent à ce sujet constituent des tentatives de semer le chaos entre les piliers du régime, Michel Aoun et Saad Hariri, ainsi qu’entre le CPL, le courant du Futur et les FL, pour torpiller le régime et l’ensemble de l’échafaudage politique sur lequel il repose. Certaines composantes sont en effet soucieuses de leur destin et de leur posture sur l’échiquier politique, et craignent les développements et les changements à venir dans la région dont les premiers signes commencent à apparaître. D’autant qu’elles ont senti qu’après la formation du cabinet, Michel Aoun sera sous pression aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, et pressé d’entreprendre des démarches jugées inquiétantes par certains, notamment le Hezbollah, telles que la revitalisation de la table de dialogue et l’élaboration d’une stratégie de défense pour ramasser les armes des milices conformément à la résolution 1559 et au principe du monopole de la violence légitime.
Comme l’a indiqué M. Hariri, la mission du cabinet d’union nationale est multiple : préserver la stabilité ; respecter la politique de dissociation et la déclaration de Baabda pour que le Liban soit neutre vis-à-vis des conflits régionaux ; tracer les frontière à l’est avec la Syrie et au sud avec Israël et les placer sous contrôle ; mettre au point une stratégie de défense ; appliquer les décisions des conférences internationales de soutien au Liban qui se sont déroulées à Rome, Paris et Bruxelles ; respecter et mettre en application les résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que les sanctions économiques internationales contre l’Iran. De toute évidence, certaines parties politiques tentent de faire pression sur Saad Hariri pour qu’il renonce à sa mission. Partant, ces parties chercheront à lier encore plus Beyrouth à Damas sur fond de solution à la crise des réfugiés. Tout comme elles continueront de protester contre le principe de dissociation du Liban des conflits, dans la mesure où la résistance serait toujours nécessaire pour libérer les territoires libanais encore occupés par Israël.


(Lire aussi : Geagea assure à Aoun qu’il peut compter sur son parti autant que sur le CPL)


C’est dans cette perspective que certains tentent de mettre des bâtons dans les roues du Premier ministre désigné et de sa mission, au point d’initier une campagne d’accusation de trahison et d’intimidation contre l’armée et son commandant en chef le général Joseph Aoun, lors de sa visite à Washington, et une autre contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, dans le but de le dissuader d’appliquer les sanctions US contre le Hezbollah.
Selon des sources proches du Grand Sérail, ces tentatives multiformes d’intimidation, notamment les incidents sécuritaires sporadiques dans différentes régions, ne pousseront pas Saad Hariri à changer d’orientation générale et la politique qu’il suit depuis novembre dernier. Michel Aoun, lui, restera attaché au compromis conclu avec MM. Hariri et Geagea dans le but de le consolider, en dépit des tentatives de certaines parties de semer la zizanie. La rencontre dimanche entre le Premier ministre désigné et Gebran Bassil n’a pas été couronnée de succès. Tous les sujets ont été évoqués, sans qu’une entente ne s’en dégage. Plusieurs points liés à la formation du cabinet sont restés irrésolus. Les deux parties se sont mises d’accord sur le fait de poursuivre les discussions lors d’une nouvelle rencontre entre elles hors du pays durant la semaine. M. Hariri quitte en effet le Liban pour des vacances familiales en Italie, et M. Bassil s’envole pour l’Europe, également pour des vacances familiales. En dépit des complications et de l’absence de perspectives de solution, des sources proches du processus de genèse du cabinet soulignent que ce dernier sera formé après le 16 juillet, c’est-à-dire au lendemain du sommet américano-russe à Helsinki, et avant la fin du mois.


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Au terme d’une série de contacts avec les différents leaders pour mettre fin aux polémiques et échanges d’accusations entre les protagonistes, le Premier ministre désigné Saad Hariri a réussi à calmer le discours politique, surtout entre les Forces libanaises (FL) et le Courant patriotique libre (CPL), et entre le Parti socialiste progressiste (PSP), le CPL et Baabda. Les différents...

commentaires (3)

Priorité aux vacances, pour ces "responsables" de notre pauvre pays ! Et après le 16 juillet...on trouvera d'autres prétextes pour retarder la formation du gouvernement... ne vous en faites pas, citoyens libanais, il semble que ce sera alors le tour de beau-papa de prendre des vacances...non ? Irène Saïd

Irene Said

10 h 26, le 03 juillet 2018

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Commentaires (3)

  • Priorité aux vacances, pour ces "responsables" de notre pauvre pays ! Et après le 16 juillet...on trouvera d'autres prétextes pour retarder la formation du gouvernement... ne vous en faites pas, citoyens libanais, il semble que ce sera alors le tour de beau-papa de prendre des vacances...non ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 26, le 03 juillet 2018

  • IL NE FAUT PAS LACHER SURTOUT. PERSEVERER ET PARVENIR DEVRAIT ETRE LE MOT D,ORDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 13, le 03 juillet 2018

  • fait le poireauter le general sans etoiles. il nous a fait attendre 2 ans et demi pour arriver au pouvoir. fait le attendre entre jusqu'a ce qu'il degage du palais. gouvernement ou pas, ca ne changera rien. comme ca, la gronde populaire ne sera que plus grande et on fera j'espere un bon coup de degagisme

    George Khoury

    08 h 01, le 03 juillet 2018

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