Rechercher
Rechercher

Liban - Gouvernement

Gouvernement : En dépit de l’optimisme affiché par Hariri, l’éclaircie ne semble pas être pour demain

Les aounistes écartent tout lâchage du Premier ministre désigné.

Saad Hariri reçu par Michel Aoun hier à Baabda. Photo Dalati et Nohra

Rien ne laisse croire que le futur gouvernement verra le jour prochainement. Loin de là. Les nœuds entravant encore la mise sur pied de l’équipe ministérielle n’ont toujours pas été défaits. En dépit de ce constat, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, continue à se monter optimiste… tout en prenant son temps.

À l’issue d’un entretien avec le président de la République, Michel Aoun, à Baabda, M. Hariri a déclaré hier sans détour qu’une solution était « proche » concernant la naissance d’un nouveau cabinet. « J’ai déjà dit par le passé qu’en ce qui concerne la formation du gouvernement, certaines questions nécessitent que l’on travaille à feu doux. C’est ce qui se passe en ce moment, a dit le Premier ministre. Nous sommes proches d’un dénouement, de sorte que chaque formation (politique) ait sa part. »

Dans sa déclaration, M. Hariri a tenu à mettre les points sur les i sur plusieurs plans. Il a, d’abord, insisté sur la pérennité du compromis qu’il a conclu avec le chef de l’État en 2016, faisant valoir que l’entente avec lui « persiste ». « Je ferai tout pour la protéger dans l’intérêt du pays. Ceux qui tentent de saboter cette entente devront affronter ensemble le Premier ministre et le président de la République », a-t-il prévenu.

Le Premier ministre désigné s’est, par ailleurs, prononcé au sujet des prérogatives constitutionnelles liées à la formation du cabinet. « La Constitution est très claire quant à mon rôle et celui du chef de l’État », a-t-il lancé, dans ce qui sonne comme une réponse implicite au communiqué publié mardi par le bureau de presse de Baabda, dans lequel Michel Aoun a réitéré son attachement indéfectible à ses prérogatives en matière de formation du cabinet. Mais M. Hariri a été encore plus loin en déclarant : « Je ne reconnais qu’une seule coutume, celle de la répartition des postes présidentiels. »

À travers cette phrase, inutilement supprimée par le communiqué officiel distribué par Baabda, le chef du gouvernement désigné répondait au communiqué présidentiel, dans lequel Michel Aoun avait estimé que la coutume veut que la vice-présidence du Conseil relève de la quote-part ministérielle du chef de l’État, à l’heure où les Forces libanaises le réclament. Dans certains milieux proches de Baabda, toutefois, on ne l’entend pas de cette oreille. Selon une source informée, l’on y juge « indiscutable » la coutume invoquée par le président de la République «. Dans les mêmes milieux, on insiste par ailleurs sur l’importance de l’entretien Aoun-Hariri, jugeant qu’il permettra de relancer le processus gouvernemental et calmer le jeu. Et d’ajouter que cette nouvelle phase sera marquée par des contacts destinés à surmonter les obstacles druze et chrétien.


(Lire aussi : Des raisons cachées derrière la lenteur dans la formation du gouvernement, selon le Hezbollah, le décryptage de Scarlett HADDAD)


CPL-FL
Tout comme le Premier ministre, les aounistes ont fait preuve d’optimisme quant à l’équipe ministérielle en gestation, en dépit des différends qui subsistent avec les FL et le courant du Futur, au sujet de la représentation du parti de Samir Geagea au sein du cabinet. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Nicolas Sehnaoui, député CPL de Beyrouth, souligne que « les négociations en vue de former le gouvernement n’ont pas encore dépassé les délais habituels ». « C’est Saad Hariri qui devrait former le gouvernement. Et toutes les spéculations autour de son éventuelle substitution ne sont que des spéculations de presse », insiste M. Sehnaoui.

Ce faisant, le courant aouniste entend donner à M. Hariri l’assurance qu’une réédition du scénario de 2011 et d’une démission surprise du Hezbollah, dans l’esprit du tweet posté lundi sur le compte personnel du député Jamil Sayyed, est exclu. Ce dernier, rappelle-t-on, avait critiqué « la lenteur » de Saad Hariri à former le cabinet, sous la pression des exigences du chef des FL, déclarant que « les substituts sont nombreux ».

Mais pour ce qui est du différend opposant le CPL à son partenaire chrétien autour de leurs quotes-parts gouvernementales respectives, M. Sehnaoui établit, à l’instar de tous ses collègues, une nette distinction entre le volet politique de l’accord de Meerab, et celui articulé autour de la réconciliation et ses retombées sur les rapports entre les bases populaires des deux partis. 

« Il y a un intérêt chrétien à préserver cette entente », note-il. Il souligne, toutefois, que l’accord politique avec le parti de Samir Geagea n’existe plus parce qu’il était principalement axé sur l’appui au sexennat.   « Un parti ne peut pas prétendre appuyer la présidence alors qu’il ne fait que s’opposer à lui au sein du cabinet », insiste le député de Beyrouth, avant de poursuivre : « Ceux qui disent soutenir la présidence ne devraient pas s’opposer à la part du chef de l’État au sein du cabinet. Ils devraient également se conformer à leur poids parlementaire. »

Du côté de Meerab, on tient à respecter la trêve médiatique scellée par la rencontre Hariri-Geagea tenue lundi dernier à la Maison du Centre. Un responsable FL contacté par L’OLJ rappelle dans ce cadre qu’en dépit de toutes les accusations, son parti a exprimé son attachement aux prérogatives présidentielles ainsi qu’à la réconciliation et à ses bons rapports avec Michel Aoun.

Parallèlement à la détérioration des rapports des FL avec les aounistes, leurs relations avec le Futur, les Kataëb et le PSP s’améliorent. Toutefois, un responsable FL s’empresse de préciser que cela ne saurait s’inscrire dans le cadre d’un renouveau du 14 Mars, qui viserait à faire face à la présidence Aoun, comme l’ont avancé certains.

Même son de cloche chez Ghazi Aridi, ancien député joumblattiste de Beyrouth. Contacté par L’OLJ, il fait savoir que les rapports de son parti avec ceux de Saad Hariri et Samir Geagea sont « bons ».  Commentant le nœud druze entravant encore la mise sur pied du cabinet, Ghazi Aridi se veut optimiste. « Saad Hariri s’est engagé à nous accorder trois sièges », déclare-t-il, insistant sur le fait que le PSP ne demande pas autre chose que le respect des résultats des législatives. Il souligne par la même occasion que « nos rapports avec le CPL sont perturbés parce qu’ils nous ont affrontés non seulement lors des élections, mais aussi au moment des négociations autour de la loi électorale. Aujourd’hui, il cherchent à reproduire ce même scénario au sein du prochain cabinet ». Et de préciser que son parti avait demandé les ministères de la Santé et de l’Agriculture, ainsi qu’un ministère d’État.


(Lire aussi : Entre CPL et FL, rien ne va plus...)


Les sunnites du 8 Mars
Outre les nœuds druze et chrétien, Saad Hariri devrait franchir l’obstacle généré par les députés sunnites ne gravitant pas dans son orbite, qui tiennent à prendre part à son cabinet. Mettant les points sur les i à ce sujet, M. Hariri a déclaré que les parlementaires en question « ne forment pas un bloc unifié ». Une façon pour lui de faire barrage à leur représentation gouvernementale. Il en a, quand même, nommé quelques ministrables. Il s’agit, entre autres, de Nagib Mikati, Fouad Makhzoumi et Oussama Saad.

Mais Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Futur, précise à L’OLJ que Saad Hariri n’a pas de problème à ce que ces députés ministrables soient affiliés, le cas échéant, à la quote-part du président Aoun. « Mais cela ne signifie pas que nous accepterons toutes les propositions. » « Les personnalités choisies ne devraient pas être provocatrices », a conclu à ce sujet Moustapha Allouche.



Lire aussi

Gouvernement : Aoun et Hariri tentent de reprendre le contrôle du processus

Geagea : Pour Bassil, le partenariat signifie qu’il doit œuvrer seul et que nous devons le soutenir

Gouvernement : Hariri passe « à la vitesse supérieure »

Vers un cabinet avant juillet ?

Formation du gouvernement Hariri : après l’optimisme, un nouveau report sine die ?

Rien ne laisse croire que le futur gouvernement verra le jour prochainement. Loin de là. Les nœuds entravant encore la mise sur pied de l’équipe ministérielle n’ont toujours pas été défaits. En dépit de ce constat, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, continue à se monter optimiste… tout en prenant son temps. À l’issue d’un entretien avec le président de la...

commentaires (4)

AVEC TOUT CE QU,ENDURE LE PAYS ET LES CITOYENS LES EGOS SONT TOUJOURS A L,OEUVRE ! ET LES RESPONSABLES DE LA FORMATION DU GOUVERNEMENT S,ENGAGENT DANS LE JEU ET TERGIVERSENT... TOUT EN ATTENDANT LES AIDES (?) DES INVESTISSEURS DE CEDRE ! MESSIEURS, LE PAQUEBOT CHAVIRE... DE GRACE, REVEILLEZ-VOUS ET AGISSEZ EN PATRIOTES... RIEN QUE POUR UNE FOIS !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 41, le 29 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • AVEC TOUT CE QU,ENDURE LE PAYS ET LES CITOYENS LES EGOS SONT TOUJOURS A L,OEUVRE ! ET LES RESPONSABLES DE LA FORMATION DU GOUVERNEMENT S,ENGAGENT DANS LE JEU ET TERGIVERSENT... TOUT EN ATTENDANT LES AIDES (?) DES INVESTISSEURS DE CEDRE ! MESSIEURS, LE PAQUEBOT CHAVIRE... DE GRACE, REVEILLEZ-VOUS ET AGISSEZ EN PATRIOTES... RIEN QUE POUR UNE FOIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 29 juin 2018

  • Le plus affligeant dans ce cirque...c'est de savoir que ceux qui y participent et se chamailllent...c'est pour leur propre intérêt personnel, et qu'à aucun moment ils le font pour le bien et l'avenir du Liban. Leur patrie...?...le dernier de leurs soucis !!! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 31, le 29 juin 2018

  • TERGIVERSATIONS ET COMPROMIS ET OU CONCESSIONS Y VONT DE PLUS BELLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 43, le 29 juin 2018

  • Enfantillages?, Obstacles sérieux à l'exercice démocratiques de l'appareil d'État ? Quoiqu'il en soit, une chose est sûre, ce manquement incombe à l'ensemble des acteurs politiques du Liban! Si à chaque après élections, il doit y avoir une présidence vacante ou une absence prolongée d'un gouvernement, ou encore des invectives entre dirigeants pour le moindre désaccord, alors nous devons se poser cette question: sommes nous vraiment digne pour former une nation, dans ces conditions ? Le retard dans la formation du gouvernement est de la responsabilité de tous.

    Sarkis Serge Tateossian

    07 h 12, le 29 juin 2018

Retour en haut