Rechercher
Rechercher

Liban - Barrage de Balaa

À Tannourine, un rassemblement pour dire non aux carrières

Le jurd de Tannourine.

Les habitants de Tannourine ont organisé hier, comme prévu, un sit-in sur la place du village pour exprimer leur refus catégorique du deal conclu entre la municipalité de la localité et la compagnie Moawad-Eddé, les promoteurs qui réalisent le barrage de Balaa. Cet accord porte sur l’extraction des pierres du jurd (hauteurs) de Tannourine au profit de la construction de ce même barrage. Une semaine plus tôt, un pareil projet qui menaçait le jurd de Akoura avait finalement été écarté grâce à la mobilisation des habitants du village.


Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, Youssef-Rami Fadel, porte-parole du groupe d’opposition contre ce projet, a assuré que « les habitants du village étaient nombreux à participer au sit-in pour élever leur voix contre le projet de carrières qui vise leur montagne ». « Nous n’accepterons pas qu’on touche à notre montagne, et le mouvement d’opposition au projet ne s’arrêtera pas là », souligne-t-il. Selon M. Fadel, ce mouvement est axé sur deux volets : le juridique puisque le projet est, selon lui, contraire à la loi, ne respecte pas le code de l’environnement qui prévoit qu’une étude d’impact sur l’environnement soit effectuée avant d’entamer les travaux, que le village soit informé du projet au préalable et que l’opinion publique soit prise en considération. Toujours selon lui, non seulement le projet n’a pas été étudié au Haut-Conseil national des carrières conformément à la loi, mais son exécution passe par des terrains privés dont les propriétaires n’ont pas été avertis. « Le second volet est la mobilisation sur le terrain, et nous interdirons toute machinerie de poursuivre les travaux de l’ouverture de routes déjà entamés », ajoute-t-il. 


(Lire aussi : Après Akoura, le projet de carrières menace Tannourine...)


Au moment où les protestataires se rassemblaient, M. Fadel et un groupe de personnes se sont entretenus avec le président du conseil municipal, Baha’ Harb. « Le président de la municipalité a tenté de nous convaincre de l’utilité de ce projet et de sa conformité à la loi, mais nous n’avons pas confiance dans les mêmes ministères qui ont défiguré nos plages, échoué à résoudre la crise des déchets, et qui cherchent maintenant à massacrer nos montagnes, martèle-t-il. M. Harb était censé être le garant et le gardien du jurd de Tannourine, et non pas celui qui le vend. » Et de poursuivre : « Nous étions surpris de voir le nombre d’agents de police et de soldats déployés sur la place. Je ne sais pas si ce déploiement s’inscrit dans le cadre des mesures routinières de sécurité ou si c’est en réponse à une demande des parties impliquées dans ce projet. Nous avons également remarqué la présence de nombreux agents des services de renseignements de l’armée, ce qui ne ressemble pas à la nature de notre mouvement. » M. Fadel a finalement précisé que l’entretien avec M. Harb a pris fin sans qu’une décision quelconque ne soit prise, et qu’un comité de coordination entre Akoura et Tannourine pour préserver le jurd des menaces des carrières doit voir le jour bientôt ». 


(Lire aussi : Projet de carrière ? La polémique s’envenime à Akoura...)


De graves irrégularités, selon Boutros Harb
Un communiqué publié par l’ancien député de Batroun, Boutros Harb, qui a pris le parti des protestataires, évoque des irrégularités graves commises dans cette affaire. Il indique en effet que « le ministre de l’Environnement aurait approuvé ce projet le 24 mai 2018 en se basant sur une note datant du 10 mai et faisant état d’une approbation du conseil municipal de Tannourine ». « Or, poursuit-il, le dossier montre que la municipalité n’a avalisé le projet qu’en date du 18 mai, se basant sur l’approbation du ministère qui n’avait pas été donnée à cette date-là, mais le 24 mai, le jour même de la signature du contrat avec la compagnie Moawad-Eddé. Tout cela indique qu’il n’y a jamais eu d’étude d’impact environnemental pour l’extraction de 350 000 mètres cubes de roches. Il s’agit d’un travestissement de la vérité. »
M. Harb a appelé à l’abandon immédiat du projet, le temps d’effectuer une étude d’impact environnemental.



Voir aussi notre dossier spécial
Les carrières, ces plaies indélébiles dans le paysage libanais

Pour mémoire
La politique de l’autruche dans la tragédie des carrières sauvages

Khatib à « L’OLJ » : La réglementation des carrières ne fait pas de doute

Samir Zaatiti, hydrogéologue : Vendre le sable de mer ? Nous allons détruire notre façade maritime...

Journée de l’environnement : de l’action plutôt que du folklore !

Les habitants de Tannourine ont organisé hier, comme prévu, un sit-in sur la place du village pour exprimer leur refus catégorique du deal conclu entre la municipalité de la localité et la compagnie Moawad-Eddé, les promoteurs qui réalisent le barrage de Balaa. Cet accord porte sur l’extraction des pierres du jurd (hauteurs) de Tannourine au profit de la construction de ce même barrage....

commentaires (2)

Allez, citoyens de Tannourine, continuez de vous battre, et montrez aux corrompus de ce pays qu'il y a encore des gens honorables et patriotes ! Si vous tenez bon, vous finirez par gagner et d'autres seront encouragés à suivre votre exemple ! Irène Saïd

Irene Said

09 h 41, le 15 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Allez, citoyens de Tannourine, continuez de vous battre, et montrez aux corrompus de ce pays qu'il y a encore des gens honorables et patriotes ! Si vous tenez bon, vous finirez par gagner et d'autres seront encouragés à suivre votre exemple ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 41, le 15 juin 2018

  • BRAVO AU PEUPLE DE TANNOURINE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 34, le 15 juin 2018

Retour en haut