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L'accord sur le nom de la Macédoine indigne la droite à Athènes et Skopje

L'accord entre Athènes et Skopje pour rebaptiser en Macédoine du Nord l'ex-République yougoslave a indigné les opposants de droite des deux côtés de la frontière mercredi, pesant sur l'issue finale du règlement.

Le compromis a été salué mardi par les deux Premier ministres, le Grec Alexis Tsipras et le Macédonien Zoran Zaev, comme un "accord historique". Levant le verrou grec à un ancrage macédonien dans l'UE et l'Otan, il a suscité des félicitations européennes, de l'OTAN et de l'ONU. Mais dans les deux capitales, les responsables de droite ont affiché leur volonté de faire trébucher l'accord, pas encore officiellement ratifié.  

Le président macédonien proche de l'opposition nationaliste, Gjorge Ivanov, a annoncé qu'il ne le signerait pas. "C'est ma position finale et elle ne changera pas sous la pression", a-t-il affirmé dans un message à la nation. En vertu de la constitution macédonienne, M. Ivanov ne peut opposer son véto qu'une fois à une ratification parlementaire, et ne peut pas contrer le résultat d'un référendum. Mais le temps presse. Il prévoit que le texte soit ratifié à Skopje avant que l'UE et l'Otan ne déverrouille leurs portes, respectivement fin juin et mi-juillet.  


Menace de motion de censure 
Le rival conservateur de M. Tsipras, Kyriakos Mitsotakis, a pour sa part agité la menace d'une motion de censure, qui pourrait être déposée jeudi ou vendredi selon les médias grecs. Il avait dès mardi dénoncé un "mauvais accord", déniant au Premier ministre toute "légitimité" pour engager le pays. Son parti, la Nouvelle-Démocratie, "usera de tous les moyens parlementaires à sa disposition", a annoncé sa porte-parole, Maria Spyraki.  

Réaffirmant leur soutien au règlement prévu, le président du Conseil européen Donald Tusk et le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, ont souhaité dans un communiqué commun mercredi que "cette unique occasion de relancer l'intégration euroatlantique" dans les Balkans "ne soit pas perdue".

M. Ivanov avait déjà affiché sa mauvaise humeur en claquant dans la matinée la porte d'une réunion avec M. Zaev, selon le gouvernement social-démocrate macédonien. Il avait notamment fustigé la révision constitutionnelle imposée par Athènes à Skopje pour que le changement de nom de l'actuelle Ex-République yougoslave de Macédoine (ARYM) s'applique aussi en interne.  

Les deux pays se disputent depuis 27 ans le nom de Macédoine: les Grecs considérant que son usage par les voisins implique des visées territoriales sur leur province du nord homonyme, et une usurpation de leur histoire antique, les Macédoniens campant sur leur droit à garder une appellation datant de la formation en 1944 de leur République au sein de la Yougoslavie.


"Capitulation"
Le chef de l'opposition macédonienne du VMRO-DPMNE de droite nationaliste, Hristijan Mickoski, a lui dénoncé dans une conférence de presse une "trahison des attentes des citoyens", une "capitulation". 
En Macédoine, l'accord doit passer le cap d'un référendum cet automne, et d'un vote au Parlement, à majorité qualifiée, sur la révision constitutionnelle. 

Coté grec, la saisie du Parlement, à la majorité simple, n'est prévue qu'une fois remplies les conditions posées aux voisins. L'accord bénéficie aussi du soutien d'une partie de l'opposition de centre-gauche, pour son potentiel de stabilisation. "La Grèce en a besoin face à la Turquie", relève la politologue Vassiliki Georgiadou. Une motion de censure de la ND pourrait toutefois compliquer la tâche de M. Tsipras au vu des divisions au sein de son gouvernement. Son allié souverainiste, le ministre de la Défense Panos Kammenos, a réaffirmé mardi son opposition au compromis. 
Pour la ND, en tête dans les sondages, le "recul national non acceptable" réside dans "l'acceptation d'une langue et nationalité macédoniennes", forgées chez les voisins depuis un demi-siècle. Les opposants grecs à tout partage du nom de la Macédoine ont de leur côté annoncé de nouvelles manifestations à Athènes, vendredi matin et samedi soir.  

La grogne s'organisait aussi dans la région de Macédoine, foyer de la bronca déclenchée à l'indépendance, en 1991, du pays voisin. Des dizaines de milliers d'opposants au compromis y avaient manifesté en février et début juin. 

L'accord entre Athènes et Skopje pour rebaptiser en Macédoine du Nord l'ex-République yougoslave a indigné les opposants de droite des deux côtés de la frontière mercredi, pesant sur l'issue finale du règlement.
Le compromis a été salué mardi par les deux Premier ministres, le Grec Alexis Tsipras et le Macédonien Zoran Zaev, comme un "accord historique". Levant le verrou grec à un...