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À La Une - Liban

Depuis Ersal, Bassil persiste : Nous ne reviendrons pas sur le retour des réfugiés syriens

"Nous ne demandons pas leur retour immédiat et forcé. Nous réclamons un retour par étapes et sécurisé", a déclaré le ministre sortant des AE, dénonçant les positions de la communauté internationale.

Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil (centre), s'est rendu le 13 juin 2018 à Ersal, village de la Békaa frontalier avec la Syrie, où il s'est réuni avec les comités représentant les réfugiés syriens qui souhaitent revenir dans leurs pays, sur fond de crise entre M. Bassil et le Haut-Commissariat des réfugiés (HCR) sur cette question. Photo Ani

Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a réaffirmé mercredi à Ersal, village frontalier de la Syrie, sa volonté d'organiser un retour par étapes des réfugiés syriens dans leur pays, sur fond de crise avec le Haut-Commissariat des réfugiés (HCR) qui estime un tel retour prématuré.

"Nous sommes venus aujourd'hui à Ersal en raison du conflit qui oppose le Liban à la communauté internationale", a déclaré M. Bassil lors d'une conférence de presse dans les locaux de la municipalité d'Ersal où il s'est réuni avec les comités représentant les réfugiés syriens qui lui ont affirmé leur désir de rentrer dans leurs foyers. "Certains veulent que la crise des réfugiés dure alors que d'autres veulent qu'elle soit rapidement réglée", a-t-il ajouté.

"Nous voulons un retour sûr et digne des réfugiés syriens dans leur pays. Nous ne reviendrons pas sur leur retour", a réaffirmé M. Bassil. "Nous ne demandons pas leur retour immédiat et forcé. Nous réclamons un retour par étapes et sécurisé. Mais le problème, c'est que l'on ne nous autorise pas à débuter, ne serait-ce que la première étape" de ce retour, a-t-il indiqué.

Le chef de la diplomatie libanaise mène campagne contre le HCR, l'accusant d'entraver le retour volontaire de réfugiés syriens dans leur pays. Un groupe de quelque 3.000 réfugiés de Ersal pourrait rentrer dans les prochains jours, à la suite d'un accord entre Beyrouth et Damas.

"La décision du retour des réfugiés syriens leur revient", a déclaré de son côté le président de la municipalité d'Ersal, Ali Hojeiri, assurant que la municipalité adoptait une position de neutralité sur cette question. "Nous respectons leur décision car ils estiment que la situation en Syrie leur permet de rentrer chez eux", a-t-il ajouté.

"Tout ce que nous demandons, c'est que le retour dans notre pays soit assuré", ont de leur côté déclaré des réfugiés syriens selon des propos rapportés par les médias locaux. "Nous remercions tous ceux qui contribuent à notre retour chez nous", ont-ils ajouté.

Le ministre des Affaires étrangères est également revenu sur le dossier des droits de propriété des réfugiés, soulevé par l’adoption par le régime syrien de la loi n° 10 relative à l’expropriation qui, selon certains observateurs, empêche le retour des réfugiés. "J'ai envoyé une lettre sur ce sujet au ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, et il m'a assuré que le droit de propriété en Syrie était protégé par la Constitution", a-t-il déclaré à ce sujet.


(Lire aussi : Bassil persiste et signe face au HCR, Hariri joue les pompiers)


Crise avec le HCR
La visite de M. Bassil intervient à la suite de la remise d'un rapport d'une délégation du ministère des AE qui s'était rendue à Ersal, et qui a accusé le HCR de "ne pas encourager pas les déplacés à rentrer chez eux, et va jusqu'à les intimider en leur posant des questions qui les poussent à craindre de retourner dans leur pays, notamment en mentionnant le service militaire, la situation sécuritaire, l'état du logement, l'arrêt des aides onusiennes, ainsi que d'autres questions dissuasives".

Vendredi dernier, le chef de la diplomatie libanaise avait pris la décision de bloquer des demandes de permis de séjour des employés internationaux du HCR. Lundi, le ministère des Affaires étrangères avait envoyé une notification formelle à la représentante du HCR au Liban, Mireille Girard, concernant le gel des permis du personnel international. Le HCR, qui estime qu'un retour en masse des réfugiés est prématuré avant une solution politique en Syrie, a demandé au ministère des Affaires étrangères de revenir sur cette décision.

De son côté, le Premier ministre, Saad Hariri, qui cherche vraisemblablement à éviter une confrontation directe autant avec M. Bassil qu’avec l’ONU, s’est contenté de réaffirmer la volonté du Liban officiel de maintenir ses bonnes relations avec la communauté internationale.

Le retour des réfugiés de Ersal aurait dû avoir lieu samedi dernier. Selon certains observateurs qui suivent de près le dossier, il a été reporté suite aux remous créés par le bras de fer entre M. Bassil et le HCR. Pour d’autres, il serait dû au fait que le régime syrien, qui coordonne ce dossier depuis plusieurs semaines avec la Sûreté générale, n’a pas encore donné son accord sur la liste des noms des personnes concernées.

Le Liban accueille près de 1,5 million de réfugiés syriens, dont 1 million inscrits auprès du HCR. Ils ont fui la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Les responsables libanais, notamment le président de la République, Michel Aoun, et le chef de la diplomatie, appellent depuis plusieurs mois à organiser le retour vers des zones sûres en Syrie de plus d'un million de réfugiés, l'équivalent du quart de la population libanaise.



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commentaires (4)

RIEN QUE DES FANFARONNADES !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 01, le 14 juin 2018

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Commentaires (4)

  • RIEN QUE DES FANFARONNADES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 01, le 14 juin 2018

  • "Un retour sécurisé", c'est bien ce que tout le monde réclame, à commencer par les intéressés, et y compris le HCR. Mais les réfugiés sont en droit de se poser deux questions: - retrouveront ils une maison debout et pas confisquée par l'Etat? - Ne seront-ils pas jetés en prison aussitôt la frontière franchie?

    Yves Prevost

    14 h 51, le 13 juin 2018

  • " il serait dû au fait que le régime syrien, qui coordonne ce dossier depuis plusieurs semaines avec la Sûreté générale, n’a pas encore donné son accord sur la liste des noms des personnes concernées." On blâme donc le HCR pour les actions du régime au pouvoir en Syrie!?? S'ils sont tous des syriens réfugiés, il leur faut aussi un accord pour rentrer? La réponse viendra après les délais de la loi 10?? GB devrait voir les faits clairement plutôt que de jouer au Trump Made in Batroun

    Wlek Sanferlou

    13 h 52, le 13 juin 2018

  • Voilà ce qu'on appelle un état fort dirigé par des Hommes forts . Carry on ! Ton futur destin en dépend.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 54, le 13 juin 2018

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