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Lifestyle - Un peu plus

Partir un jour

Photo DR

Il y a des départs nécessaires. Des départs voulus. Utiles et salvateurs. Il y a un pays qu’on quitte, une maison qu’on abandonne, un homme ou une femme qu’on laisse derrière. Il y a ces amitiés dont on se déleste, ce boulot dont on démissionne. Ces départs-là sont un envol. Une façon de tourner la page, de clore un chapitre, de terminer le livre. De le déposer dans sa bibliothèque ou de le jeter au feu, et de noircir de nouvelles feuilles blanches.
Chaque départ en entraîne un autre. Un peu comme cette masba7a wou karrit. Dans un pays que l’on quitte, on garde des souvenirs, une possibilité de retour, des retrouvailles ponctuelles avec des lieux, des gens. Dans une maison que l’on abandonne, on laisse beaucoup. On y laisse nos souvenirs mais des affaires superflues, une chaise cassée, un tableau qu’on n’aimait pas, un vieux tourne-disque qui ne fonctionne plus et des vinyles rayés, des cartes postales d’un autre temps, des chiffons élimés, le pied d’une lampe rouillée, une ancienne décoration de Noël, un berceau en mauvais état. Mais on y laisse aussi et surtout un pan de notre vie. Une période courte, une belle époque, un mariage raté, des ruptures, des histoires d’amour avortées, des amitiés qui n’en étaient finalement pas. Et quand la porte se ferme définitivement avec le dernier déménageur venu embarquer les climatiseurs, on sait qu’on ne reviendra pas. Sauf peut-être en rêve. On reverra dans nos songes certaines de nos beuveries, de nos nuits d’amour. On reverra les premiers pas de son cadet, les a3det sur canapé avec son épouse, la marmite de ma2loubé qui prend feu, l’inondation de la salle de bains et ces soirées éclairées par la lumière des bougies.
Mais on n’y reviendra pas. Et cela nous rendra nostalgique, mélancolique ou heureux. En fonction des raisons d’un départ. Et puis, on ira s’installer ailleurs. Dans un nouvel espace qu’il faudra apprivoiser. Où il faudra s’acclimater entre deux cartons, un sellom où trône le lustre que l’on n’a toujours pas suspendu, et les livres qui jonchent le sol. Des livres qu’on a lus et qu’on emporte avec nous, à l’instar de ces albums photos du temps où l’on imprimait encore nos instantanés. On essaye de prendre ses marques dans cette chambre où le lit est devenu soudain trop petit, dans ce salon immense où il manque un canapé et où les murs sont encore trop blancs, pas assez patinés par les traces de mains des enfants. On ouvre les cartons où on avait jeté en vrac le contenu des tiroirs de la console de l’office et on tombe sur des tas de choses, essentielles et totalement inutiles. Un trombone cassé, une photo passeport délavée, un vieux passeport d’ailleurs, expiré depuis 11 ans. On ramasse les souvenirs à la pelle et on les égrène.
On se perd en pensant que la salle de bains est à gauche, la cuisine au fond du couloir. On s’habitue doucement au quartier, aux commerçants. On en connaît certains et ce n’est pas comme si on était partis de l’autre côté de l’Atlantique. Et puis, petit à petit, on fait notre nid. La maison se remplit de nouveaux souvenirs, de nouvelles énergies. Les anciennes, les mauvaises, on les a laissées au passé. Exactement là où elles devraient être. Ces mauvaises vibes toxiques liées aux mauvaises personnes qui ont pénétré notre précédent appartement. Il n’y aura plus de souvenirs avec ces gens-là, et c’est mieux comme ça.
Déménager, emménager, c’est insuffler du nouveau dans sa vie. C’est faire table rase de beaucoup de choses. C’est avoir assez de souffle pour tout envoyer valser. Pour recommencer, pas à zéro mais au deuxième étage. C’est se donner une chance de repriser les trous qui avaient pris trop de place. C’est un nouveau départ. Il faut parfois savoir se décharger. Ne pas emmagasiner, ne pas entasser. Il faut savoir jeter, au feu ou aux oubliettes. Savoir changer d’air pour mieux respirer. Savoir partir, quand il est encore temps.

Il y a des départs nécessaires. Des départs voulus. Utiles et salvateurs. Il y a un pays qu’on quitte, une maison qu’on abandonne, un homme ou une femme qu’on laisse derrière. Il y a ces amitiés dont on se déleste, ce boulot dont on démissionne. Ces départs-là sont un envol. Une façon de tourner la page, de clore un chapitre, de terminer le livre. De le déposer dans sa...

commentaires (5)

Certains ont la chance d'effectuer des départs volontaires & réfléchis. Malgré de longues préparations il reste difficile de tourner la page d'une existence. Mais quoi dire de ceux qui partent à l’improviste, sans préparation, sous la menace de la mort, de la pauvreté, de la guerre et j'en passe, en laissant derrières eux les proches et les objets, ceux-là, ils n'ont pas de pages à tourner car leurs passées s'accrochent à leurs souvenirs éternellement. Si un départ volontaire est difficile priez pour ne pas en subir un involontaire. Cordialement,

Shou fi

09 h 17, le 10 juin 2018

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Commentaires (5)

  • Certains ont la chance d'effectuer des départs volontaires & réfléchis. Malgré de longues préparations il reste difficile de tourner la page d'une existence. Mais quoi dire de ceux qui partent à l’improviste, sans préparation, sous la menace de la mort, de la pauvreté, de la guerre et j'en passe, en laissant derrières eux les proches et les objets, ceux-là, ils n'ont pas de pages à tourner car leurs passées s'accrochent à leurs souvenirs éternellement. Si un départ volontaire est difficile priez pour ne pas en subir un involontaire. Cordialement,

    Shou fi

    09 h 17, le 10 juin 2018

  • Un nouveau depart, certes, mais qui entraine trop souvent avec lui des souvenirs indelebiles....

    Carine Massoud

    12 h 14, le 09 juin 2018

  • LE PLUS IMPORTANT DANS LES DEPARTS C,EST QU,ON LAISSE DERRIERE SOI SON AME ! LE CORPS S,EN VA... L,AME RESTE TOUJOURS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 13, le 09 juin 2018

  • "Partir un jour", 9/3/1936 par Tino Rossi Paroles Robert Chamfleury - Musique Henry Hummel Partir un jour Laisser ici ses peines d'amour Pour voguer vers un lointain séjour Comme en un rêve Partir un jour Sur un bateau voguant sans retour Qui reprendrait sa course toujours Vers d'autres grèves Partir un jour Laisser ici ses peines d'amour Pour voguer vers un lointain séjour D'oubli et pour toujours. (Chahine Bouez - Club Tino Rossi - Paris

    Un Libanais

    10 h 53, le 09 juin 2018

  • notre histoire a tous depuis que les phoeniciens ont mouillé leur pieds dans les eaux de la méditéranée jusqu'au tout derniers immigrés partis cet matin! c'est si vrai...

    Wlek Sanferlou

    02 h 10, le 09 juin 2018

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