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À La Une - Turquie

Le difficile défi d'une rivale d'Erdogan au passé encombrant

 Meral Aksener fait figure de candidate sérieuse huit mois seulement après la création de son parti.

Seule femme à défier le président Recep Tayyip Erdogan à la présidentielle de juin, la nationaliste Meral Aksener fait figure de candidate sérieuse huit mois seulement après la création de son parti mais doit livrer un rude combat pour rallier l'opposition autour d'elle. AFP / ADEM ALTAN

Seule femme à défier le président Recep Tayyip Erdogan à la présidentielle de juin, la nationaliste Meral Aksener fait figure de candidate sérieuse huit mois seulement après la création de son parti mais doit livrer un rude combat pour rallier l'opposition autour d'elle.

Première femme à se porter candidate pour une élection présidentielle en Turquie, Mme Aksener a fait sécession du Parti d'action nationaliste (MHP), qui a dominé la scène nationaliste turque pendant près d'un demi-siècle, pour créer le Iyi ("Bon") Parti en octobre 2017.

Au moment où le MHP a formé une alliance avec M. Erdogan pour les élections présidentielle et législatives du 24 juin, Mme Aksener s'est positionnée comme opposante directe de chef de l'Etat turc.

La création de son parti a secoué le paysage politique turc. L'importance de l'électorat nationaliste en Turquie a fait dire à de nombreux analystes que Mme Aksener avait une chance réelle d'inquiéter M. Erdogan.  Mais du fait d'un temps d'antenne extrêmement réduit, Mme Aksener peine à rallier les soutiens, surtout face au candidat du principal parti d'opposition CHP, Muharrem Ince, qui semble, lui, monter en puissance.

De plus, sa réputation de nationaliste pure et dure et son passé en tant que ministre de l'Intérieur dans les années 1990 réduisent ses chances de réaliser une percée au sein de la minorité kurde qui représente environ un cinquième de l'électorat. "En examinant l'arithmétique de l'élection, le plus probable est qu'Ince arrive deuxième (après Erdogan) et qu'Aksener soit derrière lui", estime Fuat Keyman, directeur du centre de réflexion Istanbul Policy Center.

Si aucun candidat ne remporte plus de 50% des voix au premier tour, un second tour sera organisé le 8 juillet. Or M. Ince semble mieux placé que Mme Aksener pour atteindre un éventuel second tour, souligne Ödül Celep, professeur associé de Sciences politiques à l'université Isik d'Istanbul.

Il affirme que Muharrem Ince est capable à la fois de "consolider la base du parti mais aussi de rallier plus d'électeurs non-partisans, indépendants ou indécis".


(Pour mémoire : Quatre partis d’opposition déterminés contre Erdogan)


"Remède"

Mme Aksener, 61 ans, se définit comme une nationaliste "avec un côté conservateur" et religieux, mais rejette les comparaisons avec Marine Le Pen, présidente du Front national, parti d'extrême droite français. Elle peine notamment à exposer un projet clair envers les plus de 3,5 millions de réfugiés syriens dont la présence en Turquie suscite des tensions croissantes.

Elle a ainsi été attaquée pour avoir déclaré qu'elle partagerait un iftar --repas de rupture du jeûne du ramadan-- avec les Syriens dans leur pays l'année prochaine. Elle s'est ensuite expliquée, affirmant n'avoir jamais fait de déclaration visant à "jeter (les réfugiés) dehors".

Mme Aksener a par ailleurs fait une série de promesses visant à défaire les mesures controversées imposées sous M. Erdogan, comme la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch manqué de juillet 2016 et l'abandon du système présidentiel qui doit entrer en vigueur après les élections. "Elle se présente comme le remède aux maux de la Turquie d'aujourd'hui et concentre sa campagne sur la bonne gouvernance, la justice et la responsabilité", explique à l'AFP Anthony Skinner, du cabinet international Verisk Maplecroft.

Selon M. Celep, Mme Aksener a des qualités qui en font une "combinaison unique", urbaine, laïque, éduquée avec des racines fermement ancrées à la droite du spectre politique turc.


(Lire aussi : En Turquie, un tribun de gauche veut mettre fin aux défaites de l'opposition)


Vote kurde

Son plus grand défi sera de convaincre les Kurdes, qui ont encore à l'esprit son passage au gouvernement en 1996-1997 pendant les années les plus meurtrières pour la rébellion kurde dans le sud-est du pays.

Dans une tentative de rallier leur vote, Mme Aksener a déclaré que le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, emprisonné depuis novembre 2016, devrait être libéré pour faire campagne. "Comment la Turquie peut-elle justifier une telle concurrence injuste?", a-t-elle demandé.

"Je veux dire aujourd'hui qu'à commencer par moi-même, aucun Kurde ne votera pour Mme Aksener", a néanmoins répliqué la co-présidente du HDP, Pervin Buldan, citée par le site d'information Gazete Duvar.

Pour le PDG de l'institut de sondages Metropoll, Özer Sencar, Mme Aksener doit faire face à une "perception négative" parmi les Kurdes et certains électeurs de gauche. Son potentiel électoral pourrait être "affecté par son passé de ministre et le fait que c'est une nationaliste turque", estime-t-il.


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