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Culture - EXPOSITION

L’univers hybride, boiteux et drôle d’Ahmad Badry

Les dessins et sculptures de l’artiste égyptien concilient humour, anecdotes et art, par le biais d’objets usuels dysfonctionnels, rafistolés sans état d’âme pour être mis, cahin-caha, sur pied d’usage...

Cafetière de la série « Le provisoire qui dure », d’Ahmad Badry à la galerie Letitia.

Premier solo d’Ahmad Badry à la galerie Letitia, flambant neuf et donnant pignon sur une rue passante de Hamra, où l’artiste égyptien présente 54 dessins sur papier de carbone et quelques sculptures plastifiées et en papier carbone, en grandes dimensions.
Monde étrange, un peu froid et crayeux à travers des dessins attestant de la vie nouvelle d’objets usuels dévoyés et rendus à une destinée insoupçonnée et un parcours (transitoire ou à longue durée, allez savoir !) hors norme. Comme des épures de dessins industriels, simples, silencieux et sans sophistication, avec un trait clair et net. On regarde avec amusement une effarante faute d’architecture initiale avec ces escaliers qui finissent en cul de sac, sans même aboutir à une porte fermée... Et que l’astuce humaine, par un subterfuge d’invention, rend moins hallucinants ou surréalistes ! Étonnement aussi devant ce bric-à-brac de grenier, où le quotidien et ses impératifs l’emportent sur une mort subite ou inattendue : une chaise au pied cassé flanquée d’un support de pacotille, parfaitement fonctionnelle (même si elle est disgracieuse...), des ciseaux à utiliser en clef dans une serrure, un cintre pour chemise ou pantalon transformé en lampadaire, une cafetière réchauffée sur (et par) la surface lisse d’un fer à repasser, une bouteille en plastique pour réservoir de robinet en panne, un casque écouteur bidouillé, mais audible, un ouvre-boîte connecté à une perceuse à batterie, une montre de mur aux chiffres gommés d’heures écrits à la main, à même le mur…
Et ainsi s’égrène un chapelet d’images d’objets journaliers paradoxalement réunis et rassemblés pour un nouveau départ d’ustensiles en panne, frappés du malheur d’une cassure, d’une brisure impromptue… Les objets de tous crins, intelligemment connectés, en course de solidarité pour une fonctionnalité perdue.
À ces dessins, s’ajoutent les colossales sculptures blanches, véritables installations dans un espace dégagé et lumineux. Si les deux pans du plateau mural cassé accroché au mur, grossièrement réunis par des sparadraps, est un peu déjà vu, on reste plus pantois devant cette cafetière italienne qui chauffe sur l’aplat d’un fer à repasser aussi grand que l’espace plane d’une table… Et l’ensemble compose un saisissant objet design ! Une curiosité que ces dessins et sculptures : ils renvoient à un univers familier, mais déroutant dans cet emploi inattendu qu’on croise pourtant dans un besoin urgent d’expédier le quotidien en combinant deux objets pour l’émergence d’une fonction suspendue.
L’imagination est mère de toute invention. Une lapalissade qui sert bien la cause de cette exposition mêlant témoignage social du comportement humain, dextérité technique (surtout pour les sculptures) et subtilité de propos pour un art direct de dessins basiques aux confins des schémas industriels.

Galerie Letitia
(tour de Saroulla)
« Portmanteau », d’Ahmad Badry se prolonge jusqu’au 16 juin 2018.Tél : 01/353222

Premier solo d’Ahmad Badry à la galerie Letitia, flambant neuf et donnant pignon sur une rue passante de Hamra, où l’artiste égyptien présente 54 dessins sur papier de carbone et quelques sculptures plastifiées et en papier carbone, en grandes dimensions.Monde étrange, un peu froid et crayeux à travers des dessins attestant de la vie nouvelle d’objets usuels dévoyés et rendus à...

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