Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Le Pakistan normalise le statut de ses zones tribales

Le parlement pakistanais a adopté jeudi une loi visant à ramener les zones tribales instables du nord-ouest du pays dans le giron des institutions et lois fédérales, mettant fin à une exception remontant à l'ère coloniale britannique.

L'assemblée nationale pakistanaise a validé à une large majorité un amendement constitutionnel très attendu en ce sens (229 voix pour, une contre et 10 abstentions selon les médias d'Etat). Avant d'entrer en vigueur, le texte doit encore être approuvé par le sénat et être signé par le président du pays mais ces étapes sont considérées comme des formalités étant donné le fort soutien dont il bénéficie.

Les "zones tribales administrées fédéralement" (FATA) n'ont actuellement pas le statut de province et sont régies par un système légal spécifique de "semi-autonomie" hérité de la colonisation britannique.
Frontalières de l'Afghanistan et éloignées du pouvoir central d'Islamabad, elles figurent parmi les plus pauvres et les plus instables du pays, et ont longtemps été déstabilisées par les combats entre l'armée et les groupes islamistes armés.
L'amendement passé jeudi va officiellement fusionner les FATA dans la province voisine de Khyber Pakhtunkhwa. 

"Aujourd'hui, cette assemblée a approuvé une loi historique, qui aura des effets très positifs pour le Pakistan. Je remercie l'opposition pour son soutien", a déclaré le Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi aux députés après le vote.
"La fusion est d'une extrême importance et urgence", a déclaré à l'AFP l'homme politique et opposant Imran Khan. "La guerre a dévasté les zones tribales. A un moment donné, la moitié de la population des zones tribales était déplacée".
Faute de fusion, "les mêmes activités terroristes pourraient reprendre", estime-t-il.

"Nobles sauvages" 
Frontalière de l'Afghanistan, cette région où talibans et Al-Qaïda ont longtemps opéré en toute impunité, était devenue l'un des enjeux dans la guerre contre le terrorisme dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Les Etats-Unis accusent fréquemment le Pakistan de tolérer la présence de sanctuaires d'insurgés dans ces territoires, ce qu'Islamabad dément.

Les habitants des FATA se plaignent pour leur part d'être marginalisés par Islamabad, à qui revient la responsabilité de nommer des administrateurs aux pouvoirs exorbitants, dont celui de punir collectivement des clans entiers pour les crimes d'un seul membre. 
"Les zones tribales du Pakistan ont longtemps été négligées. Le gouvernement a pris cette décision très tard", a déclaré à l'AFP Rahimullah Yusufzai, un analyste expert de la région.

L'application de l'amendement pourrait prendre encore des mois, le Pakistan s'apprêtant à aller aux urnes pour des élections législatives, ce qui renverrait le dossier aux mains du futur gouvernement, souligne-t-il.
L'annonce n'en a pas moins été saluée avec joie dans les zones concernées.
"C'est une journée historique, je suis au-delà du bonheur", a déclaré à l'AFP Malik Zarnoor Afridi, un habitant du district de Khyber.
Les FATA "recevront une éducation et des soins de qualité, des routes, de l'électricité, du gaz et des opportunités économiques", s'est réjoui Samiullah Jan, qui vit au Sud Waziristan.

Certains groupes minoritaires locaux s'opposent toutefois à la fusion et revendiquent la création d'une province à part.
Les sept districts tribaux, Bajaur, Khyber, Kurram, Mohmand, le Nord Waziristan, Orakzaï et le Sud Waziristan, comptent environ 5 millions d'habitants, en large majorité membres de l'ethnie pachtoune.

Les "hommes des tribus", ont longtemps été caricaturés par les colons britanniques comme de "nobles sauvages" -- et cette perception reste répandue parmi l'élite pakistanaise.

Le vote intervient alors qu'un vaste mouvement de défense des droits des Pachtounes a émergé au début de l'année, qui accuse la puissante armée pakistanaise d'opprimer les siens et de soutenir certains groupes extrémistes.    

Le parlement pakistanais a adopté jeudi une loi visant à ramener les zones tribales instables du nord-ouest du pays dans le giron des institutions et lois fédérales, mettant fin à une exception remontant à l'ère coloniale britannique.L'assemblée nationale pakistanaise a validé à une large majorité un amendement constitutionnel très attendu en ce sens (229 voix pour, une contre et 10...