C’est désormais connu, la fanfaronnade est une marque déposée des chefs politiques libanais, avec leur façon péremptoire d’annoncer des victoires virtuelles en prenant leurs partisans pour des abrutis patentés, transis et frémissants devant chacune de leurs saillies. Certes, ils le font avec majesté, tout en s’efforçant de ne pas céder à l’envie d’en fusiller certains s’ils osaient les contredire. Le cliché est usé jusqu’à la ficelle : il suffit de transformer une raclée en victoire.
De fait, les Libanais ont eu droit à une série de numéros de vantardise donnant à croire que le chef tient solidement la barre. Tel l’ex-Barbichu qui, s’il a pris du galon en gagnant une barbe complète, n’en a pas moins dégusté une gamelle dans les grandes largeurs au cours du dernier barnum électoral. Même amputé du tiers de ses pendentifs parlementaires, il ne s’est pas gêné pour plastronner devant sa claque en lui faisant gober des couleuvres bien charnues, fraîchement sorties de sa besace. Politicien, c’est un métier !
À l’autre bout du tableau, on a eu droit au patron du Parti barbu. Chez lui, c’est devenu une telle manie de s’inviter dans les salons en multipliant les coucous télévisés, que désormais on peut même l’écouter en branchant une machine à café. Évidemment, il a promis un chien de sa chienne aux Hébreux, chanté les louanges des tireurs de missiles à partir du Golan… et zappé pudiquement la dérouillée mémorable que se sont pris les spadassins iraniens et leurs installations en Syrie. La politique est l’art de l’adaptation!
Troisième rigolo, le Basileus, alias « Beau-Papa m’a dit ». Lui n’a quasiment rien perdu de ses accessoires au Parlement. Mais qu’à cela ne tienne, ça lui laisse les coudées franches pour parader torse au vent en déversant sa bronca sur la communauté internationale, accusée de vouloir transformer le greffon syrien au Liban en greffe durable. Sauf que le fringant ministre ne précise pas comment il compte renvoyer chez eux les réfugiés, puisque le Tyranneau de Damas les a littéralement déculottés en faisant main basse sur leurs propriétés.
Ainsi va la bananeraie locale, de bravades en rodomontades et de verbiage en hâblerie. Nous sommes tous dans le caniveau et il se trouve encore des encéphalogrammes plats que cette virgule ingouvernable accrochée au Levant fait frémir…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Chapeau pour cette belle fresque de notre grande mascarade tribale . M.Gaby on ne peut que vous applaudir .
Antoine Sabbagha
23 h 16, le 18 mai 2018