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Moyen Orient et Monde - Conflit

Le Hamas toujours en quête de légitimité politique à Gaza

Le mouvement palestinien radical est en pourparlers avec Le Caire sur la situation dans le territoire sous blocus.

Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyé (au centre), à Gaza City le 15 mai. Thomas Coex/AFP

Suite à la répression sanglante israélienne, lundi, contre des manifestants palestiniens à la bordure de Gaza, le Hamas cherche à récupérer la « Marche du retour », organisée par des associations composées de membres issus de la société civile pour le 70e anniversaire de la Nakba. Mercredi, un responsable du Hamas a annoncé que la majorité des manifestants morts suite aux tirs israéliens à la bordure de Gaza lundi, lors d’une manifestation de protestation contre l’inauguration, le même jour, de l’ambassade américaine à Jérusalem, étaient membres du Hamas. « Cinquante des martyrs (des morts) étaient du Hamas, et douze faisaient partie du reste de la population », a déclaré Salah el-Bardawil. « Comment le Hamas pourrait-il récolter les fruits (du mouvement) alors qu’il a payé un prix aussi élevé », s’est-il interrogé. Des chiffres qui ont été ensuite confirmés par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Ces déclarations peuvent toutefois profiter au mouvement radical palestinien qui tente de retrouver une légitimité politique alors que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est fait discret ces derniers jours. M. Abbas, qui était hospitalisé cette semaine, a condamné le « massacre » perpétré par les Israéliens contre les Palestiniens à Gaza et s’est entretenu avec différents dirigeants occidentaux mardi. Mais son influence au sein de l’AP est remise en question depuis plusieurs mois alors que la rumeur enfle quant à l’identité de son possible successeur, le nom de son adversaire, Mohammad Dahlan, revenant souvent. Une situation qui permet au Hamas de se repositionner sur la scène politique palestinienne pour encore mieux mobiliser sa base.


(Lire aussi : V- La cause palestinienne mobilise-t-elle encore les jeunes ?)


Un chef militaire du Hamas à Gaza, Yehya el-Sinwar, a insisté dans une interview accordée à al-Jazeera mercredi que le mouvement a choisi les méthodes « superbes et civilisées » en laissant de côté l’habit militaire pour se joindre aux manifestations. Il a précisé que le mouvement aurait pu « faire pleuvoir des milliers de missiles » sur les villes israéliennes s’il l’avait voulu.
Le soutien du mouvement aux protestations palestiniennes « n’est pas ce qui va redonner une légitimité au Hamas à Gaza », estime toutefois Leïla Seurat, chercheuse associée au Centre de recherches internationales (CERI) et spécialiste du mouvement radical palestinien, interrogée par L’Orient-Le Jour.Les propos de M. Sinwar permettent tout de même à l’organisation de mettre de côté, temporairement, les critiques quant à sa gestion de Gaza. L’enclave se trouve dans une situation catastrophique, sujette à un blocus par Israël et l’Égypte depuis que le mouvement radical palestinien, considéré comme terroriste par la communauté internationale, en a pris le contrôle en 2007. Une situation qui a poussé le Hamas à passer un accord de réconciliation en octobre avec son frère ennemi, le Fateh, dont est issu M. Abbas, pour lui transférer le contrôle de l’enclave. Mais une tentative d’assassinat non revendiquée contre le Premier ministre de l’AP, Rami Hamdallah, en mars dernier, est venue enterrer l’accord. M. Abbas avait en effet directement pointé du doigt le Hamas. Les habitants de ce territoire palestinien sont les premiers à subir les conséquences de ce blocus : pénuries d’eau et d’électricité, prix exorbitants des aliments de base, manque de moyens sanitaires ou encore taux de chômage qui dépasse les 40 %. Les déplacements des Gazaouis sont également très limités alors que l’État hébreu et l’Égypte n’ouvrent que ponctuellement les points de passage et appliquent des quotas stricts sur le nombre de personnes autorisées à traverser leurs frontières.


(Lire aussi : La Ligue arabe réclame une enquête internationale sur les "crimes" israéliens)



« Assouplir le blocus à Gaza »
À cet égard, des pourparlers ont été entamés entre le Hamas et Le Caire depuis dimanche, à la veille des manifestations coïncidant avec le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem. La situation diplomatique est délicate, contrebalancée dans le même temps par les actions militaires de l’État hébreu et du Hamas. Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’aviation israélienne a frappé sept cibles du mouvement islamiste dans le nord de la bande de Gaza, suite à des tirs de mitrailleuses ayant atteint des maisons à Sderot, en Israël, où aucune victime n’a été signalée, selon un communiqué de l’armée israélienne.


(Lire aussi : Acculés, les islamistes du Hamas rangent pour le moment les armes)


Mais le Hamas ne semble pas vouloir d’une escalade militaire avec l’État hébreu alors que « personne ne veut d’une guerre », estime Mme Seurat. « L’objectif pour le Hamas sur le court terme est d’assouplir le blocus sur Gaza », précise-t-elle. Différentes options ont été proposées par les Égyptiens, dont l’allègement des sanctions économiques et des restrictions égyptiennes au point de passage de Rafah en échange de l’annulation des manifestations lundi. Elle a été refusée par Ismaïl Haniyé, le chef du bureau politique du Hamas. La frontière entre Gaza et l’Égypte a été rouverte samedi pour quatre jours.

Le Caire multiplie les efforts alors que le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, a assuré mercredi soir qu’il était « en contact » avec les Palestiniens et les Israéliens au sujet de la situation à Gaza. Selon le Haaretz, le point de passage de Rafah est resté ouvert et Israël a rouvert le point de passage de Kerem Shalom pour permettre l’entrée de marchandises à Gaza. Des éléments qui pourraient annoncer une détente alors que M. Sinwar a insisté sur al-Jazeera que « si le blocus continue, le Hamas n’hésitera pas à recourir à la résistance militaire ».


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LES ORDRES VIENNENT AU HAMAS D'IRAN.

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10 h 26, le 18 mai 2018

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  • LES ORDRES VIENNENT AU HAMAS D'IRAN.

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