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Liban - Conférence sur « la fin de vie »

Jean Leonetti : La médecine palliative et la médecine curative, deux stratégies qui se complètent

De gauche à droite : Mgr Issam Darwiche, les docteurs Élie Abboud, Jean Leonetti et Antoine Maalouf, et notre confrère Karim Gemayel.

Dans le cadre du cycle de conférences « Les samedis du Levant », la Clinique du Levant (CDL), en partenariat avec L’Orient-Le Jour, a organisé une conférence placée sous le thème « Fin de vie : droit ou devoir », donnée par l’ancien ministre français chargé des Affaires étrangères et européennes, le cardiologue Jean Leonetti.

Dans son mot de bienvenue, le Dr Antoine Maalouf, président-directeur général de la CDL (jumelée avec le CHU de Montpellier), s’est dit honoré de recevoir le professeur Leonetti au sein de son hôpital : « Je connais vos travaux, votre implication louable au niveau de l’accompagnement des malades en fin de vie. Vous êtes connu pour avoir donné votre nom à la loi (Leonetti) de 2005, relative aux droits des malades et à la fin de vie, pour avoir sorti la mort de son tabou et de son enfermement médical, afin de l’intégrer dans une réflexion humaine. Pour nous, soignants, médecins, accompagner quelqu’un en fin de vie n’est pas chose facile. Il ne s’agit pas de se mettre devant lui ni derrière, ni même à sa place. C’est juste être à côté de lui… »

De son côté, Mgr Issam Darwiche a insisté sur « l’accompagnement spirituel et religieux qui constitue une des missions fondamentales des aumôniers ». « En soins palliatifs, a-t-il souligné, l’approche de la mort est source d’angoisse et de questionnements sur la fin de vie, sur l’euthanasie. L’enseignement de l’Église est clair : nul n’a le droit de mettre fin à une vie. Toutefois, elle permet aux médecins le débranchement des appareils qui maintiennent la vie artificiellement, pour laisser le malade mourir paisiblement. »

Pour sa part, l’ancien député franco-libanais de l’Hérault, le Dr Élie Abboud, initiateur de cette conférence, a résumé l’immense travail accompli par l’ancien ministre Leonetti au niveau de la fin de vie : « Tu as su concilier l’inconciliable : moralité et légalité, progrès techniques et valeurs éthiques… Ton secret, c’est en imposer, sans avoir à imposer. Voilà ce qu’on appelle la sagesse. »


(Pour mémoire : La France rouvre à pas feutrés le débat sensible sur l'euthanasie)


Progrès médical et problèmes techniques
Prenant la parole, le professeur Jean Leonetti a mis l’accent sur le « progrès et la recherche médicale qui ont toujours suscité chez l’homme un mélange de crainte et d’espérance ». « Espoir légitime avec la longévité qui dépasse aujourd’hui les 80 ans et la guérison de certaines maladies jadis mortelles. Mais cette performance technique et scientifique devient une arme à double tranchant. Parfois, on va très loin, quand on veut prolonger la vie dans des situations de souffrance, de complexité insupportable pour le patient, son entourage et parfois même le corps médical », a-t-il expliqué. 

Au moment où on pourrait rêver que la mort disparaisse, faut-il craindre un tel progrès pour l’humanité et y fixer des limites ? « C’est la problématique de l’acharnement thérapeutique, a rappelé sur ce plan le professeur Leonetti. Dans le conflit de valeurs, il s’agit de la mise en tension d’une éthique de l’autonomie du malade en fin de vie, qui fait référence à la liberté individuelle, du droit de décider de son corps, de choisir de refuser un traitement salvateur, ou une prolongation de la souffrance face à une éthique de vulnérabilité qui impose les règles protectrices de la personne humaine, même contre sa volonté ».

« La médecine doit être au service du malade et de la souffrance avant de répondre au désir de performance, a insisté l’ancien ministre. Elle a d’abord pour mission de défendre la vie et sa qualité. Triomphante puisqu’elle guérit et sauve, il faut toutefois qu’elle accepte ses limites et la mort, qu’elle soulage et respecte dans chaque personne son autonomie, sa vulnérabilité, garantes de sa dignité. D’où l’importance de la médecine palliative quand la curative s’avère impuissante. Deux stratégies qui se complètent et s’associent. Les soins palliatifs se développent de plus en plus en se basant sur trois fondements : on n’abandonne pas un malade inéluctablement condamné à la mort, on lui épargne la souffrance et le prolongement anormal de sa vie dans cette condition. On améliore surtout sa qualité de vie, dans la dignité, l’altérité et la fraternité. » À la question de savoir si les soins palliatifs sont bien implantés en France, le professeur Leonetti a expliqué qu’en France, ce système a encore du chemin à faire. « Il faut absolument sensibiliser la société, affirme-t-il. Le passage d’une stratégie curative à une autre palliative doit imprégner les équipes pluridisciplinaires : soignants, corps médical, psychologues, religieux… Or le corps médical est réticent. Médecins et malades pensent souvent qu’opter pour les soins palliatifs, c’est aller à la dernière demeure. Il est crucial de changer cet état d’esprit sur la fin proche, de briser le silence du tabou de la mort, d’en discuter dans un contexte de vérité, non de déni. L’homme étant le seul “animal” qui sait qu’il va mourir, lui seul peut demander la mort. Une demande qui n’est autre qu’un appel au secours pour mettre fin à la souffrance, plus que le désir de mourir ; un désespoir plus grand que l’amour de la vie. D’où l’importance du rôle des soignants de semer l’espoir et redonner goût à la vie, même si elle ne va durer que des mois ou des heures… Le soignant ne peut être celui qui donne aussi la mort. »

Dans le cadre du cycle de conférences « Les samedis du Levant », la Clinique du Levant (CDL), en partenariat avec L’Orient-Le Jour, a organisé une conférence placée sous le thème « Fin de vie : droit ou devoir », donnée par l’ancien ministre français chargé des Affaires étrangères et européennes, le cardiologue Jean Leonetti. Dans son mot de bienvenue,...

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