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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

À Moscou, Netanyahu tente de convaincre Poutine sur la Syrie

Les deux dirigeants ont évoqué la décision américaine de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien et les évolutions du dossier syrien.

Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu durant leur rencontre hier à Moscou. Sergei Ilnitsky/Pool via Reuters

Au lendemain de l’annonce retentissante du retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est envolé pour Moscou pour y rencontrer le président russe, Vladimir Poutine. La visite était prévue de longue date à l’occasion de l’anniversaire de la victoire des forces soviétiques sur l’Allemagne nazie, célébré par une parade militaire sur la place Rouge à laquelle les deux dirigeants ont assisté.
Si ce n’est pas la première fois qu’ils se rencontrent, cette visite revêt une importance particulière. Elle intervient dans un contexte où les possibilités d’un affrontement direct entre l’Iran et Israël en Syrie sont de plus en plus sérieuses. Entre les deux ennemis jurés, Moscou est un interlocuteur incontournable sur le terrain, parrain de Damas aux côtés de Téhéran.


(Lire aussi : Face à la présence iranienne en Syrie, Israël accentue la menace sur Assad)


Suite à la rencontre, le Kremlin a souligné dans un communiqué que « la situation (…) après l’annonce par les États-Unis de leur retrait de l’accord sur le nucléaire iranien a été abordée ». Il est ajouté que les participants à une réunion précédente du Conseil de sécurité de Russie ont fait part de « leur inquiétude profonde » et « souligné l’importance de ce document ». Israël et la Russie partagent toutefois des opinions différentes au sujet de l’accord puisque l’État hébreu s’y était opposé dès le début tandis que Moscou en est l’un des signataires.
 « Au cours de ces discussions, j’ai présenté notre opinion sur des problèmes incluant les archives nucléaires secrètes de l’Iran et, bien sûr, les problèmes de tensions actuelles » sur la présence iranienne en Syrie, a affirmé pour sa part M. Netanyahu dans un communiqué paru après la rencontre. Le Premier ministre israélien a dévoilé le 30 avril les projets de développement de l’arme nucléaire de Téhéran avant la signature de l’accord en 2015.

Israël compte sur M. Poutine pour limiter la présence iranienne sur le terrain syrien, une stratégie qui a donné peu de résultats jusqu’à maintenant. Le Kremlin entretient des relations étroites avec son allié en Syrie et il est en position de force diplomatique sur le dossier syrien. « Il faut voir si la Russie veut mobiliser ses leviers face à Téhéran mais cette volonté n’est pas claire », explique à L’Orient-Le Jour Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou. La marge de manœuvre des Israéliens pour amener les Russes à accentuer la pression sur l’Iran semble limitée. « C’est un jeu à trois bandes : limiter le rôle de l’Iran en Syrie reviendrait aussi à renforcer les Turcs tandis qu’il faut prendre en compte la présence américaine sur le terrain », décrypte-t-il. De plus, « Moscou n’a pas les moyens que les Israéliens souhaiteraient pour qu’il soit un contrepoids face à l’Iran » en Syrie, indique-t-il.


(Lire aussi : Israël et l’Arabie saoudite satisfaits de la décision de Washington sur le nucléaire iranien)


« Jeu à trois bandes »
M. Netanyahu a déclaré avoir dit hier au dirigeant russe qu’« Israël a besoin et a le droit de se défendre face à l’agression iranienne », a rapporté le quotidien israélien Haaretz. « Les Iraniens disent qu’ils ont l’intention de nous attaquer et vont essayer de transférer en Syrie des forces et des armes meurtrières. Nous prendrons les mesures nécessaires pour nous défendre », a-t-il insisté.
Quelques heures après l’annonce mardi de la décision sur l’accord nucléaire, l’État hébreu a frappé un dépôt d’armes du corps des gardes de la révolution iranienne dans la région d’al-Kiswah, au sud de Damas. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, l’attaque a fait 15 morts prorégime, dont 8 Iraniens.
« Les frappes israéliennes en Syrie passent plutôt mal à Moscou » alors qu’il y a renforcé son emprise depuis 2015 en venant appuyer les forces du régime de Damas, note M. Delanoë. La Russie « les voit comme un facteur qui tend à accroître les risques de déstabilisation du régime, ce qui est une ligne rouge pour elle », poursuit-il. L’ambassadeur israélien en Russie a notamment été convoqué au siège du ministère russe des Affaires étrangères en avril dernier suite à des frappes menées par l’État hébreu en Syrie, tout comme son prédécesseur en mars 2017 à ce sujet.


(Pour mémoire : Sécurité en Syrie: Israël veut préserver sa coopération avec la Russie)


Israël se trouve ainsi dans une position délicate face à Moscou. M. Netanyahu a souligné à de nombreuses reprises auprès de Vladimir Poutine le danger que représente l’Iran à ses yeux et que des livraisons d’armes russes à Damas pourraient avoir un effet de retour de bâton si elles étaient amenées à tomber dans les mains du Hezbollah. Le Premier ministre israélien avait tenté de convaincre le président russe de suspendre une livraison à Bachar el-Assad de missiles S-300 en 2013, mais s’était heurté à une fin de non-recevoir du côté de Moscou. À la fin du mois d’avril, des officiels russes ont laissé entendre qu’il était possible qu’une nouvelle livraison ait lieu à destination du régime syrien, au grand dam des Israéliens. « Les Russes sont conscients des craintes des Israéliens pour leur sécurité », observe M. Delanoë. Mais « dans le cas présent, cette livraison pourrait être comme le prix à payer par Israël pour ses frappes » en Syrie, estime l’expert.
Pour autant, il est peu probable que la Russie essaye de limiter les opérations militaires qu’Israël mène en Syrie a affirmé hier le dirigeant russe, selon Reuters.


(Pour mémoire : La Russie peut-elle gagner la paix en Syrie ?)


Peu avant la rencontre, M. Poutine a déclaré dans un communiqué du Kremlin que le contexte au Moyen-Orient était « malheureusement très grave », ajoutant « espérer que nous allons non seulement en discuter mais aussi chercher des solutions ».
Le Premier ministre israélien a affirmé dans ce même document qu’ils allaient « réfléchir ensemble à la manière d’agir afin de parer aux menaces qui existent d’une façon responsable et raisonnable ». « C’est difficile à croire mais 73 ans après l’Holocauste, nous avons au Moyen-Orient un pays, l’Iran, qui appelle ouvertement à la destruction d’Israël », a-t-il souligné.
Selon M. Delanoë, « l’avantage pour les deux parties est qu’elles discutent de manière pragmatique et réaliste ». « En dépit de l’évolution du contexte, la Russie et Israël cherchent à envoyer le signal que la coordination continue et qu’il s’agit de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’incident entre les deux en Syrie, chose qu’ils veulent éviter », observe-t-il.


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commentaires (2)

Le grand gagnant dans ce marchandage sera Poutine. Il a toutes les cartes en main , il ne laissera jamais tomber ses alliés, je vois mal comment avoir soutenu pendant 8 ans ceux qui lui donnent du poids dans la région il pourrait les jeter pour un vulgaire criminel usurpateur .

FRIK-A-FRAK

12 h 53, le 10 mai 2018

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Commentaires (2)

  • Le grand gagnant dans ce marchandage sera Poutine. Il a toutes les cartes en main , il ne laissera jamais tomber ses alliés, je vois mal comment avoir soutenu pendant 8 ans ceux qui lui donnent du poids dans la région il pourrait les jeter pour un vulgaire criminel usurpateur .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 53, le 10 mai 2018

  • POUTINE MIS AU SECRET DES FRAPPES N,AVERTIT PAS SES ALLIES ET LAISSE FAIRE... MAIS QUE PEUT-IL FAIRE D,AUTRE DANS LA PEUR DE SE RETROUVER UN JOUR MELE DANS UN MEGAT CONFLIT MILITAIRE QU,IL CRAINT FORT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 10 mai 2018

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