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À La Une - Etats-unis

Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien

Donald Trump a annoncé, mardi soir, le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien REUTERS/Jonathan Ernst

Donald Trump a annoncé mardi soir  le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien au risque d'ouvrir une période de vives tensions avec ses alliés européens et d'incertitudes quant aux ambitions atomiques de Téhéran.


Quinze mois après son arrivée au pouvoir, le 45e président des Etats-Unis a décidé, comme il l'avait promis en campagne, de sortir de cet accord emblématique conclu en 2015 par son prédécesseur démocrate Barack Obama après 21 mois de négociations acharnées. "J'annonce aujourd'hui que les Etats-Unis vont se retirer de l'accord nucléaire iranien", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, annonçant le rétablissement des sanctions contre la République islamique qui avaient été levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran de ne pas se doter de l'arme nucléaire. Le locataire de la Maison Blanche n'a donné aucune précision sur la nature des sanctions qui seraient rétablies et à quelle échéance mais il a mis en garde: "tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis".
Dénonçant avec force cet accord "désastreux", il a assuré avoir la "preuve" que le régime iranien avait menti sur ses activités nucléaires.

Un peu plus tard, le département du Trésor américain a précisé que les Etats-Unis allaient rétablir une large palette de sanctions concernant l'Iran à l'issue de périodes transitoires de 90 et 180 jours, qui viseront notamment le secteur pétrolier iranien ainsi que les transactions en dollar avec la banque centrale du pays. Dans un communiqué et un document publiés sur son site internet, le Trésor précise que le rétablissement des sanctions concerne également les exportations aéronautiques vers l'Iran, le commerce de métaux avec ce pays ainsi que toute tentative de Téhéran d'obtenir des dollars US.

(Lire aussi : Derrière l'accord nucléaire, l'influence de l'Iran en question)


Son allocution était très attendue au Moyen-Orient où beaucoup redoutent une escalade avec la République islamique mais aussi de l'autre côté de planète, en Corée du Nord, à l'approche du sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un sur la dénucléarisation de la péninsule. A ce sujet, le chef de la Maison Blanche a également indiqué que le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo arrivera en Corée du Nord d'ici "une heure" pour préparer le sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un. "En ce moment même, le secrétaire Pompeo est en route vers la Corée du Nord pour préparer ma future rencontre avec Kim Jong Un", a-t-il déclaré. "On en saura bientôt plus" sur le sort des trois prisonniers américains, a-t-il ajouté.


Réactions

L'Iran souhaite continuer à respecter l'accord de 2015 sur son programme nucléaire, après l'annonce de la décision de Donald Trump, a réagi le président iranien, Hassan Rohani. "Si nous atteignons les objectifs de l'accord en coopération avec les autres parties prenantes de cet accord, il restera en vigueur  (...). En sortant de l'accord, l'Amérique a officiellement sabordé son engagement concernant un traité international", a dit le président iranien dans une allocution télévisée."J'ai donn é pour consigne au ministère des Affaires étrangères de négocier avec les pays européens, la Chine et la Russie dans les semaines à venir. Si, au bout de cette courte période, nous concluons que nous pouvons pleinement bénéficier de l'accord avec la coopération de tous les pays, l'accord restera en vigueur", a-t-il continué.
M. Rohani a ajouté que Téhéran était prêt à reprendre ses activités nucléaires si les intérêts iraniens n'étaient pas garantis par un nouvel accord après des consultations avec les autres parties signataires du "Plan d'action global conjoint" (JCPOA) de 2015.


La Syrie a également "condamné avec force" l'annonce du retrait des Etats-Unis, affirmant sa "totale solidarité" avec Téhéran et sa confiance dans la capacité de l'Iran à surmonter l'impact de la "position agressive" de Washington.


Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, pour sa part, dit "soutenir totalement" la décision "courageuse" du président américain. "Israël soutient totalement la décision courageuse prise aujourd'hui par le président Trump de rejeter le désastreux accord nucléaire" avec la République islamique, a dit M. Netanyahu en direct sur la télévision publique dans la foulée de la déclaration de M. Trump.

L'Arabie saoudite a également salué mardi soir la décision de Donald Trump de rétablir les sanctions contre l'Iran et de dénoncer l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de Téhéran, a fait savoir la télévision saoudienne. Les Emirats arabes unis et Bahreïn, alliés de l'Arabie saoudite dans le Golfe, ont emboîté le pas à Riyad en saluant par la voix de leur ministère des Affaires étrangères la décision de M. Trump. Bahreïn accueille la 5e flotte américaine.


La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni "regrettent" la décision américaine de se retirer de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu en 2015, a, de son côté, réagi Emmanuel Macron sur Twitter, évoquant sa volonté de travailler collectivement à un "cadre plus large" sur ce dossier.
"Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu", a estimé le chef de l'Etat français, qui s'était entretenu au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel et la Première ministre britannique Theresa May à 19h30 heure de Paris, peu avant la prise de parole de Donald Trump. "Nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l'activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak", a-t-il ajouté, toujours sur Twitter.

Un peu plus tard, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a déclaré, depuis Rome, que l'UE est "déterminée à préserver" l'accord nucléaire iranien. L'accord de Vienne de 2015 "répond à son objectif qui est de garantir que l'Iran ne développe pas des armes nucléaires, l'Union européenne est déterminée à le préserver", a insisté Mme Mogherini, lors d'une brève déclaration à la représentation de la Commission européenne à Rome, en se disant "particulièrement inquiète" de l'annonce de nouvelles sanctions américaines contre Téhéran..

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a, quant à lui, appelé les six autres signataires de l'accord sur le nucléaire iranien "à respecter pleinement leurs engagements", après le retrait des Etats-Unis. "Je suis profondément préoccupé par l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord JCPOA (en référence à l'acronyme en anglais ndlr) et de la reprise de sanctions américaines", a aussi souligné le patron des Nations unies dans un communiqué.

Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a, de son côté, estimé que "le retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire est une décision qui va causer de l'instabilité et de nouveaux conflits". "La Turquie va continuer de s'opposer avec détermination à tous types d'armes nucléaires", a ajouté le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan.

Le ministère russe des Affaires étrangères a, pour sa part, déclaré que la Russie est "profondément déçue" par la décision du président américain.
"Nous sommes extrêmement inquiets que les Etats-Unis agissent contre l'avis de la plupart des Etats (...) en violant grossièrement les normes du droit international", selon le texte.  Selon Moscou, cette décision de Donald Trump "est une nouvelle preuve de l'incapacité de Washington de négocier" et les "griefs américains concernant l'activité nucléaire légitime de l'Iran ne servent qu'à régler les comptes politiques" avec Téhéran.


Quelles répercussions?

A l'exception des Etats-Unis, tous les signataires ont défendu jusqu'au bout ce compromis qu'ils jugent "historique", soulignant que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a régulièrement certifié le respect par Téhéran des termes du texte censé garantir le caractère non militaire de son programme nucléaire. En contrepartie des engagements pris par Téhéran, Washington a suspendu ses sanctions liées au programme nucléaire iranien. Mais la loi américaine impose au président de se prononcer sur le renouvellement de cette suspension tous les 120 ou 180 jours, selon le type de mesures punitives. Certaines suspensions arrivent à échéance samedi, mais le gros d'entre elles restent en théorie en vigueur jusqu'à mi-juillet.


Dès mardi soir, le nouvel ambassadeur américain en Allemagne a écrit, sur Twitter, que les entreprises allemandes devraient immédiatement cesser leurs activités en Iran. Le président américain Donald Trump "a dit que les sanctions allaient viser des secteurs critiques de l'économie de l'Iran. Les entreprises allemandes faisant des affaires en Iran devraient cesser leurs opérations immédiatement", a commenté Richard Grenell qui a pris ses fonctions hier.

Airbus a, de son côté, annoncé qu'il allait examiner la décision prise par Donald Trump avant de réagir. "Nous analysons attentivement cette annonce et évaluerons les prochaines étapes en cohérence avec nos politiques internes et dans le respect complet des sanctions et des règles de contrôle des exportations", a dit le responsable de la communication d'Airbus, Rainer Ohler. "Cela prendra du temps", a-t-il ajouté. Un peu plus tard, le secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, annonçait que les Etats-Unis allaient retirer à Airbus et à Boeing les autorisations de vendre des avions de ligne à l'Iran.


En janvier, l'ancien magnat de l'immobilier avait lancé un ultimatum aux Européens, leur donnant jusqu'au 12 mai pour "durcir" sur plusieurs points ce texte signé par Téhéran et les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne). En ligne de mire: les inspections de l'AIEA; la levée progressive, à partir de 2025, de certaines restrictions aux activités nucléaires iraniennes, qui en font selon lui une sorte de bombe à retardement; mais aussi le fait qu'il ne s'attaque pas directement au programme de missiles balistiques de Téhéran ni à son rôle jugé "déstabilisateur" dans plusieurs pays du Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Liban...).

L'annonce de mardi va avoir des répercussions encore difficiles à prédire. Les Européens ont fait savoir qu'ils comptent rester dans l'accord quoi qu'il advienne. Mais que vont faire les Iraniens?
Pour l'instant, Téhéran, où cohabitent des ultraconservateurs autour du guide suprême Ali Khamenei et des dirigeants plus modérés autour du président Hassan Rohani, ont soufflé le chaud et le froid.
La République islamique a menacé de quitter à son tour l'accord de 2015, de relancer et accélérer le programme nucléaire, mais a aussi laissé entendre qu'elle pourrait y rester si les Européens pallient l'absence américaine.



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Donald Trump a annoncé mardi soir  le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien au risque d'ouvrir une période de vives tensions avec ses alliés européens et d'incertitudes quant aux ambitions atomiques de Téhéran.Quinze mois après son arrivée au pouvoir, le 45e président des Etats-Unis a décidé, comme il l'avait promis en campagne, de sortir de cet accord...

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JE CONTINUE : QUE CE SOIT DE BON GRE OU DE MAL GRE !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 44, le 09 mai 2018

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Commentaires (2)

  • JE CONTINUE : QUE CE SOIT DE BON GRE OU DE MAL GRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 44, le 09 mai 2018

  • LES IRANIENS PROFERERONT UNIQUEMENT DES PAROLES VIDES ET S,APPRETERONT A DE NOUVEAUX DECULOTTAGES REGIONAUX ET NUCLEAIRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 28, le 08 mai 2018

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