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Liban - Circonscription

Baalbeck-Hermel : Une percée au niveau du siège chiite serait-elle possible ?

Les chances de Yehya Chamas, qui conduit la liste Futur-FL, se sont fortement accrues.

Le ministre Hussein Hajj Hassan candidat à sa propre succession annoncant la liste du Hezbollah et de Amal dans les ruines du temple de Bacchus en mars dernier (photo d'archives).

La bataille à Baalbeck-Hermel se resserre entre la liste du tandem Hezbollah-Amal et la liste présidée par l’ancien député Yehya Chamas et soutenue par le courant du Futur et les Forces libanaises. Alors qu’une percée, deux tout au plus, avait(ent) été prévue(s) au niveau de sièges non chiites (sunnite et possiblement maronite), une troisième percée, au niveau d’un siège chiite, serait désormais envisageable. 

Les chances de Yehya Chamas de se faire élire se seraient accrues au cours des derniers jours (certains les estiment à 60 %), et avec elles, la virulence du discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre « la liste du courant du Futur et ceux qui ont conspiré avec les terroristes ». 

Cette liste a fini en effet par inciter des chiites indépendants – déjà remontés contre le Hezbollah pour ses accusations chroniques d’allégeance aux « ambassades » saoudienne et américaine – à concentrer leurs votes en faveur de M. Chamas, même s’ils avaient pu préférer dans un premier temps un autre candidat chiite parmi ses colistiers. Ils ont ainsi fait le choix du vote utile, Yehya Chamas étant fort de son appartenance clanique, non familiale – c’est son principal atout par rapport à Ghaleb Yaghi, ancien président du conseil municipal de Baalbeck, reconnu pour son éthique personnelle et son jusqu’au-boutisme contre le Hezbollah. 


(Lire aussi : Baalbeck-Hermel : La liste du Courant du Futur comprend ceux qui ont conspiré avec les terroristes, accuse Nasrallah)


Le jeu tribal 

Mais le Hezbollah sait s’immiscer dans ce jeu des allégeances claniques. Il a ainsi veillé à acquérir dès le départ l’appui solennel d’une partie de la tribu Chamas, qui lui a prêté allégeance en présence de son doyen. Plus récemment, la réconciliation druzo-chiite dans l’affaire des « deux Ziad » (Ziad Kabalan et Ziad Ghandour, tués il y a onze ans dans la foulée du 7 mai 2008) s’est faite en faveur de la tribu Chamas au domicile de Walid Joumblatt, en présence de Wafic Safa et du représentant du président de la Chambre. Un événement qui, par son timing, n’est pas sans susciter des questions sur la faveur que le Hezbollah a entendu rendre à la tribu Chamas, par l’intermédiaire du PSP.

Un autre paramètre à prendre en compte dans le bras de fer électoral est la difficulté des chiites indépendants à se fédérer, face à un parti ultradiscipliné. Comme le constate un acteur du terrain, « les chiites indépendants, déjà peu préparés à la bataille, ont eu le réflexe de compter d’abord sur l’appui des partis politiques à même de rivaliser avec le parti chiite, principalement les Forces libanaises et le courant du Futur ». Cela a créé une rivalité entre eux auprès des leaders sunnites et chrétiens. Celle-ci s’est exacerbée par la formation d’une liste – autre que celle Futur-FL – d’opposants chiites ayant une notoriété, comme Ali Hamadé, et surtout Ali Zeaïter, très respecté par des chiites indépendants qui ont toutefois choisi de travailler pour la liste de Yehya Chamas. Ces divergences ont également vu le retrait de la bataille de l’ancien chef du législatif, Hussein Husseini, qui devait présider la liste de Hamadé. Parmi les raisons non déclarées de sa démission, le fait qu’il ait fait le faux pari d’être appuyé par le courant du Futur, mais aussi de garder, au dam de ses colistiers potentiels, les vieux réflexes de négociations électorales avec les anciens acteurs politiques de la région, y compris des candidats de la liste opposée, comme l’ancien député Albert Mansour. L’une des retombées de ces divisions interchiites est que plusieurs candidats qui n’ont pas été retenus sur la liste de Yehya Chamas ont fini par être récupérés par le Hezbollah. 


Priorité à Sayed et Zeaïter 

Il y a toutefois des éléments qui jouent en faveur d’une percée chiite. En dépit de sa discipline qui lui permet de moduler la distribution des votes préférentiels entre les dix candidats sur sa liste, le Hezbollah ne peut couvrir tous ces candidats. Sachant qu’il détiendrait, selon un acteur du terrain, un réservoir brut de 85 000 voix – sans compter les 15 000 voix d’Amal –, il ne peut garantir la victoire intégrale de sa liste. Les candidats auxquels il accordera la priorité dépendent en partie de choix qu’il devrait faire le jour des élections, en fonction des développements du scrutin. Ce qui paraît sûr pour l’instant, c’est qu’il entend assurer une large victoire à Jamil Sayed. Le parti aurait prévu de rapatrier de Syrie 15 000 électeurs naturalisés qui accorderaient leurs votes préférentiels à M. Sayed. L’autre candidat sûr de gagner est le député sortant Ghazi Zeaïter, étant donné qu’il est le seul candidat d’Amal. À l’heure de la résurgence sur la scène libanaise de figures prosyriennes, « dont le chef d’orchestre est M. Sayed », le Hezbollah joue à l’équilibriste entre M. Sayed et le président de la Chambre Nabih Berry.

Les quatre autres candidats chiites du Hezbollah comptent deux députés sortants et deux nouveaux venus parmi ses partisans. Si le parti se trouve à l’étroit, il pourrait renoncer à l’un de ces deux derniers, possiblement Ihab Hamadé, selon un observateur. 


(Lire aussi : Trois circonscriptions, trois conflits entre le CPL et le Hezbollah, le décryptage de Scarlett HADDAD)



Percées sunnite et maronite 

En dehors des candidatures chiites, deux percées plausibles sont à prévoir au niveau de l’un des deux sièges sunnites – en faveur donc d’un candidat du courant du Futur, et du siège maronite – par le biais du candidat des FL, Antoine Habché. 

Au moment de la formation des listes, une entente tacite Futur-Hezbollah avait été soupçonnée par des observateurs : conscient qu’une percée est inévitable sur sa liste, le parti chiite aurait choisi d’accorder au courant haririen cette percée. Son choix d’un candidat Ahbache – courant très peu populaire à Baalbeck-Hermel – avait été perçu comme un moyen de faciliter par défaut la victoire. Le courant du Futur a en même temps opté pour des candidats sunnites qui ne sont pas connus pour leur virulence à l’égard du Hezbollah. Mais le Futur semble désormais mener une bataille plus agressive. Aussi, lorsque trois colistiers chiites de Yehya Chamas, se sentant laissés pour compte, avaient envisagé de se retirer de la bataille, le leadership du courant du Futur est intervenu pour les en dissuader et pour resserrer les rangs autour de Yehya Chamas. Certains prévoient qu’au jour des élections, le Futur modulera la répartition de ses votes préférentiels en fonction de l’agressivité électorale que le Hezbollah choisira ou non de lui opposer à Beyrouth II. 

La percée au niveau du siège maronite est presque sûre, en faveur des FL, ces dernières ayant un bloc d’électeurs important. « À moins que le Hezbollah ne décide d’accorder 15 000 votes au député sortant Émile Rahmé », selon un observateur. Ce serait peu probable, M. Rahmé ne bénéficiant plus de l’appui des Marada ni du CPL. Sacrifier des votes préférentiels pour un chrétien qui se dit du Hezbollah ne serait pas une option optimale pour ce parti.




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commentaires (3)

LE SPECTRE DES ARMES ILLEGALES EN DECIDERA !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 47, le 04 mai 2018

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Commentaires (3)

  • LE SPECTRE DES ARMES ILLEGALES EN DECIDERA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 47, le 04 mai 2018

  • Cet article explique bien les nuances pas très évidentes pour les profanes que nous sommes et surtout ne diabolise nullement le parti de la résistance du hezb libanais, ce qui en fait un acteur majeur de la future politique du Liban qui aura son socle bien ancré dans la défense du territoire libanais. C'est tellement rare de lire des articles pareils qu'on ne peut pas ne pas le souligner .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 07, le 04 mai 2018

  • Dans ce malheureux fatras: de pro, anti, presque pour complètement contre entièrement vendu à la Syrie, l'Iran, et autres envahisseurs dévoués et désintéressés etc. etc., mais on ne trouve pas de: complètement pour le Liban...uniquement libanais ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 38, le 04 mai 2018

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