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Liban - Législatives 2018 - Portrait

Nadim Costa, engagé « pour un changement véritable »

L’ancien membre du conseil municipal de Beyrouth se présente au siège protestant dans la circonscription de Beyrouth II.

Nadim Costa est officiellement appuyé par les Forces libanaises.

La chose publique ne lui est pas inconnue. Il l’a déjà expérimentée dans le cadre des activités de plusieurs ONG au sein desquelles il a œuvré en faveur de personnes défavorisées, mais aussi en tant que membre du conseil municipal de Beyrouth entre 2010 et 2016. Aujourd’hui, c’est sur un autre niveau de la gestion étatique que Nadim Costa se lance. Il est candidat au siège protestant de Beyrouth II (Ras Beyrouth, Aïn el-Mreissé, Mina el-Hosn, Zokak el-Blatt, Mazraa, Mousseitbé, Port et Bachoura) sur la liste « Lebnan byehroz » (Le Liban en vaut la peine) présidée par Fouad Makhzoumi. Sa candidature est officiellement appuyée dans cette circonscription par les Forces libanaises, aux côtés de celle de Khalil Broummana.

Sa décision de se lancer dans la course électorale a été prise en fonction de plusieurs paramètres. D’abord, parce que « j’ai ressenti le besoin pour un changement véritable ». Puis, pour des « raisons plutôt personnelles ». « Je ne veux pas que mes enfants quittent le pays », affirme ce père d’un garçon de 14 ans et de deux jumelles de 9 ans. « Ce pays est à nous, martèle Nadim Costa. Mais, malheureusement, les Libanais ne réussissent qu’à l’étranger. Ici, on les pousse à fuir le pays. » Une situation d’autant plus désolante que, selon lui, « le Liban a tous les atouts pour réussir ». Enfin, « je suis de ceux qui sont convaincus que si nous travaillons comme il se doit, nous pourrons construire le pays sur de bonnes bases ».

Nadim Costa souligne, dans ce cadre, qu’« on ne peut pas demander aux gens de respecter les lois, alors que les responsables ne le font pas ». « Après tout, le peuple suit l’exemple de ses dirigeants, avance-t-il. Malheureusement, nous n’avons pas de lois qui sanctionnent la corruption. Les lois libanaises se contredisent même. Il y a toujours un moyen de s’en sortir légalement si on les enfreint. Tel est le cas par exemple avec la loi de la construction à laquelle s’oppose la loi pour la réglementation des infractions dans le domaine de la construction. » Et d’insister : « Il y a un grand travail à faire pour redresser le pays. » Mais pour cela, il faut que « tous, sans exception, soient soumis à la loi ». « C’est alors qu’on pourra édifier un État, reprendre nos droits et nous présenter face aux instances internationales avec un agenda libanais », insiste-t-il.


(Lire aussi : Carl Bou Malham : La société civile est un excellent catalyseur de changement)


Possibilité de changer

Détenteur d’un diplôme en sciences politiques et administration publique de l’Université américaine de Beyrouth, Nadim Costa est à la tête d’une société dédiée à la formation en médias et en leadership.

Dans son bureau à Achrafieh, il se livre d’une voix calme et posée, qui laisse néanmoins percer une vive indignation, à une analyse critique de la situation dans le pays. « Il est élémentaire de souligner que ces législatives auraient dû être gérées par un autre gouvernement technocrate dont aucun des membres n’est candidat, avance-t-il. Ce n’est pas logique que ces élections soient gérées par un gouvernement dont le président et seize de ses ministres sont engagés dans la course électorale. » 

Si Nadim Costa réussit à décrocher son billet d’entrée à l’hémicycle, il axera son activité sur deux « agendas parallèles ». Sur le court terme, « il n’est plus permis de continuer à parler indéfiniment des moyens de résoudre des dossiers comme ceux de l’électricité, des télécommunications, des infrastructures, de la Caisse nationale de Sécurité sociale, des droits de la femme, du droit à la scolarisation, des déchets », déplore-t-il. « Le problème des déchets peut être résolu en six mois, sans pour autant recourir aux incinérateurs, insiste-t-il. Des solutions rapides existent. Au Liban, on ne peut pas installer des incinérateurs dans des régions résidentielles, d’autant plus qu’on n’est pas sûr qu’ils seront bien entretenus. Human Rights Watch a, dans une circulaire adressée au gouvernement le 1er décembre 2017, signalé que le peuple libanais respire la mort. À ce jour, le gouvernement n’a pas réagi ! » 

Sur le long terme, Nadim Costa œuvrera à « renforcer les capacités militaires de l’armée », à « désarmer les milices », à « contrôler les frontières » et à « adopter une politique de neutralité positive, dans le sens que le Liban ne se mêle pas aux problèmes d’une région, sans pour autant perdre les liens qu’il a avec cette région ». Sur le plan économique, « je prône la privatisation des secteurs des télécommunications et de l’électricité, à condition qu’il y ait un contrôle strict et une reddition des comptes ».

Aujourd’hui, Nadim Costa ne pense pas avoir beaucoup de chances d’être élu. « Pas plus de 25 % à 30 %, estime-t-il. Si, toutefois, je réussis à pousser les gens à réfléchir dans la bonne direction et à demander des comptes, je considérerai que j’ai gagné. » 

Croit-il encore dans ce pays ? « Non, j’aime le pays, mais je crois dans le potentiel du peuple, répond Nadim Costa. Aujourd’hui, nous avons une chance de changer. La loi n’est pas celle que nous attendions, mais il y a un moyen de faire un changement. Si nous perdons cette chance, je pense que nous irons vers une situation pire que celle que nous vivons aujourd’hui. Il faut saisir cette chance, même si elle n’est pas idéale, au risque de le regretter. »



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La chose publique ne lui est pas inconnue. Il l’a déjà expérimentée dans le cadre des activités de plusieurs ONG au sein desquelles il a œuvré en faveur de personnes défavorisées, mais aussi en tant que membre du conseil municipal de Beyrouth entre 2010 et 2016. Aujourd’hui, c’est sur un autre niveau de la gestion étatique que Nadim Costa se lance. Il est candidat au siège...

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