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Moyen Orient et Monde - Tensions

Israël passe à la vitesse supérieure contre l’Iran

Au moins 26 combattants, dont une « majorité écrasante » d’Iraniens, ont été tués dans des frappes contre des bases militaires à Hama et à Alep. Il ne fait pas de doute que l’État hébreu est à l’origine de cette offensive.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’exprimant hier pendant une conférence de presse à Tel-Aviv lors de laquelle il a accusé l'Iran d'avoir menti sur son programme nucléaire. REUTERS/ Amir Cohen

Le risque d’assister prochainement à un conflit direct entre Israël et l’Iran a sérieusement augmenté au cours des dernières 48 heures. La séquence donne en effet l’impression générale que tous les éléments sont en train de se mettre en place pour un affrontement entre les deux camps. Dans un contexte extrêmement tendu, du fait de l’annonce du président américain Donald Trump, avant le 12 mai prochain, de se maintenir ou non dans l’accord nucléaire iranien, Israël a multiplié les offensives contre la République islamique, en ciblant ses positions en Syrie et en l’accusant d’avoir menti sur son programme nucléaire.

Le décor a été posé en trois actes. Le premier s’est joué dimanche avec la visite du nouveau secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qui a conforté le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans sa rhétorique anti-iranienne. Les deux hommes ont pu réaffirmer leur volonté commune d’endiguer le projet iranien de « domination régionale » et leur détermination à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Leur rencontre avait été précédée d’un appel entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu au sujet « des menaces et des défis persistants auxquels est confrontée la région du Moyen-Orient, en particulier des problèmes posés par les activités déstabilisatrices du régime iranien ». La parfaite harmonie entre Washington et Tel-Aviv s’arrête toutefois à la frontière syrienne : alors que l’État hébreu cherche à tout prix à empêcher Téhéran d’établir des bases militaires permanentes en Syrie, les États-Unis ont multiplié les déclarations annonçant leur volonté de se retirer prochainement de ce terrain.


(Lire aussi : Nucléaire iranien : Macron réclame des discussions sur un nouvel accord, Poutine veut sa "stricte application") 


200 missiles détruits
Israël aimerait clairement que son allié américain en fasse un peu plus en Syrie. À peine Mike Pompeo avait quitté le territoire israélien que l’aéroport militaire d’Alep et, surtout, la Brigade 47 près de Hama étaient la cible de frappes aériennes. C’était le deuxième acte, dans la nuit de dimanche à lundi.

S’il a refusé de confirmer l’information, il ne fait pas de doute que l’État hébreu est à l’origine de ces frappes. Le timing n’a rien d’anodin, même si Israël a déjà frappé à de nombreuses reprises en Syrie pour faire respecter ses lignes rouges : il profite d’un moment où la pression est forte contre l’Iran et où il peut compter sur le soutien déterminé de son allié américain. « Il y a peut-être un effort de coordination avec les Américains pour agir de manière préventive avec les frappes d’une part et la décision sur l’accord nucléaire d’autre part, qui constitueraient une double pression » sur l’Iran, analyse pour L’Orient-Le Jour Aaron David Miller, vice-président du Centre Wilson à Washington et ancien diplomate spécialiste du Proche-Orient. 

Au moins 26 combattants, dont une « majorité écrasante » d’Iraniens, ont été tués dans le QG la Brigade 47, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Une source anonyme a rapporté au New York Times que 200 missiles auraient été détruits au cours de ces frappes qui ont provoqué un séisme de magnitude de 2,6 sur l’échelle de Richter, selon le Centre sismologique Europe-Méditerranée, laissant penser qu’un large stock d’armes a été touché. Selon le quotidien al-Akhbar, les bases servaient d’entrepôt d’armes à l’armée syrienne et au corps des gardiens de la révolution. Le président syrien Bachar el-Assad a accusé « les pays hostiles » d’être passés au stade de « l’agression directe ».

Cette nouvelle attaque, quelques semaines après celle effectuée contre la base T4 à Homs, où au moins sept Iraniens avaient été tués, met « l’axe de la résistance » dans une position plus que délicate. « Compte tenu des rapports contradictoires des médias iraniens concernant l’existence de victimes iraniennes dans l’attaque, il semble y avoir un certain degré de surprise à Téhéran ainsi qu’une certaine confusion sur la question de savoir s’il faut riposter ou non », décrypte pour L’OLJ Ali Fathollah-Nejad, chercheur associé au Brookings Doha Center.


(Lire aussi : Pourquoi le mois de mai risque de chambouler le Moyen-Orient)


« L’Iran n’est pas nécessairement prêt pour le moment »
Israël est clairement déterminé à empêcher l’Iran de tirer les dividendes de sa victoire en Syrie. L’État hébreu s’autorise désormais à frapper fort et sur tout le territoire, non plus seulement dans le Sud, malgré le fait que la Russie contrôle l’espace aérien dans cette partie de la Syrie. « Les Israéliens ont déjà agi de la sorte avant et le feront probablement encore, la vraie question reste de savoir si cela va décourager les Iraniens », résume pour L’OLJ Alex Vatanka, chercheur au Middle East Institute et spécialiste de l’Iran.

Israël s’attend à une riposte iranienne, qui pourrait notamment se faire via le Hezbollah. Mais la dynamique actuelle contraint la République islamique et ses obligés à éviter l’escalade généralisée. « Le régime iranien n’est pas dans une position de force sur le plan interne, donc il est difficile de voir comment il pourrait demander à sa population de la soutenir dans un conflit conventionnel », analyse Alex Vatanka. « Ouvrir de nouveaux fronts constituerait une escalade majeure pour laquelle l’Iran n’est pas nécessairement prêt pour le moment », ajoute-t-il. Tant que l’Iran ne montrera pas une réelle volonté de se désengager du terrain syrien, Israël continuera de frapper. Cela pourrait toutefois ne pas dégénérer en conflit direct si l’Iran considère que cela ne remet pas en question sa stratégie en Syrie et qu’il décide, dans un premier temps, de ne pas riposter. « Ce n’est pas un régime insouciant puisque sa vision repose sur une analyse coût-bénéfice prudente », confirme Alex Vatanka.

Selon le Haaretz, les Israéliens ont déjà prévenu Moscou et Washington qu’en cas de riposte iranienne contre son territoire, ils frapperaient directement l’Iran. Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman avait déjà explicitement formulé cette nouvelle doctrine il y a quelques jours. « Le degré de tension politique exacerbe le degré de tension militaire », note Aaron David Miller.
Benjamin Netanyahu était hier le personnage principal du troisième acte. Dans son style provocateur et simplificateur qu’il maîtrise à merveille, le chef du gouvernement israélien a accusé l’Iran d’avoir menti sur son programme nucléaire, documents à l’appui. Le message était adressé à Donald Trump, pour finir de le convaincre (si toutefois il était tenté de se rallier à la position européenne qui souhaite conserver le deal) de déchirer l’accord. Peu importe que les experts s’accordent à dire que les révélations de Benjamin Netanyahu n’en étaient pas. Le Premier ministre israélien était dans une logique de story telling visant à conforter Donald Trump dans sa décision et à s’assurer du total soutien américain en cas de confrontation à venir avec Téhéran. Son discours terminé, la Knesset votait une loi facilitant le processus de décision d’entrer en guerre. À la fin de la pièce, la pression était clairement montée d’un cran.


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commentaires (7)

De quelque manière qu’on interprète les menaces des va-t-en guerre de tous les bords, on réalise que la région du Moyen-Orient est prise dans une spirale infernale de polarisation intense entre deux camps mondiaux antagonistes, qui n’ont rien en commun et dont la rhétorique ne peut mener qu’à un conflit militaire aux conséquences dévastatrices pour tout le monde: D’un côté, Israël, USA, pays du Golfe, et en moindre mesure le monde Occidental De l’autre,Iran, Russie, Syrie et leurs milices armées. Il ne manque que l'étincelle: elle est presque là! Et le Liban ne sera pas épargné surtout si le Hezbollah termine sa mainmise complète sur la décision nationale après les élections!

Saliba Nouhad

01 h 39, le 02 mai 2018

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Commentaires (7)

  • De quelque manière qu’on interprète les menaces des va-t-en guerre de tous les bords, on réalise que la région du Moyen-Orient est prise dans une spirale infernale de polarisation intense entre deux camps mondiaux antagonistes, qui n’ont rien en commun et dont la rhétorique ne peut mener qu’à un conflit militaire aux conséquences dévastatrices pour tout le monde: D’un côté, Israël, USA, pays du Golfe, et en moindre mesure le monde Occidental De l’autre,Iran, Russie, Syrie et leurs milices armées. Il ne manque que l'étincelle: elle est presque là! Et le Liban ne sera pas épargné surtout si le Hezbollah termine sa mainmise complète sur la décision nationale après les élections!

    Saliba Nouhad

    01 h 39, le 02 mai 2018

  • Donc, l'occupation israélo-wahabite-occidentale etc. est une malédiction, alors que l'occupation irano-russe en Syrie et ailleurs est une bénédiction ? Avec de telles convictions on comprend mieux pourquoi tout va mal dans cette région du Proche Orient...et même au Liban, où le sentiment patriotique est enseveli sous d'inombrables allégeances non-libanaises ! Irène Saïd

    Irene Said

    13 h 38, le 01 mai 2018

  • israel est obligé de s'impliquer à visage découvert cette fois ci , les mercenaires wahabites qu'elle pilote ont échoué sur le terrain du héros syrien BASHAR EL Assad, les euro américains ne veulent plus "payer"pour ce criminel de natanyahou, les RUSSES ont choisi leur camp en exportant les S300, il joue son va tout, de petits baroud d'honneur qui ne changent rien sur le terrain occupé par l'Iran NPR , les résistants libanais et autres et la Russie. Si L'usurpie croit IMPRESSIONNER l'axe de la resistance , nathanyahou et sa clique se rendront compte très vite qu'ils sont attendus au virage, israel montre de jours en jours sa faiblesse et son isolement politique, sa stratégie d'influence des occidentaux , des wahabites etc... tend à s'essoufler , la seule solution pour ce pays usurpateur de terre sunnites et chrétiennes ne se trouve que dans la démission, l'arrestation ou la liquidation de leur chef natanyahou. Je pense que eux seuls trouveront le modus operandi pour finir avec lui . Parce que à part BRAIRE que sait faire d'autre un âne apeuré ?

    FRIK-A-FRAK

    10 h 39, le 01 mai 2018

  • Diversion de Netanyahu pour couvrir ses ennuis à l'intérieur de son pays.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 36, le 01 mai 2018

  • Tiens tiens, à une encablure des législatives libanaise et irakiennes, Pompeo fait sa tournee des popotes et Netanyahu montre à nouveau les dents.

    Marionet

    09 h 58, le 01 mai 2018

  • Israël et Iran, deux pays irrémédiablement perdus pour la paix, et avec une mentalité d'un autre âge. Brandissant chacun l'étendard de leur religion pour justifier leurs guerres sans fin... Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 26, le 01 mai 2018

  • LES TAMBOURS DE LA GUERRE BATTENT AU M.O. ! LE COUP ISRAELIEN CONTRE LES INSTALLATIONS IRANIENNES EN SYRIE... UN COUP PROVOCATEUR CONTRE LA PROVOCATION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 01, le 01 mai 2018

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