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Liban - Décryptage

Les frappes occidentales et leur impact mitigé

Après les frappes occidentales tripartites sur la Syrie, toutes les parties concernées se déclarent satisfaites. Les Américains, les Britanniques et les Français peuvent affirmer à leurs opinions publiques respectives qu’ils ont fermement riposté à la présumée attaque chimique à Douma en harmonie avec leurs positions condamnant l’usage d’armes chimiques dans les conflits. De leur côté, les Russes sont satisfaits parce que les frappes occidentales sont restées limitées et ont minutieusement évité d’égratigner les troupes russes présentes sur place, tout en prenant soin de ne pas remettre en cause le rapport des forces sur le terrain syrien. De même, les Iraniens sont satisfaits parce que le régime syrien n’a pas été affaibli par les frappes et parce que celles-ci n’ont pas touché, ni de près ni de loin, les forces iraniennes et leurs alliés présents en Syrie. Enfin, le régime syrien n’a pas été mis en cause et il peut sans problème préparer d’autres batailles, notamment dans la banlieue sud-est de Damas autour du camp palestinien de Yarmouk, dernière poche rebelle autour de la capitale. Certains disent même qu’il est sorti plus fort de cet épisode, au moins auprès des Syriens.

Les seules parties déçues par le fait que les frappes n’aient en réalité pas eu d’effet direct sur la situation en Syrie, ce sont les Israéliens dont les médias ont reflété la déception, ainsi que les pays du Golfe qui misaient sur les frappes pour affaiblir le régime syrien. D’ailleurs, selon des sources diplomatiques arabes, le sommet arabe qui s’est tenu dimanche à Dhahran, en Arabie, a été sciemment reporté au 15 avril, alors qu’il aurait dû se tenir à la fin du mois de mars pour attendre les frappes occidentales en Syrie.

Que s’est-il donc passé pour que ces attaques, qui avaient tenu le monde en haleine avant qu’elles ne se produisent, se soient avérées assez modestes sur le plan des effets et des objectifs ciblés ?


(Lire aussi : La logique de Munich, l'édito de Michel TOUMA)


Dans son discours (officiellement) électoral de dimanche, le secrétaire général du Hezbollah a donné une partie de la réponse en affirmant que c’est la crainte de représailles russes, iraniennes et syriennes qui a poussé le président américain Donald Trump à modérer ses « élans belliqueux », sachant que son ministre de la Défense ainsi que ses principaux généraux n’étaient pas favorables à une action plus musclée, par crainte qu’elle n’entraîne une confrontation directe avec les forces russes ou iraniennes. Brusquement, Donald Trump, qui avait traité le président syrien d’ « animal » et qui avait menacé les Russes des « missiles intelligents américains », a dû se contenter de les envoyer sur des cibles peu compromettantes, tout en s’empressant de préciser que les frappes ne sont pas destinées à renverser le régime syrien, ni à modifier les rapports de force sur le terrain, mais à empêcher une nouvelle utilisation d’armes chimiques de la part de l’armée syrienne. Pour Hassan Nasrallah, ces frappes seraient donc la confirmation de la force du camp dit de la résistance.

Que les frappes occidentales aient eu lieu avant même l’arrivée des enquêteurs indépendants à Douma pour vérifier l’utilisation d’armes chimiques n’a pas dérangé les Occidentaux, qui ont choisi de réagir au plus tôt pour montrer leur détermination. On peut d’ailleurs se demander aujourd’hui à quoi sert encore l’enquête internationale sur l’utilisation d’armes chimiques, sachant qu’elle peut difficilement aboutir à un constat négatif. Tout comme on peut se demander qui viole davantage les décisions internationales, la partie qui utilise des armes chimiques dans un conflit ou celle qui lance des frappes sans attendre un mandat de l’ONU... Mais c’est là un tout autre dossier. Pour l’instant, c’est encore l’étape des frappes qui fait l’objet d’analyses.


(Lire aussi : Assad sort-il vraiment affaibli de la « punition » occidentale ?)


Les sources diplomatiques arabes précitées affirment ainsi que les attaques occidentales en Syrie auront pour premier résultat de pousser les Russes à renforcer leur aide militaire au régime syrien, en se sentant désormais plus libres d’agir puisque les Occidentaux eux-mêmes ont fait fi de l’ONU. Même raisonnement pour l’Iran. De plus, les frappes n’ont pas favorisé un changement politique de nature à renforcer les groupes de l’opposition dans une éventuelle reprise du processus entamé à Genève. Il y aurait donc peu de chances que les frappes poussent le régime syrien et ses alliés à revoir à la baisse leurs conditions...

Selon ces mêmes sources, s’il faut dresser un premier bilan des frappes, on peut dire qu’elles ont servi les intérêts du président américain en détournant l’attention de l’opinion publique américaine des multiples scandales qui l’entourent (notamment les démissions successives de ses proches collaborateurs), tout comme elles lui ont permis de montrer qu’il n’est pas, comme le présentent ses détracteurs, un ami du président russe, puisque les relations entre les États-Unis et la Russie n’ont jamais été aussi mauvaises depuis la fin de la guerre froide. De plus, comme il compte faire payer aux pays du Golfe le coût des frappes, il n’aura pas à puiser dans le Trésor public. Enfin, pour Donald Trump, il était aussi important de montrer qu’il n’est pas comme son prédécesseur Barack Obama, dans la mesure où il n’hésite pas à mener des frappes quand il estime qu’il faut le faire. On se souvient en effet de l’épisode des menaces de l’administration Obama en 2013, suite aussi à une prétendue utilisation d’armes chimiques, qui s’était terminée par un retour aux négociations après notamment le refus britannique de participer à une telle opération. Idem pour la Première ministre britannique Thérésa May, qui a elle aussi des problèmes internes, ainsi que pour le président français qui lance des réformes sociales impopulaires. Il faut aussi préciser que ces trois pays ont reçu récemment l’homme fort du royaume saoudien, qui a conclu avec eux des contrats d’armement aux montants élevés.

Les frappes ont donc été utiles aux pays occidentaux, sans être gênantes pour le camp adverse. Telle est la conclusion qui apparaît pour l’instant.



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commentaires (8)

c'est grace au Assad que le calme a régner pendant 40 ans au Golan et ca Israel le sait

Bery tus

17 h 59, le 17 avril 2018

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Commentaires (8)

  • c'est grace au Assad que le calme a régner pendant 40 ans au Golan et ca Israel le sait

    Bery tus

    17 h 59, le 17 avril 2018

  • Comme j'ai eu le privilège d'être enfin publié, je vais en profiter pour dire que si on a envie de me lire, d'abord J'éprouve une certaine flatterie même si on ne partage pas mon avis, mais SURTOUT POUR l'amour du ciel QU ON ME LISE BIEN AVANT DE COMMENTER. HASTE MAKE WASTE. MERCI ENCORE UNE FOIS DE PUBLIER SVP.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 59, le 17 avril 2018

  • Hourrrrrahh...bonne nouvelle pour le monde: la Syrie est parmi les pays incorruptibles, sainte et pure, prenons exemple pour mériter le paradis !!! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 48, le 17 avril 2018

  • Je commence même à lire que israel veut le maintien de BASHAR EL ASSAD le héros syrien dans le W.P C'EST marrant parce que ces usurpateurs ne l'ont jamais aidé pour cela. Ce Qu'on VOIT surtout c'est un soutien inconditionnel à ses ennemis wahabites. Il reste fort grâce à ses convictions et ses alliés indefecrtibles face à la corruption qui ronge l'autre partie. Publiez moi à la fin .Zut alors !

    FRIK-A-FRAK

    14 h 08, le 17 avril 2018

  • YESSSSSSS ! DECRYPTAGE SUPERBEMENT REUSSI ! comme toujours

    Gaby SIOUFI

    14 h 01, le 17 avril 2018

  • Article confondant de clichés. je vous invite à revoir votre histoire contemporaine: Jamais un dirigeant qui ait été bombardé par les US (et a fortiori la France et l'Angleterre) n'a pu faire un come-back politique. Jamais. le sieur Assad et sa Syrie utile sont condamnes au statut de Pariah-state. même le Cuba de Castro n'a été engagé par les US que quand le Leader Massimo a été mis à la retraite. Kaddafi ? Milosevic ? Noriega ? Saddam ? on sait tous comment ils ont fini. depuis ce weekend Bashar Assad vient de rejoindre ce club tres select. regardez la vérité en face svp

    Lebinlon

    13 h 35, le 17 avril 2018

  • Le contenu de votre article exprime bien la mièvrerie de la situation sur la scène régionale et internationale. Il confirme indirectement le maintien du feu vert donné au régime syrien depuis sa naissance, pour éxécuter, de bout en bout, un véritable "cahier de charges" intérieur devant devenir en fin de parcours, compatible avec une géopolitique régionale en gestation. C'est ce qui explique d'ailleurs le sauvetage permanent de ce régime et de son chef, chaque fois qu'il a été en mauvaise posture et que les objectifs statégiques qu'il se doit d'éxécuter, étaient en danger...!

    Salim Dahdah

    11 h 50, le 17 avril 2018

  • VOUS pensez réellement que les 3 on eu peur des 3 autres ?!?!?

    Bery tus

    05 h 24, le 17 avril 2018

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