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Rym Beydoun

Génération Orient III : #4 Rym Beydoun, créatrice de mode, 28 ans

La jeune créatrice libanaise s’approprie, amalgame et bouscule tout ce qu’elle touche. Renversant tout sur son passage, elle signe une mode innovante et sans tabous, basée sur un rapport très puissant avec l’Afrique et sa spiritualité.

Née à Abidjan en 1990, Rym Beydoun met son interlocuteur tout de suite à l’aise en lui affirmant qu’elle se sent plus africaine que libanaise. Ses 10 premières années passées en Côte d’Ivoire, jusqu’au premier coup d’État de 1999, seront primordiales dans la construction de sa personnalité et de son rapport à l’identité. Car ses 10 années suivantes au Liban seront, elles, marquées par en renfermement sur soi, une mélancolie de la vie africaine et une gabegie de lectures, un livre par semaine. Même si elle passe un bac littéraire, c’est par le dessin qu’elle s’exprime. Que ça soit par un talent précoce en peinture, première exposition à 6 ans, ou par des gribouillages compulsifs, elle finit par être admise en classe préparatoire à l’école Central Saint Martins de Londres, en 2008.

Cette école est ce qui se fait de mieux en termes de métiers créatifs, et la concurrence y est féroce, avec un écrémage drastique dès la première année. Ça tombe bien, car Rym Beydoun est une battante, se nourrit de compétition et aime être la meilleure. Elle fera donc partie des 60 sélectionnés sur 600 qui intégreront la filière mode. Chaperonnée par Howard Tanguy, légende du design et grand mamamouchi de la section mode, formateur d’un certain John Galliano, elle y mène une scolarité épanouissante, mais garde sa liberté d’expression, impose ses choix. La quatrième année, pendant laquelle il est demandé aux étudiants de faire un stage, sera l’occasion pour la jeune femme de faire autre chose, totalement autre chose.

Super Yaya

Sûre d’elle, de sa technique, elle profite de cette période d’apprentissage pour s’ouvrir à deux centres d’intérêt qui seront au cœur de sa mode. La spiritualité d’abord, et notamment la religion musulmane, et l’Afrique en suite. Continent à part, son rapport à la mode est totalement à part du reste du monde. Elle profitera des voyages de son père pour l’accompagner et se familiariser avec les tissus, les métiers du tissage, les tailleurs, les premières marques de mode. En Afrique, le peuple achète ses tissus et se fait ensuite faire des vêtements par des tailleurs de rue. Alors qu’ailleurs, le métier de tailleur est haut de gamme, en Afrique, il est populaire. C’est donc pendant cette période que la personnalité professionnelle de Rym se forme. Son projet de fin d’études portera sur une modernisation du voile islamique, une amélioration de sa coupe, pour en garder les préceptes religieux, mais y apporter davantage d’aisance, une modernité. Le projet effraye un peu l’école, mais devant la détermination de la brindille africaine, la direction cède et Howard Tanguy la soutient. Il sait que cette collection est très respectueuse de la religion et en aucune manière un moyen marketing pour Rym Beydoun de s’en servir pour faire le buzz.

Diplôme en poche, avec quelques articles dans la besace aussi, elle doit quitter l’Angleterre faute de visa, et retourne en Afrique. Elle veut absolument commercialiser sa collection sur le voile, mais a besoin de la financer. Pas du genre à compter sur la famille ou les amis, elle va donc monter son projet africain, basé sur les tissus locaux, wax, la technique des tailleurs africains, et une imagerie pop hyperefficace, Super Yaya. En parallèle, pour prouver que son talent est solvable dans d’autres projets, elle crée à Dubaï une collection de abayas pour la marque Shashamane, tirée du nom d’un quartier jamaïcain d’Addis-Abeba. Début 2015, elle s’installe définitivement à Beyrouth et se concentre sur le bébé Super Yaya qui, dans son business plan, devra servir de source de financement pour sa collection de voiles, vraie ambition de cet ovni au physique adolescent. Le monde de la mode craque pour elle et ses créations pop colorées, étant présente dans 7 magasins partout dans le monde. Et pour 2018, Rym Beydoun a préparé une révolution. Rien que ça.


Rym Beydoun en 24 images par seconde:


Sa créativité et sa compréhension de la psychologie humaine sont d’un niveau supérieur:


La jeune créatrice libanaise s’approprie, amalgame et bouscule tout ce qu’elle touche. Renversant tout sur son passage, elle signe une mode innovante et sans tabous, basée sur un rapport très puissant avec l’Afrique et sa spiritualité.
Née à Abidjan en 1990, Rym Beydoun met son interlocuteur tout de suite à l’aise en lui affirmant qu’elle se sent plus africaine que libanaise....

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