La communauté internationale s'est engagée vendredi à mobiliser en faveur du Liban 10,2 milliards de dollars de prêts, dont 9,9 milliards à des taux bonifiés, et 860 millions de dollars de dons, destinés principalement à bonifier ces prêts, lors de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE) qui s'est tenue vendredi à Paris. Celle-ci avait pour objectif d’œuvrer à la modernisation de l'économie du pays et au renforcement de sa stabilité, menacée par les crises régionales.
« C’est beaucoup plus que ce à quoi on s’attendait ! », a confié à L’Orient-Le Jour le conseiller économique de Saad Hariri, Premier ministre du Liban, Nadim el-Mounla, à la fin de la conférence. En effet, les promesses de prêts formulées par la communauté internationale ont dépassé toutes les prévisions. Le Liban, qui a présenté aux bailleurs de fonds son ambitieux Programme d’investissement (Capital Investment Program, CIP) en infrastructures, espérait obtenir suffisamment de prêts pour financer environ 65 % du coût total de la première phase de ce programme, estimé à 10,8 milliards de dollars (frais d’expropriations compris). Le reste de l'enveloppe devait être financé par des Partenariats Public-Privé. La première phase du CIP devrait durer six ans si l’on prend en compte la période des travaux préparatoires et de la mise en œuvre.
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Une large participation
Au total, 37 Etats et 14 organisations internationales et régionales (FMI, Banque mondiale, UE..), ainsi que des représentants du secteur privé (General Electrics, CMA CGM…) et de la société civile (Kulluna Irada, Carnegie) étaient réunis pour cette conférence. Parmi les plus gros donateurs figurent la Banque mondiale, qui s'est engagée sur quatre milliards de dollars de prêts au cours des cinq prochaines années, et l'Arabie saoudite, qui a renouvelé une ligne de crédit d'un milliard de dollars, signe de son engagement au côté du Liban malgré ses inquiétudes récurrentes sur l'influence croissante de l'Iran dans ce pays. « Il s'agit du renouvellement d'une ligne de crédit qui était là par le passé mais qui n'avait pas été utilisée », a déclaré Nadim Mounla.
De son côté, l’Union européenne a accordé des prêts à travers ses institutions financières : la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a octroyé 1,1 milliard d'euros sur six ans, et la Banque européenne d'investissement (BEI) 800 millions d'euros de prêts sur cinq ans. L'UE a également annoncé un don de 150 millions d’euros supplémentaires sur trois ans.
« Ces dons visent à soutenir les projets qui seront financés par les institutions financières internationales. Cela peut potentiellement permettre de lever 1,5 milliard d’euros, car ces 150 millions d’euros servent à subventionner les intérêts des prêts afin de les rendre plus avantageux pour le Liban », a expliqué à L’Orient-Le Jour une source au sein de l’UE. En d’autres termes, ce mécanisme permettrait que « chaque 100 dollars de subventions des intérêts permettent au Liban d’avoir un prêt de 3 000 dollars », a illustré M. Mounla.
(Repère : Conférence CEDRE : les prêts et les dons obtenus par le Liban)
Des prêts à des secteurs définis
Plusieurs Etats ont préféré associer leurs prêts à des secteurs définis, voire à des projets particuliers du CIP. « Les pays font des prêts liés à des secteurs ou à des projets, selon ce qui leur semble le plus prioritaire. L’Allemagne a souhaité concentrer ces prêts sur le secteur de l’eau et sur la gestion des eaux usées ; la France est surtout intéressée par le secteur des transports et plus particulièrement la construction des routes ; quant à la Chine, elle souhaite soutenir le secteur de l’énergie », a indiqué M. Mounla.
Une source au sein du ministère français des Affaires étrangères a expliqué à L’Orient-Le Jour que ce résultat positif découle d’un travail de « négociations menées par le Quai d’Orsay avec les différents pays et institutions participant à la CEDRE pour leur exposer l’importance que revêt cette conférence pour le Liban, l’importance qu’il y a à contribuer et à annoncer des dons significatifs ». Ces négociations ont été conduites principalement par l’ambassadeur Pierre Duquesne auprès « des pays du Golfe mais également auprès de nos partenaires européens et américains, ainsi que d’autres grands partenaires », a ajouté cette source. « Tous ne souhaitent pas que le Liban subisse de nouveau une période d’instabilité, puisque cela peut avoir une répercussion sur l’ensemble de la région. L’ensemble de nos partenaires sont assez sensibles à cela car si nous avons du mal à faire démarrer l’économie, les tensions sociales s’aggraveraient », a-t-elle poursuivi.
Mais comme l’a souligné le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, « les réformes structurelles sont indispensables à la croissance économique, à l’assainissement des finances publiques et au renforcement de la capacité du pays à attirer plus d’investisseurs et d’entreprises privées ».
(Lire aussi : Tout ce qu’il faut savoir sur CEDRE)
La vision du Liban
Pour convaincre la communauté internationale du sérieux du gouvernement à engager ces réformes, le Premier Ministre Hariri a présenté la « Vision pour la stabilisation, la croissance et l’emploi ». Cette vision est fondée sur quatre piliers : (1) augmenter le niveau d’investissement public et privé ; (2) garantir la stabilité économique et financière par un rééquilibrage des finances publiques ; (3) entreprendre des réformes sectorielles et transversales essentielles, notamment la lutte contre la corruption et la modernisation du secteur public et de la gestion des finances publiques ; et (4) mettre au point une stratégie de renforcement et de diversification des secteurs productifs du Liban, avec une réalisation de son potentiel exportateur.
M. Hariri a ensuite insisté sur la nécessité pour le Liban de conduire des réformes budgétaires pour renforcer la confiance des investisseurs internationaux publics comme privés. Il s’est engagé à atteindre un objectif ambitieux d’ajustement budgétaire de cinq points de PIB dans les cinq prochaines années, à travers une combinaison de mesures portant sur les recettes (notamment une collecte accrue des impôts) et les dépenses, comme la réduction des transferts à Électricité du Liban (EDL), afin de dégager un excédent primaire.
Plusieurs participants, dont le président Emmanuel Macron, se sont félicités des mesures adoptées par le Liban avant la conférence, visant à renforcer la confiance de la communauté internationale, des bailleurs de fonds et du secteur privé. Parmi elles, l’accélération de la mise en œuvre des projets déjà approuvés, la signature et la ratification de prêts, ainsi que l’allocation et le décaissement de fonds de contrepartie locaux. L’allocation de ressources humaines et financières au Haut conseil pour la privatisation et le partenariat devrait également faire partie de ces mesures.
L'octroi de ces fonds ainsi que la mise en œuvre de ces réformes structurelles seront régulièrement examinés par le biais d’un mécanisme strict de suivi. « Un comité de suivi où siégera le Liban, la Banque mondiale, le FMI, la France, les Etats-Unis et d’autres partenaires sera créé. Chaque année, au moins deux réunions de ce comité seront organisées, l’une à Beyrouth, l’autre à Paris. Toutefois, le mécanisme de fonctionnement n’est pas encore tout à fait finalisé », a précisé à L’Orient-Le Jour M. Mounla. Les Pays-Bas ont proposé lors de la conférence d’organiser en 2019 une réunion de suivi multilatérale de la CEDRE.
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Traduction de cette générosité des donnateurs: Garder les réfugiés et les déplacés et préparez vous à leur donné la carte d'identité de ce que deviendra le LIban: un taboulé de refugiés et de candidats à l'immigration assaisonés de gouverneurs milliardaires à double triple et même quadruple nationalités Allah Yisseiidna...
Wlek Sanferlou
02 h 37, le 08 avril 2018