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Gare au piège de l’angélisme

Le compte à rebours commence donc aujourd’hui. Avec l’expiration hier à minuit de l’échéance officielle pour l’enregistrement des listes électorales au ministère de l’Intérieur, le coup d’envoi des batailles en vue du scrutin du 6 mai prochain a été donné. Pour l’essentiel, le week-end dernier a permis de clarifier les alliances avec l’annonce en grande pompe des listes de candidats appelées à croiser le fer dans les principales circonscriptions du pays.

Pour l’ensemble des Libanais, y compris les hauts responsables et les chefs de file politiques, la nouvelle loi électorale constitue une première et une énigme qui rendent particulièrement difficile, sinon impossible, d’établir un quelconque pronostic sur ce que pourrait être le profil de la nouvelle Chambre. Il reste qu’au stade actuel, certaines observations préliminaires pourraient être d’ores et déjà avancées.

Mais une remarque s’impose au préalable. Il est en effet regrettable que des figures parlementaires qui se sont distinguées par leur présence de poids, place de l’Étoile, ou par leur action assidue seront absentes de la prochaine Assemblée. Certains de ces députés sortants non candidats ont fait preuve d’un indéniable dévouement à la chose publique et d’une persévérance notable dans l’accomplissement de leur rôle de législateurs, notamment en ce qui concerne les droits de la femme ou des propositions à caractère social. D’autres n’ont jamais hésité à adopter des positions audacieuses portant sur les questions existentielles, réaffirmant leur attachement à une attitude ferme à l’égard du Hezbollah et du régime syrien. Reste à espérer que ces pôles parlementaires trouveront une place dans le futur gouvernement, en application du principe du non-cumul des fonctions de député et de ministre.

Mais pour l’heure, nous n’en sommes pas encore là. Les dés étant aujourd’hui jetés au niveau des candidatures et des alliances, le contrecoup de la nouvelle loi électorale sur le jeu politique interne commence à se manifester au grand jour. Cet impact confirme tout ce qui est rapporté au sujet de l’effet négatif d’un mode de scrutin basé sur la proportionnelle (non seulement au Liban, mais aussi dans le monde), à savoir l’atomisation poussée à l’extrême de l’échiquier politique. Nous avons assisté à ce phénomène d’effritement au cours des derniers mois, en ce sens qu’il est apparu que les partis et factions qui partagent les mêmes grandes options stratégiques et nationales n’ont pas nécessairement intérêt à faire partie d’une même liste, du fait de la nature de la loi électorale. Il en a même résulté dans certains cas des alliances contre-nature, pour le moins qu’on puisse dire « surprenantes ».

Conséquence inéluctable de cette distorsion du jeu politique : la dilution des fondements de ce qui aurait dû être le véritable enjeu de ce scrutin. Certes, il est devenu impératif que les grands partis et courants politiques se penchent enfin, sérieusement, sur les graves problèmes de la vie quotidienne de la population, notamment sur les plans des services publics de base, des infrastructures, de l’inflation galopante, des prestations sociales, des allocations de retraite, de l’assurance santé, etc. Ce volet socio-économique et de développement est négligé depuis de trop longues années par la classe dirigeante et il est devenu crucial qu’il retrouve sa place en tête des priorités des hauts responsables officiels.

Mais il ne faut pas s’y méprendre. Tous les projets de réforme et de développement risquent de faire rapidement chou blanc si le mini-État milicien de fait accompli bénéficie dans la prochaine Chambre d’une forte présence parlementaire qui lui permettrait de poursuivre sa politique de nuisance et de blocage. Tel est en définitive le véritable enjeu de cette bataille électorale qui pointe à l’horizon. Car la persistance des manœuvres obstructionnistes qui sont au cœur de la stratégie de grignotage du Hezbollah réduirait sensiblement la capacité du pouvoir central à plancher efficacement sur les préoccupations majeures de la population.

Le rôle de l’électeur est vital sur ce plan. Par son vote, il se doit de renforcer les partis et les courants, quels qu’ils soient, qui sont porteurs d’un projet de remise sur pied d’un État efficace et maître de ses décisions, qui soit capable de contrer les tentatives d’ancrer le Liban à l’expansionnisme iranien. Cela implique de ne pas tomber dans le piège de l’angélisme affiché par certains candidats qui par leurs slogans populistes et creux font sciemment diversion ou se trompent de bataille en occultant dans le débat public le problème de fond posé par le mini-État milicien. En période de crise existentielle, il faut savoir faire preuve de discernement.

Le compte à rebours commence donc aujourd’hui. Avec l’expiration hier à minuit de l’échéance officielle pour l’enregistrement des listes électorales au ministère de l’Intérieur, le coup d’envoi des batailles en vue du scrutin du 6 mai prochain a été donné. Pour l’essentiel, le week-end dernier a permis de clarifier les alliances avec l’annonce en grande pompe des listes...

commentaires (4)

Mr Touma, il ne faut pas trop rêver en comptant sur le bon vote de l'électeur. Le peuple libanais n'a jamais su et ne saura jamais ce qui est bien pour son pays. L'intérêt communautaire et personnel priment sur l'intérêt propre du Liban.

Achkar Carlos

14 h 14, le 27 mars 2018

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Commentaires (4)

  • Mr Touma, il ne faut pas trop rêver en comptant sur le bon vote de l'électeur. Le peuple libanais n'a jamais su et ne saura jamais ce qui est bien pour son pays. L'intérêt communautaire et personnel priment sur l'intérêt propre du Liban.

    Achkar Carlos

    14 h 14, le 27 mars 2018

  • Ça faisait longtemps qu'on attendait un article de vous Mr Touma. Et c'est tout ce que vous nous proposez ? Permettez moi de vous dire que vous non plus vous n'avez pas changé dans vos " convictions" un peu obsolètes et désuètes .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 27, le 27 mars 2018

  • Merci Merci pour cet article qui nous fait comprendre ce qui est occulte...pauvre LIBAN..prions pour notre patrie..

    Soeur Yvette

    09 h 03, le 27 mars 2018

  • DEMANDER AUX MOUTONS SUIVISTES ET BELEURS DE FAIRE PREUVE DE DISCERNEMENT EST UNE RIGOLADE ! RIEN NE VA CHANGER MEME SI DES SOSIES ET DES CLONES SONT AJOUTES AUX ALIBABISTES ORIGINAUX ! LES BOYCOTTAGES ET LES NUISANCES VONT REPRENDRE LEUR TRAIN ET LA POLITIQUE DES COMPROMIS SERA MAITRESSE INCONTESTABLE DU TERRAIN ! ET SI CELA CHANGEAIT ? YARET ! LES REVES SE DILUENT AU REVEIL...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 27 mars 2018

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