La mode est au making of, ou aux coulisses pour ne pas froisser ce Mois de la francophonie. Les coulisses de la réalisation d’un film, d’un clip, d’un reportage, aussi, de plus en plus.
Ici, nous allons lever, un peu, le voile sur la réalisation, par notre collègue Suzanne Baaklini, du dossier inclus dans ce numéro sur les carrières au Liban.
Pourquoi évoquer ces coulisses ? Parce qu’elles en disent beaucoup sur ce qui ne tourne pas rond et ce qui ne file pas droit au Liban.
D’abord, malgré la loi sur l’accès à l’information, votée par le Parlement en janvier 2017 (huit ans, tout de même, après qu’un projet en ce sens eut été soumis aux députés), il nous a été impossible d’obtenir du ministère de l’Environnement les données de base sur ce dossier : nombre de carrières légales et illégales, superficie totale des unes et des autres, nombre de permis émis…
Ensuite, des militants engagés contre les carrières illégales, interrogés pour la réalisation de ce dossier, ont requis l’anonymat, redoutant des pressions.
Enfin, nous avons eu recours à un drone pour la vidéo réalisée en partenariat avec Live Love Beirut (et diffusée sur nos réseaux sociaux), parce qu’il faut prendre de la hauteur pour découvrir l’ampleur du désastre, mais aussi parce que nous savions que s’approcher, avec une caméra, de certaines carrières peut s’avérer dangereux pour les journalistes.
Ces deux derniers points illustrent le poids, la force et les connexions de ce secteur. Ils illustrent aussi l’incapacité des autorités à faire appliquer les règlements.
Ce dossier spécial n’est pas une attaque contre l’industrie des carrières en général. Les carrières peuvent être utiles à l’économie du pays. Mais elles ne peuvent être utiles que si elles sont pensées et exploitées dans le respect des règles et suivies d’une opération de réhabilitation, une fois l’exploitation arrivée à son terme.
Or, le Liban est gangrené de carrières ouvertes illégalement, qui pèsent extrêmement lourd sur l’environnement, érodant la couche de sol productif, favorisant la désertification, polluant les sources d’eau souterraines et l’air. Des carrières illégales qui ne sont, en outre, jamais ou mal réhabilitées.
Pourquoi publions-nous ce dossier aujourd’hui ?
Parce que vous, électeurs, serez bientôt appelés à renouveler le Parlement, et à porter dans l’hémicycle des députés avides de développer et protéger le Liban, plutôt que des intérêts particuliers.
Parce que, aussi, il y a urgence. Avec la reconstruction prochaine de la Syrie, le secteur des carrières au Liban risque de se développer dans des proportions massives. Si ce développement devait avoir lieu dans le chaos qui règne actuellement, le Liban, au lieu d’en tirer des bénéfices, en paierait le prix à court, moyen et long terme.
Aujourd’hui, vous pouvez faire trois choses : lire ce dossier pour comprendre pourquoi le Liban n’en finit plus d’être balafré. Vous pouvez aussi partager notre vidéo sur les réseaux sociaux, parce que ces réseaux, s’ils ont plein de défauts, sont malgré tout une caisse de résonance. Vous pouvez enfin, et c’est là peut-être le plus important, exiger des prétendants au Parlement un véritable programme pour la protection de notre environnement.
commentaires (3)
IL Y A URGENCE A AGIR EN TOUT AU LIBAN ET PRIORITE A LA DETTE GIGANTESQUE DE L,ETAT ET A L,ASSAINISSEMENT DES INSTITUTIONS PUBLIQUES EN REDUISANT LE NOMBRE ENORME DES FAINEANTS, CLIENTELES DES ZAIMS, NOMMES PAR LES ZAIMS ET PAYES PAR LE CONTRIBUABLE POUR NE RIEN FOUTRE... ET PRIVATISATION DE L,EDL GANGRENE QUI RONGE LES BUDGETS DE L,ETAT..
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 00, le 20 mars 2018