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À La Une - Liban

Droits de la femme au Liban : HRW appelle les candidats aux législatives à mener 5 grandes réformes

"Des réformes ont récemment été mises en place mais les lois libanaises permettent toujours la violence et la discrimination envers les femmes", a regretté la vice-directrice de HRW pour le Moyen-Orient. 

Des silhouettes représentant des femmes tuées par des membres de leur famille et des manifestantes lors d'une manifestation de l'association KAFA pour les droits de la femme à Beyrouth, le 27 janvier 2018. Photo AFP

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a appelé jeudi les candidats aux prochaines élections législatives au Liban à s'engager à mener cinq réformes permettant d'améliorer les droits de la femme, qui devraient être au cœur de la prochaine législation. 

Dans un communiqué à l'occasion de la Journée internationale des droits de la Femme, HRW souligne que le Liban est toujours à la traîne par rapport à d'autres pays de la région en ce qui concerne la protection des droits des femmes.
"Des réformes ont récemment été mises en place", reconnait Lama Fakih, directrice adjointe de HRW pour le Moyen-Orient, qui cite notamment l'abrogation, en 2017 de l'article 522 du code pénal qui permettait jusque-là à l'auteur d'un viol d'échapper à des poursuites judiciaires s'il épousait sa victime. "Les lois libanaises permettent malgré tout toujours la violence et la discrimination contre les femmes", a-t-elle regretté, poursuivant l'exemple de l'article 522 qui aurait dû être suivi de l'abrogation d'autres articles, entre autres concernant les victimes âgées de 15 à 17 ans.

Elle a invité les candidats à "montrer qu'ils prennent les droits de la femme au sérieux en promettant des avancées sérieuses et spécifiques pour modifier les lois portent préjudice aux femmes".


(Pour mémoire : Abrogation de l’article 522 : un exploit ? )


Statut civil, âge du mariage
HRW a notamment souligné l'importance d'établir des lois relatives au statut personnel, les questions de droit civil étant actuellement régies par les différentes communautés religieuses, qui sont toutes discriminatoires envers les femmes, notamment en cas de divorce, de garde d'enfants ou d'héritage. L'organisation insiste aussi sur la nécessité d'amender la loi relative à la nationalité, afin qu'elle permette aux femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants.

Human Rights Watch appelle également les futurs parlementaires à fixer l'âge minimum du mariage à 18 ans, le Liban n'ayant pour le moment aucune législation nationale en la matière. Les tribunaux religieux permettent le mariage dès l'âge de 15 ans pour les jeunes filles. Lama Fakih souligne que les mariages précoces "ont des conséquences durables, mettent souvent fin aux parcours éducatifs des jeunes filles, et les exposent à des risques élevés de viol conjugal, violence domestique, exploitation et problèmes de santé". 


(Lire aussi : Mariage précoce ; Au Liban, les féministes revoient leurs ambitions à la baisse)


"Le trafic sexuel entache la réputation du Liban"
L'organisation humanitaire appelle par ailleurs à modifier la loi, adoptée en 2014, sur la violence domestique. Cette loi, qui constituait déjà une avancée majeure, établit des mesures de protection des victimes mais définit la violence domestique de façon restrictive, ne criminalise pas le viol conjugal et ne contraint pas les tribunaux religieux à respecter les décisions des tribunaux civils. Certaines dispositions de cette loi doivent encore être mises en oeuvre, comme l'établissement d'unités gérant les cas de violence familiale au sein des Forces de sécurité intérieure et d'un fonds d'assistance aux survivants d'abus domestiques. 


(Lire aussi : « Féminicides » : que l’État libanais prenne ses responsabilités !)


Le quatrième grand dossier qui, selon HRW, doit être absolument réglé par le Parlement est la pénalisation du trafic sexuel. L'organisation invite les parlementaires à soutenir de façon plus efficace la mise en oeuvre de lois permettant de lutter contre le trafic sexuel et à décriminaliser la prostitution consentie afin de permettre aux victimes de trafic de signaler ces crimes aux autorités sans crainte d'être arrêtées. "Le trafic sexuel entache la réputation du Liban et le gouvernement n'en fait pas assez pour enrayer ce crime", a déclaré Mme Fakih. 

Enfin, Human Rights Watch appelle les candidats à la législature à s'attaquer à la question des employés de maison étrangers. Ces migrants, qui sont à peu près 250 000 au Liban et majoritairement des femmes, sont exclus des protections offertes par le code du travail libanais et soumis au système dit de la kafala, ou mise sous tutelle, qui les empêche de quitter leur emploi sans le consentement de leur employeur, ce qui provoque toutes sortes d'abus et d'exploitation. 


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