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Économie - Conférence

La FAO peaufine son registre des agriculteurs libanais

À travers ce projet pilote, l’organisation onusienne veut notamment aider le ministère à mettre à jour le recensement dans ce secteur.

Le registre unifié que la FAO veut mettre en place comprend un volet socio-économique. Joseph Eid/AFP

Le ministère libanais de l’Agriculture et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont présenté vendredi lors d’une conférence organisée à l’hôtel Radisson Blu, à Beyrouth, les résultats de la première phase d’un projet pilote pour la mise en place d’un registre unifié recensant la population agricole au Liban. 

La création d’un tel registre fait partie des recommandations identifiées en 2016 par la FAO pour renforcer les politiques de protection sociale dans les communautés rurales et agricoles locales. Directement financé par l’organisation – pour un montant de 230 000 dollars –, le projet a été lancé en janvier 2017 et doit s’achever en mai prochain. Il a été mis en œuvre par la FAO avec la contribution du ministère des Finances, du cadastre, de la direction du service géographique de l’armée et du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS). Le recensement a été mené en novembre sur un échantillon de près de 500 agriculteurs, éleveurs et pêcheurs dans les régions du Akkar et de Baalbeck-Hermel.

Objectif socio-économique

Selon la coordinatrice nationale de la FAO pour les questions relatives à la protection sociale et le travail des enfants, Faten Adada, qui est intervenue pendant la conférence, le registre unifié a vocation à comptabiliser le nombre d’exploitants ainsi que celui de l’ensemble des terres agricoles dans le pays, et de mettre en place une interface claire pour permettre au ministère d’y accéder et de la gérer. « Les dernières statistiques portant sur la population, selon lesquels il y aurait près de 170 000 agriculteurs au Liban, datent de 2010. De plus, seuls 60 % des terrains sont répertoriés », souligne-t-elle. « Ce registre inclut de plus un volet des informations relatives à la situation socio-économique des agriculteurs et pêcheurs, informations sur lesquelles les pouvoirs publics pourront se baser pour mettre en place des politiques de soutien adaptées », ajoute Mme Adada. La FAO estime en effet que l’agriculture est le parent pauvre de l’économie libanaise, le secteur contribuant en effet à hauteur de 5 % du PIB du pays – 10 % en comptant sa participation à l’industrie agroalimentaire – et mobilisant 8 % de sa population active.

Outre le recensement dans les régions pilotes, la FAO est également en train de développer une interface pour gérer le registre et doit, d’ici à mai, répondre à toutes les questions juridiques liées à sa mise en œuvre. Une fois le projet pilote terminé, la FAO espère accompagner le gouvernement dans la mise en place du registre unifié à l’échelle nationale. « Nous sommes en train de préparer une nouvelle proposition dans ce sens à l’attention du gouvernement libanais », confirme Mme Adada, qui évoque des négociations pour obtenir un financement de la part d’une instance rattachée à l’Union européenne. « La FAO prévoit notamment d’utiliser ces fonds pour finaliser le développement du logiciel, solliciter un hébergeur web pour mettre la base de données en ligne, ou encore former le personnel du ministère à son utilisation », précise-t-elle. En cas de feu vert à la mise en œuvre du registre à l’échelle nationale, Mme Adada juge qu’il faudra entre 2 et 4 ans pour finaliser le recensement selon les bases définies.

La FAO veut enfin miser sur le succès du projet pilote pour convaincre les autres pays du Moyen-Orient de lancer des initiatives similaires sur leurs territoires respectifs. « Nous avons déjà reçu une demande de la part de la Jordanie. Nous espérons également pouvoir intervenir en Iran, au Maroc ou encore à Oman », se réjouit le directeur de la FAO pour les initiatives régionales de soutien aux exploitations agricoles familiales. Il indique en outre que l’organisation avait déjà mené ce type de projet en Géorgie ou au Panama.

 Soutenu par le ministère de l’Agriculture, qui l’a inclus dans sa feuille de route pour développer le secteur sur la période 2015-2019, le projet ne fait toutefois pas l’unanimité du côté des intéressés. « La mise à jour du recensement est une priorité, mais elle doit s’inscrire dans une approche plus globale », estime le président de l’Association des agriculteurs du Liban, Antoine Hoyek. « Même avec la meilleure interface du monde, le ministère n’a pas les moyens humains et matériels pour recenser efficacement la population agricole au Liban. Mais au lieu d’aborder le problème sous cet angle, la FAO préfère dépenser son budget sur des microprojets comme celui-ci », conclut-il. Il rappelle en outre que l’association milite depuis des années pour la création de chambres agricoles. Un moyen, selon lui, de mieux répondre aux attentes du secteur, mais qui se heurte notamment à l’opposition des Chambres de commerces, qui jugent cette initiative inutile.





Le ministère libanais de l’Agriculture et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont présenté vendredi lors d’une conférence organisée à l’hôtel Radisson Blu, à Beyrouth, les résultats de la première phase d’un projet pilote pour la mise en place d’un registre unifié recensant la population agricole au Liban. La création d’un...

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