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Tania el-Khoury

Génération Orient III : #2 Tania el-Khoury, artiste visuelle, 35 ans

« L’imagination est plus importante que le savoir. » La phrase est signée Albert Einstein. Nombreux sont les enfants qui n’ont jamais aimé l’école et qui se sont avérés être brillants dans la vie. Tania el-Khoury en fait partie !

Née en 1982 dans la ville côtière de Jounieh, elle est la cadette de trois enfants d’une famille très conservatrice et profondément attachée aux traditions. Son père est militaire et sa mère professeure de littérature arabe, tous deux originaires d’un petit village du Akkar, où toute la famille passe ses étés à l’ombre des oliviers qu’ils brossent. Manier le peigne ou la gaule pour la récolte des olives ou faire du fromage traditionnel (le chanklish) ou de la mélasse accouchaient de grands festins autour d’une table où l’on ne servait que de l’amour.

Scolarisée chez les religieuses des Saints-Cœurs, elle avoue n’avoir jamais adhéré au système : « Enfant, mes parents se désespéraient : cette fille n’ira nulle part ! » Il faut croire que le nulle part se conjugue avec le très loin. Le fonctionnement de son cerveau et de sa mémoire ne s’est jamais adapté aux méthodes d’enseignement classique, et en classe, elle rêvait, elle s’ennuyait, elle n’était jamais dans son élément. Elle explique que l’autorité qu’elle subissait (porter un costume, se mettre en rang ou se soumettre à l’avenir que son père voulait lui imposer) se révélera plus tard comme le combat, le leitmotiv de sa vie.

Quand Tania el-Khoury intègre le monde de la performance et du live art, elle n’aura de cesse de chercher à redéfinir les droits du citoyen, d’instaurer un rapport équilibré avec les espaces urbains et de porter loin la voix des droits de l’homme. Ce sera son unique message quand elle fondera à Beyrouth, avec Abir Saksouk, le Dictaphone Group.

Camille Claudel

À l’âge où l’on prend son destin en main, où l’on peut faire fi de l’autorité des cornettes qui martyrisaient les lobes des oreilles ou celle des parents qui rêvent d’une progéniture en médecins, avocats ou ingénieurs, le théâtre se présente à elle comme une évidence. Et son père de lui répondre : « En famille, nous n’avons pas d’enfants qui font du théâtre, d’ailleurs on n’en a juste pas les moyens. » Tania el-Khoury opte pour l’Université libanaise, et quand son père s’informe, il est rassuré : le concours d’entrée était très difficile, « elle ne réussira jamais, laissons-la se présenter », chuchota-t-il à sa mère. Sauf que la jeune fille est parmi les élèves les plus brillantes : elle est plus que choisie, elle est désirée.

À l’université, elle s’essaie à toutes les disciplines : la vidéo, la danse, la production, mais reste encore en décalage par rapport au théâtre classique. Elle était surtout attirée par la performance corporelle, de l’extérieur vers l’intérieur, plutôt que par l’écriture des textes et le simple jeu sur scène. Ses parents commencent enfin à comprendre et s’investissent pour l’aider. Une fois son diplôme (sur Camille Claudel) obtenu, Tania el-Khoury décide d’aller à Londres (de ses propres moyens) pour rejoindre l’école de Jacques Lecoq, où l’acteur est contraint d’utiliser tout son corps et de le contrôler pour exprimer une émotion donnée, où l’acte de création est suscité de manière permanente à travers l’improvisation. Là encore, beaucoup plus que le jeu, c’est l’utilisation de l’espace et l’interaction avec le public qui importent. Dès lors, plus rien ne l’arrête. Un MA au Goldsmiths College, un PHD au Royal Holloway, et des performances (dont Maybe If You Choreograph Me You Will Feel Better) qui feront le tour du monde et où elle récolte les prix les plus prestigieux : International Prize for Live Art (pour l’ensemble de son œuvre), the Total Theatre Innovation Award, Arches Brick Award, etc.

Tania el-Khoury a oublié aujourd’hui le bonnet d’âne dont on l’avait affublée. Elle est désormais une référence dans le domaine du live art, elle renverse les règles classiques du théâtre et prouve que l’intelligence abstraite de tout n’est rien : seuls le talent, la détermination et la persévérance comptent.



Tania El-Khoury en 24 images par seconde:


Elle est une artiste hors normes, fidèle à ses principes et à ses idées:



« L’imagination est plus importante que le savoir. » La phrase est signée Albert Einstein. Nombreux sont les enfants qui n’ont jamais aimé l’école et qui se sont avérés être brillants dans la vie. Tania el-Khoury en fait partie !
Née en 1982 dans la ville côtière de Jounieh, elle est la cadette de trois enfants d’une famille très conservatrice et profondément attachée aux...

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Rigueur et authenticité

De Chadarévian Simone

15 h 49, le 11 janvier 2019

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Commentaires (1)

  • Rigueur et authenticité

    De Chadarévian Simone

    15 h 49, le 11 janvier 2019

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