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Liban - Logements vétustes

Effondrement partiel d’un bâtiment à Bourj Brajneh : une fillette et sa mère tuées

Les immeubles en mauvais état sont monnaie courante dans le quartier.

Photo Zeina Antonios

C’est dans une ruelle étroite et bordée d’habitations vétustes qu’une partie d’un immeuble d’un seul étage s’est effondrée hier en pleine nuit, vers 3h30, à Bourj Brajneh. Vieux de presque 80 ans, selon des résidents du quartier, le bâtiment était habité par Samir Itani, sa femme, Zeinab Ammar, et leur fille Sally, 7 ans. L’effondrement est survenu dans la partie où se trouvaient les chambres à coucher, ce qui a causé la mort de la mère et de la fille. Le père, lui, a été admis dans un état critique à l’hôpital Rassoul el-Aazam. 

C’est vers 4 heures du matin que des policiers de la municipalité de Bourj Brajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, et des membres de la Défense civile ont retiré le père et les deux victimes des décombres. Zeinab et Sally devaient être enterrées hier après-midi au cimetière al-Raml, dans la banlieue sud de Beyrouth.

Les Forces de sécurité intérieure ont passé une grande partie de la journée à ratisser les décombres, à la recherche d’indices sur la cause de l’effondrement. Certains voisins ont avancé l’hypothèse de l’explosion d’une bonbonne de gaz, mais c’est une bonbonne intacte qui a été retrouvée parmi les débris. Reste la piste de la vétusté du bâtiment et d’éventuelles malfaçons dans la construction.

C’est d’ailleurs un bien triste spectacle qui s’offrait hier aux yeux des passants à Bourj Brajneh, un quartier populaire dans lequel les immeubles en mauvais état sont monnaie courante. Après ce drame, c’est d’un œil inquiet que les riverains voyaient plusieurs bâtisses du quartier, affichant, elles aussi, des signes clairs de vétusté.

La bâtisse qui s’est effondrée est nichée au fond d’une petite rue et entourée d’immeubles à l’aspect précaire. Elle est composée de plusieurs commerces au rez-de-chaussée dont trois ont été entièrement détruits. La femme du propriétaire, Ali Mohammad Obeid Anan, gère un magasin se trouvant dans la même bâtisse, mais qui, lui, n’a pas été endommagé.

 « La petite Sally était à l’école avec ma fille », soupire Mohammad, un habitant du quartier venu sur les lieux du drame. « Il y a beaucoup de vieux immeubles dans le quartier », ajoute-t-il, inquiet de voir d’autres incidents similaires se produire. Abdo Mohammad Khalil, qui gérait les magasins détruits, estime ses pertes à 50 000 dollars. « L’immeuble ne présentait pas de signes de vétusté, il était en bon état », assure-t-il, tout en essayant de collecter ce qui reste de sa marchandise parmi les décombres. La vitre arrière de sa voiture, garée sous un immeuble en face, a été pulvérisée. De même pour la devanture d’un commerce de hijabs voisin, entièrement détruite.


Aux municipalités de rénover les immeubles
Venu sur les lieux hier matin à la demande du Premier ministre Saad Hariri, le secrétaire général du Haut Comité de secours (HCS), le général Mohammad Kheir, a fait savoir qu’il incombait aux municipalités de rénover les immeubles vétustes si le propriétaire n’en est pas capable. M. Kheir a également assuré que l’État se tenait prêt à aider les municipalités dont les ressources sont limitées. Le chef du HCS a enfin annoncé que des indemnités seront versées aux habitants de l’immeuble qui s’est partiellement effondré et aux propriétaires des commerces situés à proximité. Des indemnités seront également versées aux proches des deux victimes.

 « Il faut vérifier toutes les habitations (vétustes) au Liban. Ce qui s’est passé est un signal d’alarme à toutes les personnes concernées, nous appelons l’État à assumer ses responsabilités », a lancé pour sa part le député Ali Ammar (Hezbollah), qui s’est également rendu sur les lieux du drame.

Plusieurs cas d’effondrement d’immeubles, partiels ou complets, ont eu lieu à travers le pays ces dernières années. Des appels avaient été lancés à plusieurs reprises aux autorités concernées pour qu’elles recensent les bâtiments à risques, mais aucun effort sérieux n’a été effectué sur ce plan. L’incident le plus grave reste l’effondrement d’un immeuble résidentiel à Fassouh, dans le quartier d’Achrafieh, le 15 janvier 2012, provoquant la mort d’une vingtaine de personnes.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, un policier de la municipalité de Bourj Brajneh, qui préfère garder l’anonymat, révèle que certains immeubles de la localité ont été retapés et que la municipalité et le ministère des Travaux publics ont fait la tournée des vieilles habitations il y a un an pour déterminer quels bâtiments devaient être réaménagés. Mais rares sont les bâtiments qui présentent, effectivement, des signes de rénovation.

Ahmad, qui possède un immeuble non loin de la bâtisse en ruine, assure que son bâtiment a été inspecté par la municipalité et qu’il est « en très bon état », malgré les signes de vétusté apparents. Une attitude qui montre à quel point la sécurité des habitants est mise à mal dans cette partie de la capitale, mais qui traduit également une crise du logement sans précédent.

Dans le quartier populaire et surpeuplé de Bourj Brajneh, les loyers (notamment ceux dits « anciens ») font partie des moins coûteux de l’agglomération beyrouthine. Beaucoup d’immeubles en mauvais état sont occupés par des familles en majeure partie issues de l’exode rural. Une grande partie de ces personnes sont incapables de louer ailleurs, en raison du prix élevé de la location.

Nafissa, 80 ans, habite dans un des immeubles délabrés de Bourj Brajneh et paie un loyer « ancien » de 30 000 LL par mois. « L’immeuble est vieux mais je n’ai pas les moyens d’aller ailleurs. Mon mari a 90 ans et est alité. Le propriétaire nous a récemment demandé 400 dollars par mois, mais nous n’avons pas accepté. Je ne peux pas payer plus. J’aurais voulu que le propriétaire nous demande de partir et nous paie des indemnités », ajoute-t-elle.



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commentaires (2)

"...aux municipalités de renover les immeubles si le propriétaire n'en est pas capable..." dire n'importe quoi pour se dédouaner et faire bonne figure en public. La négligence, la corruption et une grande misère règnent en maîtres dans ces quartiers, pourtant contrôlés par le "parti de DIEU" faisant partie du gouvernement. Un grand tapage médiatique pendant quelques jours, quelques indemnités versées...et la vie continuera comme avant, la fiérte du Hezbollah, n'est ce pas, qui lui dépense des milliers de dollars pour servir des causes qui ne sont pas libanaises... Pauvre petite Sally et sa maman Zeinab, sacrifiées sur l'autel de la corruption et de la négligence... Irène Saïd

Irene Said

08 h 50, le 16 février 2018

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Commentaires (2)

  • "...aux municipalités de renover les immeubles si le propriétaire n'en est pas capable..." dire n'importe quoi pour se dédouaner et faire bonne figure en public. La négligence, la corruption et une grande misère règnent en maîtres dans ces quartiers, pourtant contrôlés par le "parti de DIEU" faisant partie du gouvernement. Un grand tapage médiatique pendant quelques jours, quelques indemnités versées...et la vie continuera comme avant, la fiérte du Hezbollah, n'est ce pas, qui lui dépense des milliers de dollars pour servir des causes qui ne sont pas libanaises... Pauvre petite Sally et sa maman Zeinab, sacrifiées sur l'autel de la corruption et de la négligence... Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 50, le 16 février 2018

  • « Il faut vérifier toutes les habitations (vétustes) au Liban. Ce qui s’est passé est un signal d’alarme à toutes les personnes concernées, nous appelons l’État à assumer ses responsabilités », a lancé pour sa part le député Ali Ammar (Hezbollah), qui s’est également rendu sur les lieux du drame. quel toupet!!! ils ont bati sur des terrains qui ne leur appartient pas et maintenant il veulent que l'etat paye pour la renovation des immeubles vetustes qu'il ont bati....faudrait plutot raser tout cela

    George Khoury

    07 h 32, le 16 février 2018

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