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À La Une - Liban

Hydrocarbures offshore : Le Liban a signé ses premiers contrats, un plan d’exploration soumis dans 2 mois

Les Libanais seront informés des principales étapes à venir et des coûts engagés, assure l'Autorité de l'énergie.


Le président Michel Aoun lors d'une cérémonie officielle au Biel, à Beyrouth vendredi après-midi, pour la signature par le Liban, du premier contrat pour l’exploration et la production d’hydrocarbures offshore avec le consortium mené par le géant français Total, et composé de l’italien Eni et du russe Novatek. AFP / ANWAR AMRO

"Nous avons réalisé un grand rêve et le Liban est entré dans l’histoire aujourd'hui. C'est le début d'une nouvelle étape et le mérite en revient aux Libanais". C'est en ces termes que le président Michel Aoun a salué la signature par le Liban, lors d'une cérémonie officielle au Biel, à Beyrouth vendredi après-midi, du premier contrat pour l’exploration et la production d’hydrocarbures offshore avec le consortium mené par le géant français Total, et composé de l’italien Eni et du russe Novatek (Lire les détails de la cérémonie ici). Une signature qui met fin au premier volet d'un feuilleton qui aura duré plusieurs années.

Suite à la cérémonie, le président de l'Autorité de l'énergie (LPA) - rattachée au ministère de l’Energie et de l’Eau -, Walid Nasr, a fourni certaines indications concernant la suite des évènements.

"Le consortium va maintenant préparer un premier plan d’exploration qui sera soumis dans deux mois et qui contiendra tous les détails concernant ses activités (dans ce cadre) sur les trois prochaines années", a-t-il déclaré lors d’un entretien avec plusieurs journalistes locaux et étrangers. Selon lui, le plan doit notamment inclure la listes des préparatifs - études géologiques, organisation logistique, etc. - pour la construction de deux puits de forage sur les deux blocs concernés, soit le bloc 4 au centre de la zone économique exclusive (ZEE) libanaise  et le bloc 9, situé au sud).


Changements "progressifs"

M. Nasr a toutefois précisé que les opérations d’exploration prévue pour 2019 seront d’abord menées dans le bloc 4. Celles concernant le bloc 9 seront lancées d’ici trois ans, un scénario confirmé par Stéphane Michel, le directeur Moyen-Orient et Afrique du Nord, Exploration-Production de Total. M. Michel, qui a insisté pendant son intervention lors de la cérémonie sur le fait que Total voulait avancer "vite" maintenant que les contrats sont signés, n’a toutefois pas donné de précision concernant le calendrier des opérations de forage dans le bloc 9. "Il y aura un puits dans chaque bloc en 2019. En fonction des résultats, des puits supplémentaires seront établis, sur une période de six ans", a précisé de son côté M. Nasr. Ce dernier a également indiqué que la LPA allait se préparer, courant 2018, à mettre d’autres blocs de la ZEE en jeu, mais sans préciser lesquels, ni se prononcer sur un calendrier concernant une éventuelle annonce.

Le président de la LPA a également souhaité donner des gages de transparence concernant les prochaines étapes du processus. Interrogé sur ce point, il a notamment assuré que des éléments contenus dans le plan d’exploration, comme ses "étapes principales" ou les "coûts engagés" seront rendus publics "conformément aux mesures de transparence" du ministère. Selon lui, les Libanais sauront "tout ce qu’ils ont besoin de savoir" et seuls "les détails techniques qui concernent les sociétés engagées" resteront confidentiels.

M. Nasr a en outre estimé qu’il était encore "trop tôt" pour évoquer des objectifs en termes d’exportation d'hydrocarbures et que les "premiers clients du Liban" , en cas d’un éventuel démarrage de la production, seraient son propre secteur de l’électricité et son industrie. S'agissant des retombées économiques pour le pays du Cèdre pendant la phase d’exploration, M. Nasr a jugé que "le simple fait que trois grandes compagnies s'engagent au Liban est un signal important", argumentant que ces dernières feront en priorité appel à la main d’oeuvre et aux sociétés locales. "Ce seront les premiers signes perceptibles pour les Libanais", a-t-il poursuivi, avant de préciser que les changements seront "progressifs" et s’accéléreront en fonction des premiers résultats de l’exploration. Les retombées en jeu "se comptent en millions de dollars", a-t-il néanmoins assuré. Si le potentiel du Liban se confirme, "l’étape suivante consistera à développer les infrastructures pour commencer la production", a-t-il conclu.


Impossible à estimer

La cérémonie officielle officialisant la signature des contrats formellement signés le 29 janvier entre l’Etat et le consortium met fin au premier arc d’une feuilleton qui aura duré plusieurs années, avant de prendre un tournant décisif en 2017 avec la mise en jeu - via un appel d’offre - de deux des dix blocs délimités sur la ZEE du pays.

"Nous nous retrouvons aujourd'hui pour marquer le début d'un nouveau parcours, (...) et nous annonçons au monde que nous avons effectivement commencé notre parcours en tant qu'Etat pétrolier bénéficiant d'hydrocarbures offshore", s'est félicité le ministre de l'Energie, César Abi Khalil, dans son allocution lors de la cérémonie. "Nous avons perdu des dizaines d'années, alors que toutes les tentatives (d'exploitation des ressources) restaient lettre morte", a regretté M. Abi Khalil, avant d'appeler les responsables libanais à ne plus perdre de temps.

S'il a effectivement franchi une étape décisive vendredi, le Liban devra néanmoins attendre la découverte de premières réserves pour être considéré comme un pays producteur d’hydrocarbures, comme l’a souligné l'ONG Kulluna Irada dans une tribune publiée hier dans les colonnes de L’Orient-Le Jour. Ce mouvement issu de la société civile et qui milite pour une réforme du système politique libanais a également rappelé que les premiers revenus issus de l’exploitation, et qui sont impossibles à estimer à l’heure actuelle, ne seront pas engrangés "avant sept à dix ans, au meilleur des cas". Un appel à la prudence, alors que plusieurs experts se sont déjà risqués à publier des estimations sur la manne qui sera générée par l’exploitation de ces réserves d’hydrocarbures - qui sont pour l’instant toujours théoriques. Dans son rapport trimestriel sur l’économie du pays publié mercredi, le département de recherche de Bank Audi tablait par exemple sur des revenus brut de plus 400 milliards de dollars, dont 200 milliards de dollars revenant à l’Etat.

Dans une vidéo diffusée sur la toile en cours de semaine, Kulluna Irada et l’Initiative libanaise pour le pétrole et le gaz (LOGI), ont en outre alerté l’opinion publique sur la nécessité de mettre en place une stratégie nationale pour gérer le secteur pétrolier et garantir la transparence dans ce secteur.

Enfin, le Liban pourrait également se retrouver forcé de composer avec une montée des tensions avec le voisin israélien autour de l’exploitation du bloc 9, situé au sud de la ZEE libanaise. Le 31 janvier, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a en effet accusé le pays du Cèdre de "provoquer"  Israël en lançant les procédures pour l'exploitation des ressources offshore dans un bloc proche de ses frontières. Des critiques rejetées à l’unisson par de nombreux responsables libanais. Les deux pays sont opposés depuis plusieurs années sur la délimitation de leurs ZEE respectives.


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commentaires (3)

ESPERONS QUE TOUT SE PASSE NORMALEMENT POUR LE BIEN DE CE PAUVRE PAYS !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 51, le 10 février 2018

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Commentaires (3)

  • ESPERONS QUE TOUT SE PASSE NORMALEMENT POUR LE BIEN DE CE PAUVRE PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 51, le 10 février 2018

  • On peut toujours rêver en couleurs: des revenus bruts de 400 milliards de dollars? selon des estimés théoriques? De quoi effacer deux fois la dette nationale... Oui, bon, il faut commencer par forer, estimer réellement le volume des gisements, construire les puits et les installations, ce qui peut prendre des années, rembourser les frais puis s’entendre sur le partage des bénéfices, et savoir ce qui va rester pour les caisses de l’etat, en imaginant une transparence totale, ce qui n’est pas le cas dans notre grotte d’Ali Baba...sans compter ce que le voisin du Sud mijote! On est loin de la coupe aux lèvres.

    Saliba Nouhad

    01 h 05, le 10 février 2018

  • Que de bonnes nouvelles tout ça, sous l'ombre du parapluie de la résistance libanaise .

    FRIK-A-FRAK

    21 h 15, le 09 février 2018

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