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Moyen Orient et Monde - Conflit

Attaques chimiques en Syrie : Washington au pied du mur ?

L’utilisation du chlore est moins meurtrière que le gaz sarin, et son interdiction reste impossible.

Des civils prenant la fuite après un raid du régime à Douma, dans la Ghouta orientale, hier. Bassam Khabieh/Reuters

Il semblerait que Damas ait trouvé la parade. Depuis le début de l’année, plusieurs attaques au chlore auraient été perpétrées en Syrie, et plus particulièrement à Saraqeb, dans la province d’Idleb, et à Douma, dans la Ghouta orientale, mais sans causer la mort des personnes exposées. La dernière en date aurait eu lieu dimanche soir, selon des Casques blancs et des médecins syriens, et onze personnes ont été atteintes de troubles respiratoires par la suite, présentant des symptômes qui indiquent une exposition au chlore. Le 22 janvier, les mêmes symptômes ont été observés chez une vingtaine d’habitants de Douma, a révélé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). 

 « La France est préoccupée par les informations répétées selon lesquelles du chlore aurait été employé à plusieurs reprises contre des populations civiles en Syrie au cours de ces dernières semaines », a réagi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll. « Il est encore tôt à ce stade pour confirmer la nature chimique et la portée de ces attaques », a-t-elle toutefois souligné. 

Malgré les démentis du régime, les États-Unis l’ont accusé d’être à l’origine de ces frappes, et de hauts responsables suggèrent que le gouvernement de Bachar el-Assad pourrait être en train de développer de nouvelles armes chimiques. Washington et Moscou, allié de Damas, se sont d’ailleurs violemment opposés lundi, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité, à propos d’un texte condamnant ces attaques et que la Russie a voulu modifier sans le feu vert américain. Nikki Haley, représentante permanente des États-Unis à l’ONU, a également accusé la Russie de « couvrir » son allié syrien. Le département d’État s’est quant à lui dit « alarmé » par les attaques dans un communiqué, et a reproché au gouvernement russe de ne « pas s’être montré à la hauteur de ses engagements », en référence à l’accord de 2013 sur les armes chimiques du gouvernement syrien, conclu entre Moscou et l’administration Obama. Certains responsables américains n’ont, pour leur part, pas exclu d’avoir recours à de nouvelles frappes. En avril 2017, deux jours à peine après l’attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, le président américain Donald Trump avait ordonné des frappes contre al-Chaayrat, une base aérienne syrienne liée au programme syrien d’armes chimiques, avec 59 missiles Tomahawk. À l’époque, Donald Trump vient à peine d’être élu. Il a besoin d’un geste fort pour l’un de ses premiers tests internationaux. Il s’agit, aussi, de se démarquer complètement de son prédécesseur, qu’il n’a de cesse de critiquer.


(Pour mémoire : Raids meurtriers dans la Ghouta orientale, 29 civils tués)


« Assad teste Trump » 

Aujourd’hui, les choses sont différentes. Le recours au chlore, au cours des récentes attaques, n’est pas nouveau. Des preuves existeraient de l’utilisation de produits chimiques à Saraqeb et Douma, mais sans plus de détails. Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, a, lui, souligné le manque de preuves existant quant à l’utilisation précisément du gaz sarin, d’après lui bien plus « inquiétante ».

Une réaction américaine dépendrait-elle donc de la nature des produits utilisés ? « L’administration Trump semble déterminée à faire respecter les lois internationales sur les armes chimiques, s’il s’agit de gaz sarin. Mais il semble que ce n’est pas le cas du chlore. Barack Obama l’a fait, soulignant que le chlore n’était pas concerné par les prescriptions, contrairement au sarin », après les attaques de la Ghouta en 2013, affirme à L’Orient-Le Jour Joshua Landis, directeur du Centre pour les études sur le Moyen-Orient à l’Université de l’Oklahoma. L’utilisation courante du chlore, bien moins meurtrier que le sarin, pour la purification de l’eau par exemple, rend son interdiction quasi impossible, ce qui explique son utilisation par le régime syrien qui « brouille ainsi les lignes », avance M. Landis.

Washington affirme vouloir un changement de régime à Damas, et certains opposants syriens pourraient espérer voir dans les attaques chimiques un prétexte à l’administration Trump pour y contribuer. Mais il semble peu probable que les États-Unis, bien présents dans le nord syrien et faisant face, entre autres, à la menace turque à Manbij, veuillent s’embourber davantage dans le conflit. « Assad et ses alliés sont en train de tester Trump », estime M. Landis, selon lequel il y a peu de chances que Washington prenne un tel risque. Dans le cas où Donald Trump déciderait d’aller plus loin que l’année dernière, Moscou pourrait réagir également à ce qu’il considère comme un geste hostile. « Une escalade pourrait avoir lieu, des deux côtés, d’autant que les Américains ne voudront pas paraître faibles », en pleine rhétorique nucléaire avec la Corée du Nord.


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commentaires (4)

Au pied de quel mur ? Avec celui qu'elle a déjà sur celui des lamentations cela lui ferait un grand écart qui pourrait lui être fatal .

FRIK-A-FRAK

13 h 04, le 07 février 2018

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Commentaires (4)

  • Au pied de quel mur ? Avec celui qu'elle a déjà sur celui des lamentations cela lui ferait un grand écart qui pourrait lui être fatal .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 04, le 07 février 2018

  • L,UN CRIE HARO SUR LE BAUDET... ET L,AUTRE LE MENAGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 07 février 2018

  • qui teste qui ?

    Democit Atanase

    08 h 06, le 07 février 2018

  • Il n’y Aura rien entre les 2 grands ... s’ils le font qui vas rester pour profiter ?!? Et ils l’ont compris

    Bery tus

    08 h 01, le 07 février 2018

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