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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Vienne et Sotchi, deux rendez-vous pour une seule paix

L’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura en compagnie du chancelier autrichien Sebastian Kurz et de la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Karin Knseissl, hier à Vienne. AFP photo

Les pourparlers de paix sur la Syrie vont s’enchaîner aujourd’hui et demain à Vienne, puis le 30 janvier en Russie, les Occidentaux redoutant que le processus de l’ONU ne soit éclipsé par l’offensive politique de Moscou, après sa victoire militaire sur le terrain.
À la veille de la réunion de Vienne, la pression est montée d’un cran : « Dernier espoir » de paix, a lancé le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian ; des pourparlers dans « une phase critique » a renchéri l’envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura. Dès mardi, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et deux pays de la région, Arabie saoudite et Jordanie, ont affûté leur message envers les Russes, lors d’une réunion à Paris. « Il faut remettre les Nations unies au centre du jeu. Il n’est pas question de laisser le processus de Genève (ONU) être confisqué, détourné ou contourné », résume-t-on de source diplomatique française.

Deux rendez-vous, pour quoi faire ?
 À Vienne, représentants de l’opposition et du gouvernement syrien doivent reprendre leurs discussions, sous l’égide de l’ONU, après un énième constat d’échec en décembre. L’opposition s’était alors présentée pour la première fois unie, mettant un bémol à ses exigences de départ immédiat du président Bachar el-Assad, mais le régime de Damas avait refusé de dialoguer avec elle.
Pour tenter d’arracher une avancée, l’émissaire de l’ONU, Staffan de Mistura, a mis à l’agenda le « volet constitutionnel », moins sensible que celui des élections et in fine le sort du président syrien, chiffon rouge pour Damas. Les discussions parrainées par l’ONU ont lieu d’ordinaire à Genève mais pour des raisons logistiques ont été exceptionnellement délocalisées à Vienne. Dans la foulée, des centaines de représentants syriens, y compris de la société civile, seront réunis dans la station balnéaire de Sotchi, sur la mer Noire, pour un « Congrès du dialogue national syrien ».
À deux mois de la présidentielle russe, Vladimir Poutine espère s’offrir une victoire politique, après avoir volé au secours de Damas militairement, en réunissant représentants du gouvernement et de l’opposition sous les auspices russes. « Le Congrès de Sotchi a pour objectif de tracer une feuille de route. La Russie va y présenter notamment son projet d’une nouvelle Constitution syrienne », résume Adjar Kourtov, analyste de l’Institut russe des recherches stratégiques (RISI).

Des processus concurrents ?
 Moscou affirme que le seul but du Congrès de Sotchi est d’alimenter « efficacement » le processus de Genève avec des « résultats » concrets. Cette initiative, soutenue par la Turquie et l’Iran, respectivement parrains de l’opposition et du régime, s’inscrit dans la continuité du processus d’Astana qui avait abouti à la création de zones de désescalade. Mais pour l’opposition syrienne – qui n’a pas répondu pour l’heure à l’invitation de Sotchi – tout comme ses soutiens internationaux, le doute sur les intentions russes persiste. « Lancer une sorte de comité constitutionnel, de comité de suivi, cela ressemble fort à un processus parallèle (...) Pour être acceptable, Sotchi doit rester (un événement) unique », insiste-t-on chez Jean-Yves Le Drian. Les parrains de l’opposition s’inquiètent aussi des critères d’invitation, de la liberté de parole, voire même de la sécurité des participants à Sotchi. « Amener des patriarches, des Kurdes en costume local etc, cela fait joli sur la photo mais cela ne garantit absolument pas la représentativité de ceux qui seront là », pointe une source diplomatique européenne.

Les États-Unis de retour ?
Les États-Unis, grands absents du processus politique depuis l’élection de Donald Trump, opèrent aussi un « retour diplomatique sur la scène syrienne », relève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe à Genève. Ils ont annoncé vouloir rester en Syrie – où ils comptent 2 000 soldats – jusqu’à ce que l’EI soit totalement vaincu mais aussi pour contrer l’influence iranienne et aider à chasser Bachar el-Assad. « L’Amérique veut utiliser la carte syrienne dans ses rapports avec la Russie et pour faire face à l’influence grandissante des Iraniens », constate Hasni Abidi. « Le conflit d’intérêts entre Moscou et Washington est inévitable. Chacun va bien sûr tenter de minimiser le rôle de l’autre dans le règlement de la crise », anticipe Adjar Kourtov.

Quelles avancées possibles à Vienne ?
 « Ce qui est sûr, c’est que la capacité de la Russie à amener le régime à la table des négociations va être testée à Vienne », note-t-on dans les coulisses diplomatiques européennes. Après Alep en 2016, Bachar el-Assad aura-t-il encore une raison de négocier s’il reconquiert Idleb, dernière grande province tenue par les rebelles ? L’Iran, autre allié de Damas, n’a en outre « que faire du processus politique », souligne une source diplomatique. Pour autant et malgré le triomphalisme affiché par Bachar el-Assad, « le processus de Genève n’est pas mort », estime le politologue russe Fiodor Loukianov. La Syrie reste instable et les risques de déflagration latents, comme l’offensive turque lancée samedi contre les Kurdes d’Afrine. Pour Fiodor Loukianov, « le prestige de la Russie dépendra de l’évolution du processus et seule l’ONU peut légitimer les accords qui seront conclus ».
Source : AFP

Les pourparlers de paix sur la Syrie vont s’enchaîner aujourd’hui et demain à Vienne, puis le 30 janvier en Russie, les Occidentaux redoutant que le processus de l’ONU ne soit éclipsé par l’offensive politique de Moscou, après sa victoire militaire sur le terrain. À la veille de la réunion de Vienne, la pression est montée d’un cran : « Dernier espoir » de paix,...

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