Cette semaine est riche en annonces électorales provenant d'acteurs essentiels de la société civile, parmi eux des coalitions politiques et de nouveaux partis. Ce soir sera annoncée la naissance d'une nouvelle plate-forme politique « Libaladi ». Ce groupe fera lui-même partie d'une alliance large dont la feuille politique sera lancée le vendredi, une « alliance nationale »*.
En même temps, le groupe « Beyrouth Madinati », qui avait réalisé un score plus qu'honorable aux dernières élections municipales de Beyrouth en 2016, a clairement annoncé hier qu'il ne participerait pas en son nom aux élections législatives, tout en laissant à ses membres la liberté de se porter candidats ou d'appuyer des candidats « à titre personnel ». Un reflet d'une décision précédente visant à « préserver le crédit dont jouit le groupe, tout en le gardant focalisé sur une échéance locale, et en gardant leur liberté aux membres », selon une source de cette plate-forme.
Cet enthousiasme de la société civile, notamment des nouveaux regroupements politiques, pour la participation aux prochaines législatives en mai, vient non seulement de l'émergence de nouvelles dynamiques qui ne s'inscrivent pas dans l'orbite des partis traditionnels, mais aussi du fait que la nouvelle loi proportionnelle ouvre théoriquement la voie à des percées dans les différentes régions. Toutefois, selon les experts, cette loi ne manque pas de poser des défis à ces « outsiders » de la politique libanaise, notamment celle du seuil d'éligibilité assez élevé, qui varie selon les circonscriptions mais qui se situe autour des 10 ou 11 %. Si des alliances plus ou moins larges sont nécessaires pour espérer des percées, sauront-elles pour autant rester centrées sur des bases solides, ou seront-elles davantage dictées par des impératifs de tactique ?
Parlant de l'alliance qui sera annoncée vendredi, Wadih Asmar, militant de longue date, notamment au sein du collectif « Vous puez ! », assure à L'Orient-Le Jour que « l'objectif sera de présenter une vision claire et une plate-forme politique qui visera à intégrer le maximum d'acteurs ». « Notre espoir est de former des listes opposantes uniques dans chaque circonscription, et nous avons un mois et demi pour nous y préparer », ajoute-t-il. Leurs principes de base ? La transparence, la lutte contre la corruption, l'égalité entre les genres (qui devrait se refléter dans la composition des listes)...
Pour Gilbert Doumit, lui aussi militant de longue date et cofondateur de « Libaladi », il ne fait pas de doute que « la loi nous offre une chance historique » pour intégrer efficacement la scène politique et y opérer des changements. Contacté par L'OLJ, il note trois indicateurs de changement constatés dernièrement : les résultats des élections municipales, les recensements qui montrent un déclin de l'influence des partis traditionnels et les regroupements civils autour d'une feuille de route unique, constituant par là même une alternative viable. Pour lui, le dialogue entre ces factions permettra de former des listes dans les différentes circonscriptions, sous un plafond politique commun.
(Lire aussi : Le tableau électoral commence à se dessiner)
« Ne pas laisser passer cette chance »
Si l'homogénéité totale est quasiment impossible à réaliser dans des alliances de ce type, le rassemblement de forces différentes sur des bases claires et non de simples aspirations personnelles est une nécessité vitale, selon l'ancien ministre Charbel Nahas, fondateur du mouvement « Citoyens et citoyennes dans un État ». Il avait tenu, depuis peu, une conférence de presse où il avait énoncé les principes de la participation de ce mouvement aux élections. « Nous ne cherchons pas du tout à nous isoler et nous sommes au courant de la feuille politique bientôt lancée, mais nous avons tenu à énoncer les principes suivant lesquels nous allons faire campagne, afin que toute future alliance que nous pourrions nouer soit fondée sur des bases solides et claires », déclare-t-il à L'OLJ. Il note que les deux idées de rassembler un maximum de groupes et de respecter le principe de clarté dans l'alliance sont antinomiques. « Où seraient les choix politiques si on réussissait à unifier tout le monde? » se demande-t-il, soulignant l'importance de la gestion politique de tels mouvements afin qu'ils se transforment en une alternative réelle à des autorités « illégitimes et inefficaces ». « Nous avons tous une responsabilité dans ces élections, et il ne faudrait pas laisser passer cette chance », dit-il.
Ce risque d'hétérogénéité est aussi ce qui préoccupe Jad Chaaban, militant politique et membre de Beyrouth Madinati, mais qui a répondu aux questions de L'OLJ à titre personnel. Il insiste sur la nécessité d'une vision claire pour ces groupes qui se disent tous opposants, notamment de ce qu'ils attendent de leur candidature, ainsi qu'un certain réalisme, dans un pays où tant d'électeurs continuent de se prévaloir des partis traditionnels. « En tant qu'électeur, j'attends de ces forces de changement des programmes électoraux, des propositions électorales sérieuses qui ne se limitent pas à l'opposition négative, dit-il. C'est seulement ainsi qu'ils pourront convaincre de nouveaux électeurs, et non en se déclarant contre tel ou tel, mais sur tel ou tel principe. »
Interrogé sur les risques d'hétérogénéité, Wadih Asmar fait remarquer qu'une alliance, qui n'est pas un parti, est une entente sur un certain plafond politique. « Il est normal qu'il y ait des différends, tant qu'il existe une structure pour les régler et que les forces politiques se sont entendues sur les principes fondamentaux », dit-il. Interrogé sur les programmes électoraux, il indique que les groupes actifs dans des régions données seront libres de proposer les leurs puisqu'ils connaissent le terrain, mais que, de toute façon, ces programmes fondés sur les mêmes principes énoncés dans la feuille politique revêtiront une certaine unité.
Sur la participation de ces « outsiders » au prochain scrutin, beaucoup attendent impatiemment que l'image se clarifie dans les prochaines semaines.
*Cette alliance regroupe pour l'instant, selon un de ses membres, Marc Geara, les groupes suivants : Baalbeck Madinati, le Collectif du Haut-Metn, le Rassemblement de l'état civil, Sabaa, le Rassemblement de l'identité et de la souveraineté, Libaladi, Haqqi, Sah, le collectif Vous puez ! et Mouttahidoun.
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commentaires (6)
LES LEGISLSATIVES SOUS LE SPECTRE DES ARMES ILLEGALES DETENUES PAR UNE SEULE COMMUNAUTE SONT DE LA BLAGUE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 55, le 17 janvier 2018