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Liban - Éclairage

Quand Hassan Nasrallah se pose en guide de la République libanaise

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Photo AFP / AL-MAYADEEN

Il ne faut pas se bercer d'illusions. Le discours tenu par Hassan Nasrallah, mercredi soir, sur la télévision al-Mayadine, prouve qu'il se moque des exigences de la politique de distanciation qui a conduit le Premier ministre Saad Hariri à revenir sur la démission du 4 décembre dernier, et ambitionne toujours de jouer un rôle régional au sein de l'axe syro-iranien, au mépris des interêts bien compris du Liban et de la souveraineté de l'État.

Dans l'interview en question, le secrétaire général du Hezbollah a déclaré que le Liban, au même titre que l'Iran, la Palestine, la Syrie et le Yémen, faisait partie de l'axe de la résistance. Il a en outre, une fois de plus, adressé des critiques à l'Arabie saoudite.

À ce discours s'ajoute la récente visite au Liban-Sud du chef de la milice chiite irakienne « Assaëb Ahl el-Haq », Qaïs el-Khazaali, dont tout laisse croire qu'il est entré au Liban sans passer par les services de la Sûreté générale, comme le ferait tout visiteur qui se respecte et respecte la souveraineté libanaise.
Le moins qu'on puisse dire, assurent des milieux ministériels, c'est que les propos de Hassan Nasrallah ne correspondent pas au climat qui doit entourer les préparatifs des différentes conférences d'appui au Liban qui se tiendront à l'initiative de la France, et dont le Liban escompte des bénéfices sur le plan économique, un appui à un plan de retour des réfugiés syriens, ainsi que des aides à l'armée et aux forces de sécurité.
« Nasrallah se prend, ni plus ni moins, pour le guide de la République libanaise », ironise un leader de la révolution du Cèdre, et son action s'inscrit dans le cadre d'un agenda où le Liban occupe probablement la dernière place, par rapport aux grands idéaux de la révolution islamique que cherche à exporter l'Iran. Des idéaux pour lesquels il est prêt à brader la Constitution, les résolutions internationales, la souveraineté et l'indépendance du Liban, sans parler de ses frontières.

 

(Lire aussi : Le discours de Nasrallah revu à la loupe du 8 Mars)

 

Pour un ministre, Hassan Nasrallah rêve de reconquérir Jérusalem, indifférent à l'atonie économique qui frappe le Liban et à la lame de fond qui a enflammé les rues de nombreuses villes iraniennes, avant d'être réprimée dans le sang et la terreur, non sans avoir révélé une profonde détestation d'une partie de la population pour la dictature des ayatollahs et le projet hégémonique (et coûteux) de Téhéran, qui va de l'Iran à Gaza.

L'exportation de la révolution islamique se fait par la dilapidation des ressources iraniennes dans la folle ambition de reconstituer l'Empire perse, au mépris d'un peuple qui s'appauvrit et se voit contraint de financer l'effort de guerre de l'Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, et la transformation du Liban en base de fusées, estime en substance cette source.

 

(Pour mémoire : Nasrallah : La contestation en Iran est terminée)

 

Une place à la table des négociations
Ce que Hassan Nasrallah veut, c'est se réserver une place à la table des négociations sur l'avenir de la Syrie. Y réussira-t-il ? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il a déjà marqué des points en ce sens. C'est ainsi qu'on apprend que le secrétaire général du Hezbollah a assisté clandestinement à la conférence qui s'est tenue à la base aérienne de Hmeimim (Lattaquié) au cours de laquelle Vladimir Poutine avait annoncé sa décision de retrait militaire partiel de Syrie et de renforcement des bases de Hmeimin et Tartous. Une conférence à laquelle assistaient Bachar el-Assad et Qassem Souleimani, le chef du corps d'élite des pasdaran.

On apprend aussi que le Hezbollah a parrainé des rencontres avec diverses factions palestiniennes et mouvements de résistance, pour mieux coordonner l'aide à l'intifada en Palestine, parallèlement aux efforts déployés par le président égyptien pour préserver l'unité entre le Fateh et le Hamas, en prévision d'un sommet arabe extraordinaire sur la Palestine qui se tiendrait à l'appel des dirigeants saoudiens.
« Qui donc a chargé Hassan Nasrallah de tous ces contacts dont aucun membre du gouvernement n'a été informé et en l'absence de tout représentant de l'institution militaire ? » s'interroge une source chrétienne qui redoute les conséquences de ce qu'il tient pour « de l'aventurisme pur et simple » sur la stabilité du Liban.

Et que peut répondre le Liban à des interlocuteurs européens qui l'interrogeraient à ce sujet ? ajoute en substance la source citée. Que devient le Liban, qui manque toujours d'une stratégie de défense qui coordonnerait l'action de l'armée et du Hezbollah ? Et pour quelle raison ce ne serait pas la Syrie qui prendrait toutes ces initiatives, pour ne rien dire de la question des fermes de Chebaa, que Damas considère comme terre syrienne, alors même que le Liban les revendique comme partie du territoire national ?

 

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Il ne faut pas se bercer d'illusions. Le discours tenu par Hassan Nasrallah, mercredi soir, sur la télévision al-Mayadine, prouve qu'il se moque des exigences de la politique de distanciation qui a conduit le Premier ministre Saad Hariri à revenir sur la démission du 4 décembre dernier, et ambitionne toujours de jouer un rôle régional au sein de l'axe syro-iranien, au mépris des interêts...

commentaires (10)

Hassan Nasralllah, citoyen libanais, fait fi des frontières internationales du Liban. Hassan Nasrallah, citoyen libanais, se moque royalement de l'Etat libanais, de ses lois et de ses procédures constitutionnelles et institutionnelles. Hassan Nasrallah, citoyen libanais, fait fi de la souveraineté du peuple libanais. Donc, Hassan Nasrallah et son Hezbollah se comportent, au mieux, en "tête de pont d'une puissance étrangère", au pire en "ennemi intérieur". La balle est dans le camp, non du Président de la République l'allié inconditionnel de Hassan Nasrallah, mais du Premier Ministre dont la démission/non_démission était uniquement motivée par l'engagement à l'autodistanciation du Liban par rapport à Hassan Nasrallah et ses ambitions eschatologiques d'empire.

COURBAN Antoine

13 h 10, le 06 janvier 2018

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Commentaires (10)

  • Hassan Nasralllah, citoyen libanais, fait fi des frontières internationales du Liban. Hassan Nasrallah, citoyen libanais, se moque royalement de l'Etat libanais, de ses lois et de ses procédures constitutionnelles et institutionnelles. Hassan Nasrallah, citoyen libanais, fait fi de la souveraineté du peuple libanais. Donc, Hassan Nasrallah et son Hezbollah se comportent, au mieux, en "tête de pont d'une puissance étrangère", au pire en "ennemi intérieur". La balle est dans le camp, non du Président de la République l'allié inconditionnel de Hassan Nasrallah, mais du Premier Ministre dont la démission/non_démission était uniquement motivée par l'engagement à l'autodistanciation du Liban par rapport à Hassan Nasrallah et ses ambitions eschatologiques d'empire.

    COURBAN Antoine

    13 h 10, le 06 janvier 2018

  • effarant tant d'impertinence , d'arrogance de CLARTE . --nous - EUX - n'ont pas VOULU rien apprendre de notre histoire. --EUX ont continue a pratiquer les memes strategies personnelles a la recherche du pouvoir & de l'accaparement politiquo/financier . --EUX ont ainsi laisse faire --NOUS-le pseudo peuple avons continue a loue ces memes tetes qui avaient ouvre a la destruction du Liban a 1 moment ou l'autre de son histoire. --LES AUTRES par contre-wali fakih & son homme de main nasrallah - intelligents eux- ont su facilement en profiter. LUI-notre pauvre pays- risque d'en payer un prix fatal. NOUS peuple continueront de louer et adorer idem les memes !

    Gaby SIOUFI

    10 h 26, le 06 janvier 2018

  • Personne ne se berce d’illusions Mr. Abi-Akl... Le pays est régi par Mr. HN qui se moque de tout le monde depuis deux décennies. Le drame, il a su utiliser un pion chrétien opportuniste qui lui donne une couverture nationale sans même réaliser où ça pourrait mener le pays! Imaginons où rêvons un moment si le Hezbollah, dans sa structure actuelle, n’existait pas et la communauté chiite gérée par un Fadlallah modéré et nationaliste: 90% de nos problèmes actuels seraient réglés! Le pays se serait distancé de tous les conflits régionaux, renforcé une armée nationale souveraine et un dialogue national sérieux aurait pu avoir lieu. D’aucuns, naïfs vous diraient: mais qui nous protégerait alors d’Israel? Question stupide car Israël n’aurait aucun intérêt à nous attaquer si sa frontière Nord est sécurisée et que personne ne la menace ouvertement: d’autres pays arabes l’ont déjà compris. Malheureusement, on en est là, et espérons qu’on n’a pas encore atteint un point de non retour...

    Saliba Nouhad

    01 h 25, le 06 janvier 2018

  • La seule présence de ce résistant libanais fait tenir les envahiseurs usurpateurs loin de nous. Que DIEU nous le garde et nous le protège le plus longtemps possible . Ameen.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 06, le 05 janvier 2018

  • Le jour ou cet homme sera le guide de la République libanaise, le Le liban sera éffacée de la carte. Que Dieu nous protège.

    FAKHOURI

    17 h 25, le 05 janvier 2018

  • Il y a ceux qui souffrent du syndrome de Stockholm et il y a ceux qui le refusent complètement mais personne au gouvernement n'ose le confronter... Le peuple libanais paie et paiera le prix par ses libertés, sa vie et son avenir... Allah yisseeiid...

    Wlek Sanferlou

    16 h 45, le 05 janvier 2018

  • Jusqu'à quand et où le laissera-t-on faire et dire ? Faudrait lui raconter, ainsi qu'à Khameneï et Cie. la fable de Jean de La Fontaine: "la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf" Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 11, le 05 janvier 2018

  • Faudrait que tous les "vrais" Libanais lancent à la face de cet imposteur sans foi ni loi et une fois pour toutes le mot de Cambronne.

    Remy Martin

    14 h 07, le 05 janvier 2018

  • C,EST QU,ON LUI LAISSE L,OPPORTUNITE ET LE CHAMP LIBRE POUR JOUER CE ROLE DONT IL ABUSE MEME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 18, le 05 janvier 2018

  • Quelques phrases à méditer: "Nous sommes les enfants de la nation du Hezbollah et nous nous considérons comme une partie de la nation de l’Islam " "Nous sommes fidèles aux ordres de la sage, juste et une UNIQUE autorité du wilayat-el faqih" "chacun d’entre nous est un combattant au moment où l’appel du jihad est décrété". " Nos appelons à choisir le régime islamique qui, lui seul, garantit la justice et la dignité pour tous". (extraits du manifeste du Hezbollah du 16/02/1985) Où est le Liban dans tout ça?

    Yves Prevost

    09 h 17, le 05 janvier 2018

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