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Moyen Orient et Monde - Société

Les premiers cinémas d’Arabie saoudite ouvriront en 2018

Pour certains habitants du royaume, 2017 est « la meilleure année » qu'a connue leur pays depuis longtemps.

Dès l’annonce faite hier par le ministère de la Culture de l’ouverture prochaine « en 2018 » de salles de cinéma, le hashtag « cinéma en Arabie saoudite » a déferlé sur Twitter. Fayez Nureldine/AFP

Pour les Saoudiens, le rêve éveillé se poursuit. Dès l'annonce faite hier par le ministère de la Culture de l'ouverture « en 2018 » de salles de cinéma, le hashtag « cinéma en Arabie saoudite » a déferlé sur Twitter. Les manifestations de joie s'y sont succédé, mais également les déclarations de certains citoyens excédés par l'enthousiasme suscité par cette décision qui ne résout en rien les problèmes quotidiens des Saoudiens. Pour d'autres, 2017 n'est autre que « la meilleure année » qu'a connue l'Arabie depuis longtemps. Certains n'ont pas hésité à publier la photo d'un billet de cinéma datant des années 70, avant que le radicalisme religieux ne passe par là.
Mais au-delà de cette polémique virtuelle, c'est toute une tranche de la société qui aspire à vivre « normalement » –
pour reprendre les termes utilisés par le prince héritier Mohammad ben Salmane – dans son propre pays, sans avoir à se rendre à Bahreïn ou aux Émirats arabes unis pour voir un film en salle obscure. « C'est un moment décisif dans le développement de l'économie culturelle du royaume », a réagi le ministre de l'Information, Awad Awad.

Les chiffres sont d'ailleurs probants : 95 % des cinéphiles de Bahreïn sont en fait saoudiens, qui y achètent 4 millions de billets de cinéma chaque année, comme le souligne Abdeljalil Nasser sur Twitter. Il existe donc un réel engouement du public pour les salles obscures, et c'est en tablant sur ce boost économique que les autorités ont défendu l'annonce de l'ouverture de salles de cinéma.
Il faut noter qu'en dépit du choc qui s'est emparé des cercles proches du pouvoir suite aux purges anticorruption, le climat dans le pays était indiscutablement plus léger, et ce depuis le 23 septembre dernier, date de la fête nationale saoudienne qui a donné le coup d'envoi de toute une série de réformes.

 

(Lire aussi : Quand Riyad veut se convertir à la société de divertissement)

 

« Foodtrucks »
Dans Djeddah, deuxième ville du royaume, les « foodtrucks » ont fait leur apparition à chaque coin de rue, comme pour reconquérir l'espace public. Celui-ci, longtemps oublié et sciemment inexploité à cause de l'interminable liste d'interdits mise en place durant son ère de gloire par le Comité pour la préservation de la vertu et la lutte contre le vice, revient désormais lentement à la vie. Comme dans le district d'al-Chatt, qui signifie « bord de mer en arabe », où ces « foodtrucks » se suivent mais ne se ressemblent pas. L'originalité est le maître mot et chacun rivalise de créativité pour attirer la clientèle dans ce quartier chic de la banlieue nord de Djeddah. Maintenant que le Comité est désormais départi de la plupart de ses prérogatives depuis une décision royale adoptée en mars dernier, l'énergie positive et l'espoir ont gagné du terrain dans les rues de la ville, alors qu'il n'y a pas si longtemps, ce même espace public était source de méfiance et de peur pour nombre de citoyens qui n'adhéraient pas forcément tous à l'islam radical prôné par les membres de ce comité autrefois tout puissant.

 

(Lire aussi : Pour les Saoudiennes, "le temps du silence est fini")

 

C'est donc dans ce contexte qu'est tombée l'annonce de l'ouverture des salles de cinéma. Les grands centres commerciaux avaient d'ailleurs déjà eu vent de cette décision et ils avaient lancé des projets d'extension ou de modification de leurs locaux en prévision de ce changement. La plupart ont prévu dans les plans de leur « espace polyvalent » tout ce qui est nécessaire pour, le moment venu, mettre en place des salles de projection le plus rapidement possible. C'est le cas du centre commercial Red Sea de Djeddah, qui a récemment terminé son projet d'extension et qui se préparerait selon certaines informations communiquées par des personnes proches du projet à transformer leurs salles de conférences en cinéma. Comme la plupart des espaces publics, ces salles devraient avoir des sections séparées pour les hommes et pour les femmes, et une section pour les familles.

 

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