Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Jérusalem

Malgré la colère, la résignation l’emporte chez les Palestiniens

Il y a un regain évident de violence depuis quelques jours, mais la rue palestinienne semble tout de même peu mobilisée.

Des Palestiniens affrontant les forces de l’ordre israéliennes à Ramallah. Abbas Momani/AFP

Vendredi, jour de grande prière pour les musulmans, les caméras du monde entier étaient tournées vers la porte de Damas, l'une des entrées de la vieille ville de Jérusalem, où les gens ont pris l'habitude de se réunir pour manifester. Munie de drapeaux aux couleurs de la Palestine et de photos à l'effigie de Donald Trump, la foule a manifesté sa colère après l'annonce par le président américain de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l'État hébreu. Mais ce jour-là, alors que tout le monde semblait s'attendre à un débordement de violence, les affrontements ont débouché sur les « habituelles » scènes de confrontation entre soldats israéliens et palestiniens : arrestations musclées et charges à répétitions.

À Ramallah et dans le reste de la Cisjordanie, le constat est le même : malgré un regain évident de violence depuis quelques jours, la rue palestinienne semble peu mobilisée. Partout, les manifestants sont moins nombreux. Pour Mkhaimar Abusada, politologue palestinien vivant à Gaza, ce manque de mobilisation populaire s'explique notamment par une méfiance vis-à-vis de l'Autorité palestinienne. « Entre les hommes politiques et le peuple, le fossé est énorme! De nombreux Palestiniens pensent que leurs leaders sont corrompus et qu'ils agissent dans l'intérêt d'Israël. »

À Ramallah, depuis mercredi soir, Aseel est de toutes les manifestations. À 32 ans, la jeune femme explique vouloir « se battre pour son pays » mais son estime pour le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a baissé depuis l'annonce de Donald Trump. « Je le trouvais déconnecté des Palestiniens mais maintenant, je le trouve aussi faible, il n'a pas su s'opposer aux Américains. » Alors qu'Abou Mazen (le nom de guerre de Mahmoud Abbas) a immédiatement dénoncé l'annonce du président Trump et qu'il a d'ores et déjà annoncé qu'il ne recevrait pas le vice-président américain Mike Pence lors de sa prochaine visite au Proche-Orient, beaucoup semblent partager l'avis d'Aseel. « Pour que Mahmoud Abbas regagne la confiance des Palestiniens, il faut qu'il accélère la réconciliation (NDLR : entre le Hamas et le Fateh) et qu'il arrête le blocus imposé à Gaza par l'Autorité palestinienne », explique Mkhaimar Abusada. Depuis le mois de juillet en effet, les habitants de l'enclave palestinienne n'ont droit qu'à quelques heures d'électricité par jour : une mesure prise, à l'époque, pour faire pression sur le mouvement islamiste Hamas mais qui, dans les faits, pénalise essentiellement la population.
Car trois mois après la signature d'un accord de réconciliation entre les frères ennemis, et malgré l'appel conjoint à trois « jours de colère » après l'annonce de Donald Trump, le rapprochement entre les deux piliers de la politique palestinienne semble aujourd'hui au point mort. Censée entrer en vigueur le 1er décembre puis le 10, la mise en place effective de la réconciliation vient d'être repoussée à demain, mardi 12 décembre.

 

(Lire aussi : « Trump fait partie de ceux que l’on appelle les chrétiens sionistes »)

 

 

« Je ne pense pas qu'une nouvelle intifada se produira »
« Les évènements récents remettent le Hamas au cœur de la politique palestinienne », ajoute le docteur Abusada. Le mouvement islamiste pense-t-il avoir une carte à jouer après avoir d'abord annoncé rendre les clefs de Gaza au Fateh ? Il est encore tôt pour le dire, mais le Hamas semble déterminé à faire entendre sa voix.

Jeudi à Ramallah, la capitale administrative des territoires occupés, la manifestation organisée contre le président Donald Trump avait rassemblé plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles Jamila, une jeune étudiante en commerce à l'université de Bir Zeit. Face à ce qu'elle considérait comme un manque de réaction de la part de l'Autorité palestinienne, elle appelait la communauté internationale « à se mobiliser ». De par le monde, son appel semble avoir été entendu. Dans de nombreux pays comme en Turquie, au Koweït ou en France, des sympathisants de la cause palestinienne se sont réunis pour manifester leur soutien et dénoncer la décision de Donald Trump. Réunis en urgence au Caire samedi soir, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont eux aussi officiellement condamné l'initiative américaine, allant jusqu'à considérer les États-Unis comme n'étant plus « parrains et intermédiaires du processus de paix au Proche-Orient ».

Mais alors qu'un homme vient d'être poignardé à Jérusalem et que les affrontements se poursuivent dans plusieurs villes de Cisjordanie, la réaction palestinienne après l'annonce de Donald Trump a des airs de résignation. « Les manifestations vont certainement durer encore quelques jours, mais je ne pense pas qu'une nouvelle intifada se produira. Les Palestiniens sont vraiment fatigués de toute cette violence », estime le Dr Abusada. Une analyse qui, si la tendance de ces derniers jours se poursuit, pourrait peut-être se confirmer. À Ramallah, de nouvelles manifestations sont néanmoins prévues aujourd'hui et demain.

 

Lire aussi

Jérusalem: Erdogan veut prendre la tête de la contestation musulmane 

Israël : mettons fin à l’apartheid ! 

Trump attaque la paix au Moyen-Orient

Jérusalem: chère au coeur des musulmans, symbole de défaite

Que peuvent faire les Arabes face à Trump ? 

Dans l'embarras, Abbas joue sa légitimité

Washington peut-il encore jouer les arbitres entre Israéliens et Palestiniens ?

Jérusalem: Trump met ses alliés arabes dans l'embarras

« Jérusalem est à nous ! » : à Ramallah, la rue se soulève

« Nous revivons le temps de la Nakba. Il y a eu 1948, il y a eu 1967 et il y a aujourd’hui » 

Après Jérusalem, Trump affine « son » plan de paix

1947-2016 : 70 ans de diplomatie américaine face au conflit israélo-palestinien...

Vendredi, jour de grande prière pour les musulmans, les caméras du monde entier étaient tournées vers la porte de Damas, l'une des entrées de la vieille ville de Jérusalem, où les gens ont pris l'habitude de se réunir pour manifester. Munie de drapeaux aux couleurs de la Palestine et de photos à l'effigie de Donald Trump, la foule a manifesté sa colère après l'annonce par le...

commentaires (1)

Il ne faut pas se résigner “La guerre c’est comme une actrice qui vieillit : de plus en plus dangereuse et de moins en moins photogénique.” de Robert Capa “Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé.” de Nelson Mandela Extrait de Un Long Chemin vers la liberté

FAKHOURI

18 h 48, le 11 décembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Il ne faut pas se résigner “La guerre c’est comme une actrice qui vieillit : de plus en plus dangereuse et de moins en moins photogénique.” de Robert Capa “Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé.” de Nelson Mandela Extrait de Un Long Chemin vers la liberté

    FAKHOURI

    18 h 48, le 11 décembre 2017

Retour en haut