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Lifestyle - ZAWARIB BEIRUT

Badaro 2017, un lifting réussi

Il a connu le meilleur et le pire, les jours de gloire et ceux de guerre. Aujourd'hui, le quartier de Badaro est sorti de sa retraite et se porte magnifiquement bien.

Des cafés-trottoirs qui donnent une nouvelle jeunesse au quartier. Photo Michel Sayegh

Il fut un temps où Badaro était une partie de la Forêt des pins ottomane de Beyrouth. Aujourd'hui, Badaro possède toujours l'esprit d'un jardin urbain. Développé dans les années 50, ce quartier aux larges trottoirs ponctués d'arbres et de bâtiments Art déco continue de dégager cette ambiance qui lui est propre, à la fois bouillonnante et sereine, de jour comme de nuit.

Officiellement situé dans le secteur 58 de Beyrouth, « Al Park », Badaro tient son nom de Habib Badaro, un riche industriel qui travaillait dans le textile. Et qui était l'un des pionniers dans le développement de projets pour la nouvelle République libanaise après la Seconde Guerre mondiale.
À l'extrême sud de la ville, le quartier est cerné à l'ouest par la Forêt des pins, par l'hippodrome de Beyrouth et le Palais de justice (Adlieh) au nord, ainsi que Furn el-Chebback, à l'est. Il forme une espèce de triangle inversé, la place de Tayouneh et ses environs formant son sommet. Les avenues principales qui le longent, Omar Beyhum, Sami el-Solh, Abdallah al-Yafi et Pierre Gemayel ont longtemps été politiquement « impliquées » et le terrain de combat désigné contre le mandat français durant la première moitié du XXe siècle, avant d'accueillir les bureaux du Parlement.

Les meilleurs architectes du pays ont été chargés de développer la région, alors que la jeune république était impatiente et prête à montrer au monde tous ses talents et ses capacités.
En se baladant dans la rue Badaro et ses environs, il est toujours possible et agréable de repérer les bâtisses modernes et postmodernes avec de grandes signatures, parmi lesquelles celles de Pierre Khoury et Joseph Karam.

 

Art et culture
La région est vite devenue, et demeure, essentiellement résidentielle, habitée par un mélange cosmopolite d'intellectuels, d'artistes, de journalistes et de créateurs. Amin Maalouf y a grandi dans les années 50. Le syndicat des acteurs et le théâtre du Tournesol y sont basés. Sur les planches de ce dernier, des représentations, des ateliers de travail en ont fait un lieu artistique et culturel incontournable.
Face à l'avenue Sami el-Solh se dresse Furn el-Chebback et le magnifique bâtiment du département d'arts de l'Université libanaise. Un important testament de l'architecture libanaise ottomane. À côté, la librairie publique Aleph B offre son espace à des animations culturelles et des projections de films indépendants et régionaux qui en reflètent l'aspect patriotique et artistique.

Le magnifique musée national de Beyrouth, dans le périmètre de Badaro, qui a ouvert ses portes en 1942, recèle de vrais trésors archéologiques. Plusieurs visites s'imposent, de jour comme de nuit (notamment à l'occasion de la nocturne qui se tiendra le 12 décembre prochain). Le sous-sol, accessible depuis plusieurs mois, est une expérience dans laquelle le visiteur se plonge, comme il se plongerait dans l'histoire ancienne du Liban. La boutique du musée, devenue un arrêt en soi, propose des objets créés spécialement pour elle par de célèbres designers locaux devenus, pour beaucoup, des habitués. Un charmant hôtel a ouvert, à quelques pas, doté d'une terrasse et d'une piscine avec vue sur l'hippodrome et la Forêt des pins.
De l'autre côté de la rue se trouve le patriarcat syriaque-catholique d'Antalya entouré de jardins bien soignés et d'importants murs en pierre. Entre les deux arrêts, le « mathaf » constituait un point de rencontre (et de discorde) entre l'ouest et l'est de Beyrouth, durant les sombres années de guerre. Cette rue nommée « Tarik el-Cham/rue de Damas », un peu plus loin vers le nord et Sodeco, est devenue la fameuse ligne verte qui s'est prolongée jusqu'aux vieux souks.

L'hippodrome de Beyrouth, son espace boisé et sa poésie proposent de nombreux événements, parmi lesquels le Garden Show et Vinifest. Mais le rendez-vous sacré demeure les dimanches, lorsque les chevaux sont en compétition et la course (aux paris) est lancée. L'entrée à ce spectacle addictif, à 5 000 livres libanaises pour les hommes, est gratuite pour les étrangers et les femmes. Le spectacle est passionnant, même pour les non-parieurs, et relayé par des télévisions françaises, partageant ainsi un aspect particulièrement vivant et typique, sans artifice, de notre pays.

Retour à Badaro. Le Badaro de ces dernières années rajeunit avec une nouvelle population de résidents ou de visiteurs venus passer un moment dans les cafés et les restaurants qui continuent de se multiplier. À côté des petits endroits dépaysants, anciens ou plus récents, des boutiques et des salons de coiffure, ces nouveaux lieux, plus modernes, européens, se sont installés harmonieusement auprès des immeubles plus anciens qui ont, pour la plupart, du caractère. Pari réussi pour cette rue et ses habitués, alors que peu d'autres quartiers, à Beyrouth, ont su trouver cette harmonie, et préserver ce dialogue agréable entre passé et présent.

De nombreuses compagnies et ONG hantent les lieux à midi alors que les nuits prennent un visage plus stylé. Les cuisines proposées sont sophistiquées, variées et internationales, allant du japonais à l'espagnol, de l'européen à l'arménien, dans une ambiance simple et élégante, en extérieur, au soleil, un cocktail de fruits à la main ; comme à l'intérieur dans une vieille maison libanaise transformée en restaurant, où il fait bon rester pour un moment philosophique, un apéritif, ou un moment musical avec des groupes locaux...
La nouvelle identité de Badaro, son nouveau visage, calme et retenu, sont sans doute à l'image de cet industriel éponyme qui l'a si justement inspiré. Et l'on veut croire qu'il aurait été fier de voir ce qu'il a inspiré et ce que nous avons réussi à en faire...

 

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Il fut un temps où Badaro était une partie de la Forêt des pins ottomane de Beyrouth. Aujourd'hui, Badaro possède toujours l'esprit d'un jardin urbain. Développé dans les années 50, ce quartier aux larges trottoirs ponctués d'arbres et de bâtiments Art déco continue de dégager cette ambiance qui lui est propre, à la fois bouillonnante et sereine, de jour comme de nuit.
Officiellement...

commentaires (3)

Article intéressant ... Ca donne envie de visiter ce quartier Badaro et son musée national.

Stes David

18 h 13, le 12 novembre 2017

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Commentaires (3)

  • Article intéressant ... Ca donne envie de visiter ce quartier Badaro et son musée national.

    Stes David

    18 h 13, le 12 novembre 2017

  • (Suite) La majorité des belles demeures et immeubles Art Deco des années 60 et 70 s’étaient vidées de leurs proprios divers, chacun retournant dans sa communauté, la zone aux mains des milices, dont le Tanzim, puis les Forces Libanaises et les immeubles squattés par des réfugiés surtout de la montagne.. C’est ainsi que, Badaro, qui était le symbole du Liban Message et de convivialité s’était éteint, et que c’était triste dans les années 90 de retourner dans ce quartier qui peinait à se remettre des cicatrices de la guerre: cette joie de vivre n’y était plus, et la nouvelle génération de nos enfants ne voulant pas y retourner.. Ce que vous décrivez dans votre article, c’est le New Badaro, belles tours, Restaurants, animation commerciale, mais qui ne font pas la joie des anciens résidents, car l’âme du Quartier Badaro n’y est plus! Demandez donc à d’anciens résidents ce qu’était Badaro de l’avant-guerre: un petit paradis du vivre en commun et un microcosme de ce que le Liban aurait dû être.

    Saliba Nouhad

    17 h 03, le 12 novembre 2017

  • Demandez à des gens qui ont vécu et grandi à Badaro dans l’avant et l’apres-guerre De vous raconter la vie sociale unique de ce quartier... En effet, à la fin de la 2ème guerre mondiale , la région était militaire aux mains des Français, qui avaient créé une immense caserne, appelée Parc de Gaule, en défrichant, en effet une grande partie de la forêt des pins dont il restait seulement un résidu à Badaro appelé Horch el Kfouri. Ils avaient quitté en donnant un grand espace à des organisations religieuses, telles l’Oasis de l’Esperance, des chiffonniers d’Emmaus qui existent à nos jours ainsi que l’école des Sœurs Franciscaines...et à l’embryon d’armee Libanaise qui a bâti 2 casernes et l’Hopital militaire encore présents à nos jours Et, en effet, ce quartier vierge s’était développé de manière rapide vers les années 50 à 60 où une petite bourgeoisie, aristocrate, bien éduquée, mais appartenant à toutes les communautés et confessions Libanaises, à laquelle était venue se greffer beaucoup d’immigrants syriens bien nantis, surtout Aleppins, et qui formaient alors le microcosme de ce Liban de rêve, à savoir, une vie de quartier des plus agréables, tout le monde se connaissait et se parlait du Druze, au sunnite, chiite, maronite, orthodoxe. Qui ne connaissait la pharmacie Alouf, la Baratte,, Sélection, Omnia etc Mais, tout ceci changea avec la guerre civile, car Badaro était ligne de démarcation ayant eu son lot de batailles et de destructions et... (voir suite )

    Saliba Nouhad

    16 h 40, le 12 novembre 2017

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