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Moyen Orient et Monde - Repère

Qui sont les hommes visés par la purge en Arabie ?

Walid ben Talal à Riyad en février 2014. Le prince saoudien fait partie de la liste des dignitaires visés par une purge en Arabie saoudite. AFP / POOL / Fayez Nureldine

L'arrestation samedi dernier de dizaines de personnes en Arabie saoudite n'en finit pas de faire des vagues. Ils sont des dizaines d'émirs, ministres en exercice ou hommes d'affaires à être accusés de corruption, blanchiment d'argent, détournement de fonds, abus de pouvoir... Derrière cette chasse aux sorcières se cache certainement une volonté de mettre au pas toute personne étant susceptible de tenir tête à Mohammad ben Salmane. En écartant ces hommes parmi les plus puissants du royaume, le prince saoudien a semblé préparer le terrain à son intronisation. Tour d'horizon de certaines des figures les plus connues, et qui seraient détenues au Ritz-Carlton à Riyad. Hier encore, milliardaires surpuissants. Aujourd'hui, prisonniers de l'ambition d'un jeune homme de 32 ans.

 

L'émir al-Walid ben Talal, homme d'affaires et investisseur

 

L'émir al-Walid ben Talal, lors d'une conférence à Riyad en 2009.
Fahad Shadeed/Reuters

L'arrestation de l'émir al-Walid ben Talal, prince multimilliardaire de 62 ans, est une surprise pour ceux qui connaissent ses vues plutôt libérales. Il appelle depuis des années à des réformes sociales et à accorder davantage de droits aux Saoudiennes. Mais son animosité envers le président américain Donald Trump, allié du prince héritier Mohammad ben Salmane, pourrait être l'une des raisons de son arrestation. Le petit-fils d'Ibn Saoud (premier roi d'Arabie) et de Riad el-Solh (premier chef de gouvernement du Liban) est connu pour ses investissements comme pour ses œuvres caritatives. Entre autres, Kingdom Holding, Disneyland Paris, Citigroup, la chaîne Four Seasons, Accor, Twitter, News Corporation, 21st Century Fox... (Lire son portrait ici)

 

 

L'émir Metab ben Abdallah, chef de la Garde nationale saoudienne

L'émir Metab ben Abdallah lors d'une visite à l'Élysée, à Paris, en 2014.
Philippe Wojazer/Reuters

Fils du défunt roi Abdallah, le prince Metab était aussi chef de la Garde nationale saoudienne, un corps d'élite de près de 200 000 hommes, entre autres chargés de combattre le terrorisme. Sa nomination à ce poste en 2010 laisse pressentir davantage de responsabilités, et peut-être une future accession au trône, puisqu'un ministère est créé spécialement pour la Garde nationale trois ans plus tard. Il aurait même affirmé vouloir intégrer à la garde un corps composé de femmes soldats, selon des médias saoudiens en 2012. Il est limogé le 4 novembre 2017, pour être remplacé par Khaled ben Ayaf. C'était sûrement l'un des principaux rivaux de Mohammad ben Salmane dans sa course pour le pouvoir.

 

 

L'émir Turki ben Abdallah, ancien gouverneur de la province de Riyad

L'émir Turki ben Abdallah (à droite), à Riyad, en 2015. Photo AFP

Après des études assez poussées en Europe et aux États-Unis – entre autres un double master et un doctorat en sciences militaires et stratégiques – le septième fils de feu le roi Abdallah commence sa carrière en tant que pilote dans la Saudi Air Force, dans les années 1990. Il grimpe les échelons hiérarchiques rapidement, avant de se tourner vers les affaires. Il devient gouverneur adjoint, puis gouverneur, de la province de Riyad entre 2013 et 2015. Il est surtout connu pour son implication dans le scandale 1MDB, qui éclate en 2015, et qui révèle le pillage du fonds souverain malaisien, soit près de 4 milliards de dollars.

 

Adel Fakih, ministre de l'Économie et du Plan

Adel Fakih, ministre de l'Économie et du Plan. Photo Creative Commons

 

Jusqu'à son arrestation dans le cadre d'une purge anticorruption, Adel Fakih était considéré comme très proche de la famille royale. Connu pour son talent à résoudre les problèmes et à remettre sur pied des entreprises moribondes, il est apprécié pour sa diplomatie. Ces dons lui seront utiles lorsque le prince héritier Mohammad ben Salmane le consulte pour son plan de relève économique, Vision 2030. Ministre de l'Économie et du Plan depuis 2015, après avoir été ministre de la Santé et maire de Djeddah, c'est alors l'apogée d'une longue carrière réussie dans l'alimentaire.

 

 

Abdallah al-Sultan, commandant de la marine saoudienne

Le commandant de la marine saoudienne Abdallah Sultan. Photo SPA

Le vice-amiral, aux commandes de la marine saoudienne depuis 2014 après le départ de Dakhiloullah al-Wakdani, y a occupé plusieurs postes importants au cours de sa carrière : chef de la direction des opérations navales, commandant de la flotte de l'Ouest, commandant adjoint de la marine... Son père, un émir de la région de Qassim, ses trois frères et son oncle ont tous occupé de hautes fonctions au sein du gouvernement, dont le ministère des Affaires étrangères. Après avoir été démis de ses fonctions le 4 novembre, le commandant a été remplacé par Fahd el-Ghoufaili.

 

Bakr Ben Laden, président du groupe Saudi BinLaden

Bakr Ben Laden, homme fort de Djeddah et demi-frère d'Oussama.
Capture d'écran YouTube

Le demi-frère de celui qui fut un jour l'homme le plus recherché de la planète a été aussi, jusqu'au week-end dernier, le président du groupe de construction BinLaden après avoir pris la relève de son père. Celui qui est considéré comme le réel homme fort de Djeddah réussit à développer l'entreprise familiale, déjà célèbre, et remporte le projet d'expansion de La Mecque. Celui-ci prend brutalement fin en 2015 quand une grue s'écrase et tue plus de 100 fidèles. Les investissements se poursuivent néanmoins et plusieurs contrats de centaines de milliards de dollars ont été signés ces dernières années.

 

Walid ben Ibrahim al-Ibrahim, propriétaire de MBC

Walid ben Ibrahim al-Ibrahim, cofondateur de MBC et al-Arabiya (à droite). Capture d'écran YouTube

Beau-frère du défunt roi Fahd, l'homme d'affaires Walid al-Ibrahim a, comme beaucoup de Saoudiens aisés, complété ses études à l'étranger. Il crée d'abord Aravision en Arabie saoudite, puis le Middle East Broadcasting Company (MBC) à Londres au tout début des années 1990 avec Saleh Kamal (également arrêté le 4 novembre). À l'époque, il n'a pas 30 ans. Il créé également la chaîne al-Arabiya en 2003 pour faire concurrence à la chaîne qatarie al-Jazeera. Il est de notoriété publique, toutefois, que le réel décideur à MBC et al-Arabiya est son neveu Abdel Aziz ben Saoud, qui possède la moitié des parts. Walid al-Ibrahim aurait refusé récemment de vendre les chaînes MBC à Mohammad ben Salmane.

 

Les personnes arrêtées seront jugées devant un tribunal

Les dizaines de personnalités saoudiennes arrêtées dans le cadre d'une purge anticorruption sans précédent dans le royaume vont être jugées devant un tribunal, a indiqué hier le procureur général. « Ils auront pleinement accès à tous les droits de la défense et les procès auront lieu de façon transparente », a affirmé dans un communiqué le procureur général cheikh Saoud al-Mojeb. « D'importantes preuves ont déjà été recueillies et des interrogatoires détaillés ont eu lieu », a-t-il ajouté.

 

Les autres personnes ciblées par la purge

 

Prince Turki ben Nasser : Ancien chef de la présidence de la météorologie et de l'environnement.
Prince Fahad ben Abdallah ben Mohammad al-Saoud : Ancien vice-ministre à la Défense
Ibrahim al-Assaf : Parmi les personnes arrêtées figure cet ancien ministre des Finances qui a représenté cette année le roi Salmane au sommet du G20 en Allemagne. Il était également l'un des directeurs d'Aramco.

Khalid al-Tuwaijri : Ancien chef de la cour.

Mohammad al-Tobaishi : Ancien chef du protocole de la cour.

Amr al-Dabbagh : Ancien gouverneur de la Saudi Arabian General Investment Authority.

Khalid al-Mulheim : Ancien directeur-général de Saudi Arabian Airlines.

Saoud al-Dawich : Ancien chef exécutif de Saudi Telecom.

Saleh Kamel : Homme d'affaires. Ses deux fils, Abdallah et Mehyeddine ont également été arrêtés, selon le site d'informations en ligne Sabq.

Mohammad al-Amoudi : Homme d'affaires.

Nasser ben Aqeel al-Tayyar : agence de voyage Al Tayyar Travel

 

 

 

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