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Moyen Orient et Monde - Gaza

Israël cherche-t-il à pousser le Hamas à la faute ?

Le mouvement islamiste exclut toute vengeance contre l'État hébreu alors que la réconciliation palestinienne était menacée par le bombardement israélien d'un tunnel, qui a fait sept morts.

Des combattants du Jihad islamique lors des funérailles d’un des leurs tué par une attaque israélienne. Mahmud Hams/AFP

Les tensions entre Gaza et Israël se sont enflammées hier alors que sept Palestiniens ont été tués et 13 autres blessés dans la destruction d'un tunnel par l'aviation israélienne. Dressant un bilan provisoire, le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas à Gaza a confirmé qu'un commandant du Jihad islamique, allié au Hamas, faisait partie des victimes. Le porte-parole de l'armée israélienne, Ronen Manelis, a justifié l'intervention par « la violation de la souveraineté du territoire israélien » que constituait le tunnel détruit en territoire israélien, même s'il ne représentait pas une « menace immédiate ». Mais, en visant directement des membres de la branche armée du mouvement islamiste Hamas et de son allié du Jihad islamique, Israël a semble-t-il cherché à rompre la fragile paix qui régnait jusqu'ici dans la bande de Gaza, suite à l'accord de réconciliation conclu entre le Hamas et le Fateh le 12 octobre courant.

Le mouvement islamiste, dans un communiqué, a critiqué hier ce qu'il qualifie de « dangereuse escalade », mais a également exclu toute réponse violente pour l'instant. Interrogé par L'Orient-Le Jour, Houssam Abdulhadi, porte-parole du Hamas, a affirmé hier soir que le mouvement islamiste « fera tout son possible pour la réconciliation avec le Fateh », tout en affirmant être victime d'une « stratégie israélienne délibérée » pour interrompre le processus.

 

(Lire aussi : Le chef de la sécurité du Hamas blessé dans un attentat à Gaza)

 

 

Escalade des tensions
Les Israéliens n'ont pas caché leur hostilité à l'égard de ce rapprochement entre les deux rivaux. Dès la signature de l'accord du Caire le 12 octobre, les autorités israéliennes avaient annoncé la construction de nouveaux logements dans la colonie cisjordanienne de Hébron, territoire disputé et lieu de tensions entre colons et palestiniens. Même si cet élargissement de la colonie n'a a priori aucun lien avec l'accord de réconciliation, son caractère historique – la dernière expansion y datait de 2002 – a fait grincer des dents.

Une semaine plus tard, l'armée israélienne a effectué un raid dans les locaux de 8 médias palestiniens, accusés d'être liés à des factions armées de la résistance palestinienne, comme le Hamas ou le Jihad islamique. Certains journaux ont été fermés, d'autres ont vu leur matériel confisqué. L'Autorité palestinienne a condamné les raids, sans toutefois y répondre. M. Abdulhadi a alors critiqué ce « laxisme » et promis que si Israël venait à viser le Hamas, la trêve officieuse serait rompue.

La tentative d'assassinat, vendredi dernier, de Tawfiq Abou Naïm, chef de la sécurité du Hamas, a ravivé davantage les tensions. Ne disposant pas de preuves suffisantes, le Hamas n'a pour l'instant accusé personne. Quelle que soit la faction à l'origine de l'explosion de la voiture du cadre du Hamas, elle a créé un climat d'instabilité à Gaza.

 

(Pour mémoire : Gaza : un membre du Jihad islamique tué dans l’effondrement d’un tunnel)

 

 

Stratégie israélienne
Des responsables israéliens ont souligné à plusieurs reprises qu'Israël ne cherchait pas une escalade dans la région, et que le bombardement d'hier faisait partie d'un plan plus vaste pour détruire le réseau de tunnels, qui permettent à des combattants du Hamas de s'infiltrer dans le sud de l'État hébreu et d'y mener des attaques.

En début de mois, l'armée israélienne avait déjà annoncé la mise en place d'un « barrage » qui pourrait empêcher le Hamas d'en creuser de nouveaux, et avait détruit un tunnel en avril dernier.
Mais le timing du bombardement du tunnel est particulièrement sensible, puisqu'il pourrait fragiliser le processus de réconciliation entre les deux grandes factions palestiniennes. C'est comme si Israël poussait le Hamas à la faute, en l'obligeant à répondre à l'attaque à un moment où il cherche à gagner une respectabilité sur les scènes régionale et internationale. La dernière opération de grande envergure de l'État hébreu à Gaza, à l'été 2014, faisait déjà suite à un rapprochement entre les deux factions rivales. Son but d'ailleurs était de détruire les tunnels creusés par le Hamas en vue de commettre des attaques en Israël.

L'État hébreu cherche sans doute à pousser le président palestinien, Mahmoud Abbas, à adopter une position incompatible avec celle du Hamas. Le chef du Fateh a ainsi exigé que le Hamas reconnaisse l'État hébreu et se désarme afin de pouvoir siéger à l'Autorité palestinienne, adoptant les conditions qu'Israël avait posées le 12 octobre. Alors que M. Abdulhadi avait affirmé à L'Orient-Le Jour que le Hamas était « ouvert » sur ces questions à « très long terme », le désarmement reste pour l'instant une ligne rouge pour le mouvement islamiste.

 

 

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