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Karen Klink

Génération Orient II : #12 Karen Klink, tatoueuse, 32 ans

Karen Klink, en mode selfie.

Il est révolu le temps où le tatouage était propre aux camionneurs, aux anciens combattants, aux dockers et aux rockeurs. Aujourd'hui il évolue à une vitesse sidérante, rattrapé par des artistes ayant à cœur de le renouveler. Le dessin est un medium qui suggère la narration, la narration sollicite l'imagination et celle de Karen Klink n'a pas de limites. Dessiner, c'est raconter des histoires, celle du loup couronné tsar ou du renard aux longues tresses, des oiseaux du paradis qui se mesurent à l'escrime ou de la métamorphose d'une fleur en serpent, d'un serpent en dragon ou d'un poisson en chat. Si vous cherchez à entrer dans son monde en perpétuelle mutation, sachez qu'elle en a absolument les clés, et les aiguilles pour vous le faire découvrir.

Karen Klink est née en 1985. Son père dentiste et sa mère comptable, tous deux aventuriers de nature et grands voyageurs, s'installent peu après sa naissance à Paris où elle est scolarisée. De retour à Beyrouth, l'enfant de neuf ans trouve beaucoup de difficultés à s'adapter. Rebelle, timide et solitaire, elle se calfeutre dans un monde peuplé de bandes dessinées et de mangas, un monde qui nourrira son imaginaire. À ses heures perdues, Karen Klink aime à traîner dans la clinique de son père, jouer au docteur, manipuler les instruments. Elle se découvre une nature de petite laborantine et déjà pointait l'aiguille à l'horizon. Quand un petit frère voit le jour quelques années plus tard, l'adolescente commençait à trouver ses marques. Sa façon à elle d'appréhender le monde et de le comprendre passait par le dessin. Des pupitres d'école à ses sketches aux airs de manga, son âme d'artiste se dessinait et son langage se libérait.

On dit que les parents ont toujours raison, et nombreux sont ceux qui se sont opposés au choix des études universitaires de leurs enfants. Karen a voulu les arts plastiques, elle se contentera de la publicité. Elle qui aimait la vie et ses pérégrinations appréhendait les cours de nature morte. Au moment de choisir l'illustration comme spécialisation, c'est un professeur qui aura raison de sa décision. Michèle Standjofski se présentera comme le mentor idéal. Un an après avoir obtenu son diplôme à l'Académie libanaise des beaux-arts, elle s'envole en 2006 pour Barcelone. Karen Klink s'intéresse à la musique, aux installations, au travail du fer et du bois, même à la couture ; elle matérialise ses idées à la force de ses doigts. De petits boulots en petites expériences, elle mène une vie d'artiste.

L'humain
Lorsqu'elle commence à explorer l'univers du tatouage, elle découvre un monde très hermétique et très machiste. Les années passent, et toujours pas de contact avec une machine. Comme il n'existe pas d'école de tatouage et que le métier s'apprend sur le terrain, elle décide d'acheter un kit et de prendre un cours d'hygiène sanitaire, en espérant une position de nègre chez les grands tatoueurs. Un couple la prend sous son aile. Elle observe et ingère le métier, puis décide, quand une bande de copains stoïques et dévoués lui font don de leur épiderme, de se lancer seule. Karen Klink s'applique et se surpasse, quelques centimètres carrés de peau et un champ de possibles s'ouvre à elle. Le processus le plus important reste pour elle la création. L'instant qui précède la première goutte d'encre injectée est un grand moment de méditation, de concentration et de solitude – d'une enfance solitaire, elle en a gardé les stigmates. Elle ne reproduit jamais une image qu'on lui impose et réfléchit longuement son sujet pour le décliner au gré de son imaginaire.

Dans cet art se loge la responsabilité de l'artiste, une discipline qui requiert du sérieux, une confiance partagée et une vie saine (ne pas prendre le risque de la main qui tremble après une soirée arrosée). Le plaisir reste le contact humain et l'intimité qu'elle développe avec ses clients, patients. Il lui arrive même de jouer au psy : le tatouage crée des liens. Combien d'artistes insatisfaits ont plongé leurs travaux dans des pénombres oubliées. Quand ceux de Karen Klink sont terminés, ils se doivent d'être aboutis, avec pour satisfaction le rapport à l'œuvre et à son support, l'humain.

Il est révolu le temps où le tatouage était propre aux camionneurs, aux anciens combattants, aux dockers et aux rockeurs. Aujourd'hui il évolue à une vitesse sidérante, rattrapé par des artistes ayant à cœur de le renouveler. Le dessin est un medium qui suggère la narration, la narration sollicite l'imagination et celle de Karen Klink n'a pas de limites. Dessiner, c'est raconter des...

commentaires (1)

karen, artiste téméraire!!!!!

Klink Achtard

22 h 37, le 30 octobre 2017

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Commentaires (1)

  • karen, artiste téméraire!!!!!

    Klink Achtard

    22 h 37, le 30 octobre 2017

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