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À La Une - Liban

Assassinat de Bachir Gemayel : Habib Chartouni et Nabil Alam condamnés à mort

"La Cour de justice a émis aujourd'hui son verdict attendu depuis 35 ans alors que le peuple libanais avait déjà émis le sien depuis longtemps", déclare Nadim Gemayel.

A gauche, le président élu Bachir Gemayel, assassiné le 14 septembre 1982 par Habib Chartouni, à droite, militant du du Parti syrien national social (PSNS, pro-Assad), condamné vendredi 20 octobre 2017. Photo de Bachir Gemayel tirée des archives de l'OLJ et celle de Chartouni tirée de Facebook.

Le verdict est tombé. La Cour de justice, présidée par Jean Fahd, a condamné vendredi à mort, par contumace, Habib Chartouni, militant du Parti syrien national social (PSNS, pro-Assad), et Nabil Alam, ancien haut responsable du PSNS, tous deux inculpés pour l'organisation et l'exécution de l'assassinat de l'ancien président de la République Bachir Gemayel.

Chartouni et Alam ont également été déchus de leurs droits civiques. Ils sont également obligés de verser des dommages et intérêts à tous ceux qui ont porté plainte contre eux et d'assumer la moitié des frais de la procédure judiciaire.

Bachir Gemayel avait été assassiné le 14 septembre 1982, vingt deux jours après son élection à la présidence de la République, dans une explosion qui a détruit les locaux de la permanence du parti Kataëb dans le quartier beyrouthin d'Achrafieh. L'attentat avait coûté la vie au fondateur des Forces libanaises et à 23 autres personnes. 

Réagissant au verdict, la veuve de Bachir Gemayel, Solange, qui a assisté à la séance, a estimé que "la justice a rendu son prestige à l'État et aux institutions". "Ce verdict nous donne espoir que justice sera rendue à tous les martyrs de la cause et aux martyrs de la Révolution du cèdre", a-t-elle poursuivi.
Le fils de Bachir, le député Nadim Gemayel, et son cousin, le député et chef des Kataëb Samy Gemayel, étaient aussi présents au Palais de justice. Ce dernier a salué un "jour historique". Des partisans de M. Gemayel rassemblés devant la Cour de justice ont scandé après le verdict "Bachir est vivant en nous".

 


La veuve de Bachir, Solange Gemayel, et ses enfants, Nadim et Youmna devant le Palais de justice. Photo Hassan Assal.

 

"Justice historique"
Nadim Gemayel et les compagnons de Bachir Gemayel au sein des Kataëb, ainsi que les Forces libanaises, ont en outre célébré "le retour de la justice", à la place Sassine. Outre les Gemayel, plusieurs responsables politiques étaient présents à ce festival populaire, dont notamment les ministres Gebran Bassil Michel Pharaon et Pierre Bou Assi.

"La Cour de justice a émis aujourd'hui son verdict attendu depuis 35 ans alors que le peuple libanais avait déjà émis le sien depuis longtemps", a déclaré Nadim Gemayel dans un discours prononcé pour l'occasion. "La justice dont nous témoignons aujourd'hui est historique, offerte aux martyrs du 14 septembre", a-t-il poursuivi. Selon lui, "ce verdict est une reconnaissance du Liban officiel, de l'État et de la justice adressée à tous les martyrs". "Nos martyrs sont tombés pour la liberté, la souveraineté et l'indépendance et ce verdict a rendu justice à la cause pour laquelle Bachir Gemayel est décédé", a ajouté M. Gemayel.

La famille a par la suite déposé une couronne de fleurs ainsi que le texte du verdict sur la tombe de Bachir Gemayel à Bickfaya.

Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, avait appelé les responsables de la sécurité à renforcer leurs mesures afin de prévenir des troubles sécuritaires de la part de n'importe quelle partie.

 


Place Sassine, à Achrafieh. Photo AFP / ANWAR AMRO


Habib Chartouni avait déjà reconnu avoir planifié et commandité l'attentat avec l'aide de Nabil Alam. Chartouni avait été détenu à la prison de Roumieh avant d'être libéré en 1990 par l'armée syrienne qui occupait alors le Liban. Il est, depuis, en cavale. Selon certaines rumeurs, il serait réfugié en Syrie. Il fait l'objet d'un acte d'accusation depuis 1996.

Ultime provocation : à la veille du verdict, Habib Chartouni a accordé une interview explosive au quotidien al-Akhbar. Dans ce brûlot, le militant du PSNS a qualifié le procès achevé de "jugement politique", sans toujours nier avoir commis le meurtre de Bachir Gemayel.

En réponse à une question à l'issue d'une réunion du gouvernement à Baabda, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, a indiqué vendredi que le Liban demandera que Habib Chartouni soit livré aux autorités libanaises, ajoutant qu'une enquête est en cours pour savoir où il se trouve actuellement.

 

(Lire aussi : Retour sur la vie de Bachir Gemayel, son parcours et son héritage)

 

"Le jugement du peuple"
Face aux lenteurs de la justice, le député Nadim Gemayel avait déposé en 2012 une demande d'ouverture d'un procès auprès de la Cour de justice, tribunal d'exception dont les jugements sur les crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'État sont sans appel et devant lequel les dossiers déférés sont considérés comme imprescriptibles.

Le procès s'était ouvert le 25 novembre 2016. Le 3 mars, la Cour avait décidé de juger Habib Chartouni par contumace. Le 28 avril, Nabil Alam, également en cavale, ou probablement mort, ne s'était pas présenté à la barre et avait été déchu de ses droits civiques et dessaisi de la gestion de ses biens.

À chacune de ces séances tenues dans l'enceinte du Palais de justice de Beyrouth, des partisans du PSNS se rassemblaient devant le portail du bâtiment. Brandissant des drapeaux de leur parti, ils scandaient des slogans en signe de soutien à leurs camarades inculpés et réclamaient la condamnation des "traîtres sionistes".

Vendredi, ils n'ont pas dérogé à cette habitude et ont organisé une marche de Tayyouné jusqu'au Palais de justice pour chahuter la séance finale de la Cour de justice. Qualifiant Chartouni de "héros", ils ont brandi des photos de Bachir Gemayel aux côtés d'Ariel Sharon, à l'époque ministre israélien de la Défense.

 


Des partisans du PSNS manifestent devant le Palais de justice. Photo Hassan Assal.

 

"Nous voulons un Etat de droit, mais cela veut dire qu'un collaborateur soit jugé pour ses crimes, que ceux qui ont perpétré des massacres soient jugés et que tous les citoyens soient égaux devant la loi ", a déclaré le porte-parole des "amis de Habib Chartouni" lors de leur sit-in organisé dans l'attente du verdict. Et de poursuivre : "Habib Chartouni a exécuté le jugement du peuple contre celui qui a tué son peuple. Bachir Gemayel est un criminel et un traître qui a collaboré avec l'ennemi".
Les opposants de Bachir Gemayel lui reprochent son alliance avec Israël qui avait lancé en 1982 une vaste intervention militaire contre le Liban.

La peine capitale est prévue dans la loi libanaise mais dans la pratique, il y a un moratoire non officiel. Aucune exécution n'a été appliquée depuis 2004 malgré des jugements en ce sens.

 

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Chartouni et Alam ont...

commentaires (12)

Allah yirhamak Bashir wou Allah yihme lebnene ...

Wlek Sanferlou

02 h 07, le 21 octobre 2017

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Commentaires (12)

  • Allah yirhamak Bashir wou Allah yihme lebnene ...

    Wlek Sanferlou

    02 h 07, le 21 octobre 2017

  • La Justice s'est prononcée, mais elle n'est pas faite, puisque les condamnés sont en cavale. Les "condamnés" sont des simples "exécutants" (lampistes si vous préférez) C'est un pas en avant, qui pourrait servir d'appui à d'autres démarches plus significatives. Dans ce genre d'affaires l'imprescriptibilité est importante. Cela permet d'avoir une profondeur dans le traitement du dossier (et chercher les vrais coupables), qui souvent parait compliqué à cause de ceux qui tenterons à tout prix de minimiser et de banaliser le crime pour le rendre "in-justiciable" On voit ce genre d'attitude de la part des négationnistes des crimes de génocide et des crimes de guerres ou d'autres atrocités. En général, ces monstres, avancent l'hypothèse de souffrance partagée ....(stratagème qui consiste à mettre le bourreau au même niveau que la victime) Ils disent que le temps doit faire le travail d'oubli et de guérisons, demander justice c'est équivaut à rouvrir la plaie .....(un stratagème ingénieux pour des incultes, mais très parfaitement connu par les spécialistes et criminologues) Ce que nous observons sur des banderoles ...du PSNS relève-t-il de la même stratégie ?...c'est extrêmement attristant ! Où est-il l'esprit libanais ? Dans cette affaire tout le monde y compris la Syrie doit coopérer et tenter de donner à la justice toute sa force et sa vigueur. Il s'agit d'un président libanais, élu, qui a été assassiné avec des dizaines d'innocentes victimes avec lui.

    Sarkis Serge Tateossian

    23 h 28, le 20 octobre 2017

  • Est ce que S.E. Le Professeur Ibrahim Najjar était présent à cette célébration? Il me semble que comme il est pour l' abolition de la peine capitale, il aurait préféré s'y abstenir.. Si c' est le cas, étant moi-même contre la condamnation à mort, je l'admire et le félicite!

    Zaarour Beatriz

    22 h 19, le 20 octobre 2017

  • Lorsque Antoun Saadé avait échoué dans son coup d'Etat au Liban en 1949, il s'était réfugié en Syrie sous la présidence du colonel Husni Zaïm. C'est ce dernier qui l'avait livré aux autorités libanaises. Je veux dire par là, que les Kataeb, les Forces libanaises, Béchir Gemayel ou toute autre formation politique chrétienne ou musulmane, n'avaient rien à voir avec tout cela. Mais, le PSNS, un pseudo-parti à l'image de Hitler et de Mussolini, voulait un bouc-émissaire, c'tait Béchir Gemayel assassiné parce qu'il est Libanais rien que Libanais.

    Un Libanais

    19 h 14, le 20 octobre 2017

  • puisque le hezb est proche du regime syrien comme il se pavane a dire et comme ce meme hezb affirme qu'il est "harriss" 3ala lebnen et que son seul but c'est la justice pour le liban ... ALORS QUE LE HEZB DEMANDE A CES AMIS LES ASSASSINS D'UN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE LIBANAISE (EN PLUS) DE REMETTRE CHARTOUNI AUX AUTORITES LIBANAISES .. ET PUISQUE CERTAIN AU GOUVERNEMENT DEMANDE DE REPARLER AVEC CETTE MEME RACAILLE (REGIME SYRIEN) ALORS ILS PEUVENT NEGOCIER LES 2 SUJETS EN MEME TEMPS OU ENCORE USER DE LEUR FRATERNITE AVEC LE REGIME SYRIEN POUR QUE CEUX LA RENVOIE CHARTOUNI POUR ETRE EXECUTE

    Bery tus

    18 h 15, le 20 octobre 2017

  • etat de droit ou justice du peuple??

    Élie Aoun

    18 h 10, le 20 octobre 2017

  • JUSTICE EST FAITE ! COMMENT RECUPERER LES ASSASSINS REFUGIES CHEZ D,AUTRES ASSASSINS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 04, le 20 octobre 2017

  • Bon...on l'a condamné à mort, ce Habib Chartouni...réfugié...en Syrie, et alors ? Ainsi que le deuxième Nabil Alam...évaporé dans la nature, probablement mort. A quoi sert cette mascarade...35 ans plus tard, et pourquoi avoir attendu si longtemps ? Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 40, le 20 octobre 2017

  • LA REACTION DU PSNS EST JUSTE ET CORRECTE AVEC UN SEUL MOT QUI MANQUE::: MR CHRATOUNI A EXECUTE LA SENTANCE DU PEUPLE,,,,, S Y R I E N ,,,,,

    michel raphael

    17 h 16, le 20 octobre 2017

  • Cher Nadim, justice est faite. Il ne te reste plus qu'à tout faire pour abolir cette saleté de PSNS. Le peuple libanais est derrière toi.

    Achkar Carlos

    16 h 59, le 20 octobre 2017

  • On pourrait dire que justice est faite, sauf qu'on n'est pas près d'attraper les assassins.

    Yves Prevost

    16 h 55, le 20 octobre 2017

  • Une mascarade de plus. Chartouni et son accolyte auraient du etre execute lorsqu'ils etaient entre les mains de la justice. Aujourd'hui les vendus du parti PSNS se moquent de la justice .....

    IMB a SPO

    16 h 41, le 20 octobre 2017

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