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À La Une - REPORTAGE

Guerre des visas: l'angoisse des Turcs en partance pour les USA

"Je ne sais pas quand une opportunité comme celle-ci se présentera à nouveau", s'inquiète une jeune femme qui avait prévu de partir travailler dans un parc de loisirs à New York.

Des étudiants turcs dans une agence de voyage à Istanbul, le 11 octobre 2017. AFP / OZAN KOSE

"J'avais beaucoup de projets, mais ils sont tombés à l'eau". Comme Ergun Coskun, de nombreux Turcs ont appris avec stupeur la suspension dimanche des services de visas américains en Turquie et espèrent une issue rapide à cette crise.

Ergun Coskun, étudiant de 22 ans, a postulé pour le programme "Work and Travel", qui permet à des étudiants d'aller travailler ponctuellement aux Etats-Unis le temps de leurs vacances d'été. "On est toujours dans l'attente, on verra bien ce qu'il va se passer", dit-il.

Déjà tendues depuis plusieurs mois, les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, pourtant alliés au sein de l'Otan, se sont encore dégradées après l'inculpation pour "espionnage", la semaine dernière, d'un employé turc du consulat américain à Istanbul.

Metin Topuz, l'employé arrêté, est accusé par la justice turque d'être lié au prédicateur en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.

En réaction à son arrestation, l'ambassade des Etats-Unis a annoncé dimanche la suspension des services de délivrance des visas américains en Turquie, hors visas d'immigration. Et Ankara a répliqué avec une mesure similaire.

Selon Deniz Akar, directeur général de l'International Education Fairs of Turkey (IEFT) à Istanbul, environ 26.000 étudiants turcs se rendent aux Etats-Unis chaque année. Parmi eux, précise-t-il, 10.000 partent pour étudier l'anglais, 10.000 pour une licence ou un master et 6.000, sélectionnés par les autorités américaines en octobre et novembre, partent pour un "Work and Travel". "Si cette interdiction de visas se poursuit encore quelques semaines, les étudiants turcs ne pourront malheureusement pas participer au programme Work and Travel pour 2018", déplore-t-il.

Kübra, une étudiante de 22 ans, a postulé pour ce programme. "Je suis actuellement en train de réunir les documents", explique-t-elle. "Il ne me reste qu'un entretien pour le visa (...), mais pour le moment, je ne sais pas si je vais pouvoir partir ou pas. J'attends." "Je ne sais pas quand une opportunité comme celle-ci se présentera à nouveau", s'inquiète la jeune femme qui avait prévu de partir travailler dans un parc de loisirs à New York.

L'heure est donc à la recherche d'alternatives, en espérant que la crise ne s'éternisera pas. "Les étudiants qui sont dans des situations vraiment urgentes peuvent aller postuler pour des visas dans d'autres pays", affirme M. Akar.

En effet, l'ambassadeur à Ankara, John Bass, avait expliqué que si des citoyens turcs souhaitaient faire des demandes de visas en dehors de Turquie, ils le pouvaient. M. Akar affirme toutefois qu'"il n'y a pas de garantie" que les visas demandés à l'étranger soient obtenus.

 

(Lire aussi : Erdogan accuse Washington de « sacrifier » ses relations avec Ankara)

 

Situation incertaine
Mohammad Shahid, PDG de ConnecME, une entreprise spécialisée dans l'éducation, s'inquiète pour une conférence qu'il organise lors d'un salon de l'éducation qui doit se tenir à la fin du mois à Istanbul.

"Nous avons organisé notre propre conférence avec sept intervenants (des Etats-Unis), tous des dirigeants des plus grandes entreprises dans le secteur de l'éducation", explique-t-il. "Il y a un risque qu'ils ne puissent pas venir".

Pour Ibrahim Özdemir, directeur général de Vizefix, un prestataire pour les demandes de visa, la situation est très incertaine. Il gère actuellement "trois ou quatre" dossiers de personnes souhaitant aller aux Etats-Unis, et qui attendent de voir ce qu'il se passe, leurs entretiens à l'ambassade étant prévus dans les prochaines semaines.

En 2016, 313.654 Turcs se sont rendus aux Etats-Unis et 459.493 Américains sont allés en Turquie, selon les données de l'Office national turc des statistiques (Tüik). Servet Alioglu, directeur général du tour opérateur Saltur à Ankara, a dû annuler plusieurs voyages aux Etats-Unis.
"Ce problème va forcément être résolu", croit-il. "Ca peut prendre un mois, tout comme être réglé demain".

 

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