Rechercher
Rechercher

Liban - Faune et flore

Les buses, victimes inutiles d’une barbarie injustifiée

La biodiversité remarquable du Liban est en danger en raison de nombreux facteurs qui sont désormais connus, notamment la déforestation et l'urbanisation sauvage (donc la perte des habitats naturels), la chasse non réglementée, la pollution... La rubrique « Faune et flore » vise à faire connaître à chaque fois une espèce animale ou végétale, le plus souvent caractéristique ou endémique au pays, l'objectif étant de mettre l'accent sur l'importance de ces espèces, leurs bienfaits sur la nature et la nécessité de les protéger.

Une buse variable en plein vol. Bien que cette photo soit prise sur fond d’eau, cet oiseau ne survole pratiquement jamais la mer.

Parmi les magnifiques rapaces qui sillonnent les airs au Liban, plusieurs espèces de buses passent par notre pays deux fois l'an, suivant l'itinéraire de migration qui leur est propre. Une seule espèce est résidente. Ces oiseaux si bénéfiques pour la nature, puisqu'ils dévorent de nombreux rongeurs et insectes nuisibles, sont tués régulièrement par des braconniers pour qui leur mort n'a aucun intérêt. Avec Ghassan Jaradi, professeur en entomologie spécialiste des oiseaux sauvages, directeur exécutif du Comité des oiseaux rares au Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) et président de la réserve des îles des Palmiers, nous faisons le point sur ces espèces en danger.

 

Noms scientifiques :
Il existe de nombreuses espèces de buses, dont trois qu'on observe plus souvent que d'autres au Liban :
– La buse variable (commune), Buteo buteo
– La buse féroce, Buteo rufinus
– La buse des steppes ou buse de Russie, Buteo buteo vulpinus.

 

Description :
Ces rapaces de la famille des Accipitridés (Accipitridae) ont, au-delà des différences entre les espèces, des caractéristiques physiques communes. Ainsi, leurs grandes ailes sont souvent barrées de traits noirs, des taches sombres apparaissent à la naissance des ailes. Le Buteo vulpinus, ou buse de Russie, se distingue par une couleur plus roussâtre que les autres. La buse féroce présente souvent deux grandes taches noires sur le revers des ailes. Ces rapaces ont une dimension de 50 à 60 centimètres environ pour les individus adultes.

 

Mode de vie et d'alimentation :
Les buses sont des oiseaux migrateurs diurnes, qui ne volent jamais la nuit ni au-dessus de la mer. La raison en est simple : afin d'améliorer leur résistance au cours des longs voyages, et de profiter au maximum des vols planés, les buses recherchent les colonnes d'air chaud thermique ascendant, qui les portent durant leur vol sans avoir à battre des ailes. Dès qu'ils se retrouvent à mille mètres d'altitude à peu près, à l'endroit où se forment les nuages légers, ces oiseaux redescendent pour retrouver un nouveau thermique.

La nuit, pour se reposer, ces oiseaux se posent sur n'importe quel arbre à leur disposition. Le matin, ils battent des ailes pour les débarrasser des résidus de rosée, avant de s'envoler et de se rassembler dans l'air.
Ces oiseaux peuvent parcourir 200 kilomètres par jour, ce qui signifie qu'ils passent généralement une nuit tout au plus au Liban, à moins d'un obstacle qui les oblige à rester sur place plus longtemps, comme le mauvais temps par exemple.
Par ailleurs, ces rapaces se nourrissent de petits rongeurs, comme les souris, et de divers types d'insectes.

 

Lieu de prédilection :
Les buses ont de nombreuses raisons de passer au-dessus du Liban qui représente, pour elles, la route de migration la plus facile. En effet, les montagnes du Liban forment un obstacle sur lequel se heurte le vent qui, de ce fait, aide les buses à planer. Les buses volent de préférence dans les vallées où les conditions sont favorables au vol plané.
Une espèce de buse, la buse féroce, est présente en force au Liban où elle est résidente, dans pratiquement tous les villages. Les autres espèces nichent dans divers pays, notamment en Turquie ou plus au nord.

 

Impact positif sur la nature :
Du fait que les buses se nourrissent de rongeurs et d'insectes, souvent nuisibles aux cultures, ces oiseaux représentent un énorme bénéfice pour l'équilibre naturel et pour l'agriculture. Le passage de ces buses économise à l'homme l'utilisation de nombreux produits chimiques.

 

Menaces et dangers :
La principale menace qui pèse sur les buses au Liban est la chasse. Des braconniers les traquent impitoyablement, notamment dans les vallées alors qu'elles s'apprêtent à prendre leur envol. Ghassan Jaradi reste perplexe sur les raisons de cet acharnement, ces oiseaux n'étant ni comestibles ni d'une quelconque utilité pour les chasseurs. Il ne l'explique que par une volonté de marquer des points en visant un oiseau, sans en comprendre ni l'importance pour la nature et l'homme, ni les caractéristiques. L'expert déplore fortement cette chasse débridée pratiquée par des chasseurs non professionnels qui mettent de si belles espèces à la limite de l'extinction. Les rapaces en général, rappelle-t-il, nettoient la nature. Quel intérêt d'en faire des cadavres qui jonchent les sols ?
Ghassan Jaradi souligne par ailleurs que l'empoisonnement par l'ingurgitation d'insectes tués par des pesticides n'est pas un réel risque pour les buses, qui ne s'attaquent qu'à des insectes vivants.
Enfin, l'expert met en garde contre les effets néfastes de la prolifération des déchets ménagers dans les rues qui est susceptible, à la longue, de modifier le comportement de beaucoup d'oiseaux, puisque ceux-ci y trouvent un apport de chair fraîche qui n'était pas auparavant à leur portée.

 

Moyens de protection :
Les diverses espèces de buses sont protégées internationalement. Le Liban, de surcroît, a signé un protocole sur la protection des rapaces en 2015, tout comme il est signataire de la Convention sur la diversité biologique (en 1994). Il suffit donc d'appliquer la loi et de pénaliser les contrevenants, assure Ghassan Jaradi. Faute de quoi, ces oiseaux resteront menacés à chaque fois qu'ils traverseront le Liban, sans compter que les buses résidentes courront un risque d'extinction dans le pays. L'expert met également en garde contre la chasse au printemps, particulièrement dévastatrice puisque, avec la disparition de chaque individu, toute une future famille disparaît à son tour. Il insiste enfin sur l'importance de la sensibilisation qui s'intensifie ces dernières années, selon lui.

 

 

Dans la même rubrique

La giroflée caractéristique des côtes libanaises, belle et méconnue

Les chouettes et les hiboux : tellement beaux et tellement indispensables

Le rhododendron, une beauté rose pourpre surexploitée

Les chauves-souris : le mal que Dracula leur fait...

Un petit mammifère très ingénieux, cet écureuil...

Les trois origans du Liban : une histoire d'arôme, de goût et d'écologie

Renards et chacals : des champions de l’adaptation, mais...

De belles dames si fragiles : les iris du Liban...

Le hérisson : quand se mettre en boule ne suffit plus pour se protéger

Parmi les magnifiques rapaces qui sillonnent les airs au Liban, plusieurs espèces de buses passent par notre pays deux fois l'an, suivant l'itinéraire de migration qui leur est propre. Une seule espèce est résidente. Ces oiseaux si bénéfiques pour la nature, puisqu'ils dévorent de nombreux rongeurs et insectes nuisibles, sont tués régulièrement par des braconniers pour qui leur mort n'a...

commentaires (9)

Ic en Italie ils ont montre un documentaire la chasse de ces pauvres oiseaux par les libanais et avec mépris ils ont parlé du Liban , j'ai eu honte on dirait des hommes primitifs. Surtout ici il y a un respect des animaux , tu payes des amendes très salée.

Eleni Caridopoulou

18 h 54, le 27 janvier 2018

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Ic en Italie ils ont montre un documentaire la chasse de ces pauvres oiseaux par les libanais et avec mépris ils ont parlé du Liban , j'ai eu honte on dirait des hommes primitifs. Surtout ici il y a un respect des animaux , tu payes des amendes très salée.

    Eleni Caridopoulou

    18 h 54, le 27 janvier 2018

  • A ENFE ET CHEKKA ON TIRE LES HIRONDELLES ET LES BUSES DEPUIS... VU PAR MES YEUX... 1958 !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 45, le 07 octobre 2017

  • La chasse sauvage et incontrôlée est un gros problème pour notre pays. Sans une bonne formation et une prise de conscience des enjeux, un individu ne peut s'improviser chasseur La nature est notre qualité de vie

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 50, le 07 octobre 2017

  • Avant 1975, aucun chasseur ne tirait sur une hirondelle ou sur un martinet. Après cette date, l'anarchie s'installe et une nouvelle catégorie de chasseurs succède à l'ancienne. Parmi ces derniers, est venu le tireur sur tout ce qui vole, sur le comestible et sur le nuisible. Certains, à l'instar de Tartarin de Tarascon, faute d'oiseaux, ils tirent sur leur chapeau jeté en l'air. Quant à manger des hirondelles, j'ai connu un chasseur qui mangeait des hirondelles en méchoui pour clôturer sa vie de chasseur selon le pricipe "A défaut de grives on mange des merles" qu'il avait modifier "A défaut de G grives on mange des hirondelles".

    Un Libanais

    14 h 55, le 07 octobre 2017

  • IL Y A LES SAKRS... LES CHAHINES... ET BIEN D,AUTRES NOMS LIBANAIS... CHAQUE ESPECE DE RAPACE AYANT SON NOM !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 19, le 07 octobre 2017

  • Où se trouve notre super-ministre de l'environnement M. Tarek el-KHATIB ? Fait-il appliquer ses récentes directives concernant la chasse des oiseaux ? Une honte de plus pour le Liban...qui brille déjà en bonne position sur les listes de toutes les négligences imaginables concernant l'environnement. Mais il semble que ces "messieurs" ont d'autres préoccupations bien plus importantes qui prennent tout leur temps précieux ! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 07, le 07 octobre 2017

  • Les rapaces sont appelés au Liban, "ooqab" et "ooqabates", les éperviers et les faucons "bacheq" ou "bwacheqs" au pluriel de quelle espèce qu'ils soient. Je confesse à ma honte que j'en ai tués des dizaines dans ma "carrière" de chasseur durant 32 ans de 1941 à 1973. Nos lieux d'accueil étaient à Harissa, à Bzommar, à Ras-Kniss (Guiné) toujours sur les sommets et tout le long de septembre. Ils venaient du nord au sud de Grèce et de Turquie. Au cours d'un séjour en Grèce, un Grec m'avait dit : Vous êtes les assassins de nos rapaces, aujourd'hui on leur sert des carcasses afin de les empêcher de quitter nos montagnes. Mea-culpa.

    Un Libanais

    10 h 50, le 07 octobre 2017

  • LES BUSES EMIGRENT VERS LE LIBAN EN SEPTEMRE/OCTOBRE ... ELLES SONT CHASSÉES A L,AFFUT SUR LES ROUTES DES VERSANTS DES MONTAGNES OU ELLES ARRIVENT A BASSE ALTITUDE ET FATIGUÉES DU VOYAGE ET SONT ABATTUES EN CENTAINES... IL N,Y A QU,AU LIBAN OU ON MANGE LES BUSES ET AUTRES PETITES RAPACES... PRETENDANT COMME LES CYGOGNES FAIRE DU BON KEBBÉ AVEC... A ENFÉ ET CHEKKA ON CHASSE AU PRINTEMPS UNE RACE D,HIRONDELLES ... EN ARABE -EL SMARMAR- POUR AUSSI LES MANGER... BIZARRE MOEURS QU,IL FAUT ARRETER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 07 octobre 2017

  • "Il suffit d'appliquer la loi et de pénaliser les contrevenants". Tout est là! Le Liban possède tout un ensemble de lois excellentes, mais qui songe à les faire appliquer?

    Yves Prevost

    06 h 58, le 07 octobre 2017

Retour en haut