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Moyen Orient et Monde - INTERVIEW EXPRESS

Pas de conflit militaire, mais des affrontements sporadiques entre Bagdad et Erbil

Des troupes turques et irakiennes lors d’un exercice militaire conjoint à la frontière entre les deux pays. Reuters/Umit Bektas

Après le maintien par Erbil de l'organisation du référendum, les tensions sont montées d'un cran avec Bagdad. Olivier Grojean, maître de conférences en sciences politiques à l'université Paris I et auteur de La Révolution kurde (2017), analyse la crise actuelle entre le Kurdistan irakien et Bagdad.

 

Pensez-vous que les tensions entre Erbil et Bagdad peuvent déboucher sur un conflit militaire ?
Non. A priori, ni les Kurdes ni Bagdad n'y ont intérêt. Pour l'instant, il s'agit surtout de mesures de rétorsion qui sont d'ordre économique. Avec la fermeture du trafic aérien vers le Kurdistan irakien et les mesures contre l'exportation de pétrole, le Kurdistan se retrouve isolé et son économie asséchée. Si plus rien ne transite entre le Kurdistan irakien et les territoires contrôlés par Bagdad et si la Turquie, l'Irak et l'Iran se mettent d'accord pour bloquer les frontières, je ne sais pas combien de temps le Kurdistan peut tenir. Je pense que la confrontation militaire est peu probable. Ce qui peut arriver par contre, ce sont des escarmouches, des petites tensions, voire des affrontements sporadiques avec les peshmergas dans les zones disputées par les deux camps, comme à Kirkouk, par exemple. Les milices chiites peuvent aussi créer des tensions dans ces zones. Les milices ou groupes armés, soutenus par Bagdad, peuvent également créer des agitations à certains endroits, à Sinjar notamment où le PKK (kurde turc, combattu par Ankara) pourrait avoir intérêt à créer des frictions avec le PDK de Massoud Barzani (kurde irakien).

Quelle peut-être l'issue de cette crise?

Le problème, c'est que les exigences de Bagdad sont irréalisables. Il est demandé au président de la région autonome kurde, Massoud Barzani, de déclarer le référendum nul et non avenu. Or c'est impossible pour M. Barzani, puisque ce serait perdre la face. M. Barzani ne peut pas faire marche arrière. Les exigences de l'Irak sont hautes et il ne peut pas les accepter, même s'il a toujours dit que l'indépendance n'était pas l'objet du référendum. L'interprétation irakienne est un peu exagérée. Il va falloir négocier et je pense que les États-Unis vont faire pression pour qu'il y ait une désescalade et une baisse des tensions. Les Américains sont prêts à être médiateurs si on leur demande mais même, je pense qu'ils ne vont pas attendre qu'on leur demande. Ils ont tout intérêt à jouer des coudes maintenant pour que le dialogue ne soit pas rompu entre Bagdad et le Kurdistan irakien.

Comment envisager l'avenir des relations entre Erbil et Bagdad ?
C'est très dur à dire. Je pensais que la réponse de Bagdad allait être ferme, mais je ne pensais pas que le pouvoir central irait aussi loin, et surtout, que leurs exigences seraient aussi disproportionnées. Je pensais qu'il y aurait de possibles négociations. De ce fait, cela va être plus tendu que ce que je prévoyais. C'est dur de pronostiquer et d'imaginer ce qui peut arriver. Tout dépend de l'attitude des États-Unis et, pourquoi pas, de la Russie, qui est impliquée en Syrie, et qui pourrait trouver un moyen de s'impliquer davantage en Irak, que ce soit en présentant ses bons offices ou en faisant pression sur l'Iran pour lui demander de calmer le jeu en Irak.

 

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Après le maintien par Erbil de l'organisation du référendum, les tensions sont montées d'un cran avec Bagdad. Olivier Grojean, maître de conférences en sciences politiques à l'université Paris I et auteur de La Révolution kurde (2017), analyse la crise actuelle entre le Kurdistan irakien et Bagdad.
 
Pensez-vous que les tensions entre Erbil et Bagdad peuvent déboucher sur un conflit...

commentaires (2)

Dans les mois à venir il va y avoir beaucoup d'escarmouches de parts et d'autres ...c'est compréhensible, au vu des mentalités de la région. Chacun essayera de tirer le maximum de profits en sa faveur, mais à l'arrivée plus personne n'arrivera à faire cesser le processus de l'indépendance du Kurdistan. Il ne sert à rien de minimiser, d'humilier ou de prendre les kurdes pour des esclaves ... L'humanité réside avant tout dans le respect des droits des peuples. Quelque soit ces peuples ... Vive la paix dans le monde dans le respect de tous

Sarkis Serge Tateossian

12 h 21, le 30 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • Dans les mois à venir il va y avoir beaucoup d'escarmouches de parts et d'autres ...c'est compréhensible, au vu des mentalités de la région. Chacun essayera de tirer le maximum de profits en sa faveur, mais à l'arrivée plus personne n'arrivera à faire cesser le processus de l'indépendance du Kurdistan. Il ne sert à rien de minimiser, d'humilier ou de prendre les kurdes pour des esclaves ... L'humanité réside avant tout dans le respect des droits des peuples. Quelque soit ces peuples ... Vive la paix dans le monde dans le respect de tous

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 21, le 30 septembre 2017

  • MR ABADI VA DE GAFFE EN GAFFE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    04 h 26, le 30 septembre 2017

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