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Moyen Orient et Monde - Crise des Rohingyas

Risques sanitaires : « Le temps presse »

Pour Thierry Benlahsen, la création d'un « mégacamp » de 400 000 personnes ferait exploser les taux de malnutrition et de maladies hydriques.

Un camp de fortune à Cox’s Bazar, le 21 septembre 2017. Cathal McNaughton/Reuters

La crise est gigantesque. Le manque de nourriture, d'eau, de soins sont autant de problèmes qui alarment la communauté internationale. L'ONU a estimé hier qu'il faudrait 167 millions d'euros (200 millions de dollars) au cours des six prochains mois pour affronter la « catastrophique » crise humanitaire des réfugiés rohingyas ayant fui de Birmanie. « Toutes les conditions sont réunies pour qu'une épidémie se déclare et se transforme en une catastrophe de grande ampleur », explique Robert Onus, coordinateur d'urgence de Médecins sans frontières (MSF), dans un communiqué publié jeudi soir. MSF craint notamment une épidémie de choléra et de rougeole.

Plus de 429 000 musulmans rohingyas ont fui au Bangladesh ces dernières semaines pour échapper à une campagne de répression de l'armée birmane, qualifiée d'« épuration ethnique » par l'ONU. Jeudi, le président français Emmanuel Macron est allé jusqu'à évoquer un « génocide ». À leur arrivée au Bangladesh, les rescapés trouvent des camps débordés et sont contraints de déboiser les collines, ou de s'installer sous de simples bâches au bord des routes. Certains regroupements informels vont d'une centaine de personnes à plusieurs milliers de personnes. Et les pluies torrentielles de ces cinq derniers jours ont transformé en bourbier toute la zone, faisant craindre des glissements de terrain. « Les camps sont surpeuplés à ce stade, ils débordent littéralement », a déclaré à Genève Andrej Mahecic, le porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), qui évoque le risque de maladies.

 

(Lire aussi : Guterres réclame l’arrêt des opérations militaires birmanes)

 

Dans cette région frontalière, des dizaines de milliers de personnes vivaient déjà dans des camps, dans des conditions précaires, avant ce nouvel exode. Et chaque jour, de nouveaux réfugiés arrivent au Bangladesh après des jours entiers de marche sous la pluie. Mais l'acheminement de l'aide est compliqué car la zone est immense et il n'y a pas de route à l'intérieur des camps. Une problématique de taille se pose quand il s'agit d'assainissement, d'hygiène et d'irrigation : la nature même de la terre ici est sédimentaire. « L'eau ne s'infiltre pas dans la terre.

C'est pour cela que les inondations posent problème : l'eau continue de couler, il n'y a donc pas d'évacuation possible. Il y a des risques de débordements des latrines et des nappes phréatiques, et donc de toutes les maladies qui se propagent dans l'eau. Le contexte géologique est particulièrement propice à ces risques de maladies », explique Thierry Benlahsen, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Solidarités internationales au niveau global, à L'Orient-Le Jour. L'ONG, présente depuis dix ans au Bangladesh, travaille avec les communautés hôtes et des « settlements », ou installations temporaires, et leur distribue entre autres des kits d'urgence ; elle devrait pourvoir aux besoins de plus de 20 000 personnes d'ici à un mois.

 

(Lire aussi : Pour Guterres, les Rohingyas sont en proie au nettoyage ethnique)

 

Population locale solidaire
La population bangladeshie locale est certes plutôt solidaire, tient à souligner M. Benlahsen, qui indique que le pourvoyeur principal de nourriture aux réfugiés est la communauté hôte qui improvise des cantines et autres. Le niveau démographique est déjà très élevé, et la population assez pauvre. Seuls quelques incidents isolés ont pu être notés jusque-là, mais ils restent anecdotiques.

Il est question aujourd'hui d'un camp géant qui regrouperait tous ces réfugiés, ou presque, soit plus de 400 000 personnes, à plus d'une heure de route de Cox's Bazar, au sud du Bangladesh. « Cette grande concentration de personnes va mener à deux choses : l'explosion du taux de malnutrition, notamment chez les enfants de moins de 5 ans, et des maladies hydriques (provoquées par de l'eau contaminée par des déchets humains, animaux ou chimiques). Le temps presse », indique Thierry Benlahsen, qui déplore le coût exorbitant d'une telle structure, inutilisable une fois fermée. « C'est autant d'argent injecté par la communauté internationale dans ce camp que le gouvernement bangladeshi ne récupérera pas pour le développement de la zone. Il y a peut-être des solutions qui bénéficieraient plus aux Bangladais sur le long terme, comme aider les communautés hôtes, sur des systèmes de vidage et infrastructures, etc. »

En attendant, outre le soutien des différentes ONG sur le terrain, la communauté internationale n'est pas en reste. L'Arabie saoudite a envoyé 100 tonnes de nourriture, de tentes et de matelas qui ont commencé à arriver à Cox's Bazar. Les États-Unis ont, eux, promis 32 millions de dollars au Bangladesh pour l'aider à affronter cette crise.

La minorité rohingya de Birmanie est considérée comme l'une des communautés les plus persécutées au monde. Avant la crise actuelle, environ un million vivaient en Birmanie, mais ils sont depuis 1982 des étrangers dans ce pays, qui leur a retiré la citoyenneté. Hier matin, une bombe a explosé dans l'enceinte d'une mosquée dans l'ouest de la Birmanie, dans un district plutôt épargné par les troubles. Le gouvernement birman a dénoncé une tentative des « terroristes » d'« effrayer la population », avant la prière du vendredi.

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, très critiquée pour sa gestion de la crise, avait expliqué mardi dans un discours sur la crise qu'il n'y avait pas eu de combats depuis le 5 septembre et que l'opération de l'armée était également terminée. Depuis le 25 août et des attaques de rebelles rohingyas, l'armée birmane a lancé dans l'ouest du pays une campagne de répression. Accusée de viols, de meurtres et d'incendies de villages, l'armée procède d'après les Nations unies à une « épuration ethnique ». Et accuse les rebelles des destructions.

 

 

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La crise est gigantesque. Le manque de nourriture, d'eau, de soins sont autant de problèmes qui alarment la communauté internationale. L'ONU a estimé hier qu'il faudrait 167 millions d'euros (200 millions de dollars) au cours des six prochains mois pour affronter la « catastrophique » crise humanitaire des réfugiés rohingyas ayant fui de Birmanie. « Toutes les conditions sont réunies...

commentaires (2)

petit calcul comparatif : les besoins du liban pour SES refugies , durant 6 ans serait de & millairds 200 millions de $$$$... sans y ajouter les pertes subies en emplois VOLES aux Libanais ( par la faute des libanais , gouv et employeur ) sans parler des couts additionnels encourus( education pr ex ) A T ON RECU CES MONTANTS( pour precisions QUI A RECU CES MONTANTS ) ?

Gaby SIOUFI

12 h 25, le 24 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • petit calcul comparatif : les besoins du liban pour SES refugies , durant 6 ans serait de & millairds 200 millions de $$$$... sans y ajouter les pertes subies en emplois VOLES aux Libanais ( par la faute des libanais , gouv et employeur ) sans parler des couts additionnels encourus( education pr ex ) A T ON RECU CES MONTANTS( pour precisions QUI A RECU CES MONTANTS ) ?

    Gaby SIOUFI

    12 h 25, le 24 septembre 2017

  • LA CRISE DES ROHINGYAS EST QUALIFIEE DE GENOCIDE AVEC 425000 REFUGIES ! COMMENT QUALIFIER LA CRISE SYRIENNE AVEC DES MILLIONS DE REFUGIES ET CELLE DU YEMEN QUI LUI RESSEMBLE ET OU LE CHOLERA FAIT DES RAVAGES ? SACHANT L,OEUVRE DE QUI ELLES SONT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 53, le 23 septembre 2017

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