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Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki

#11 Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki, architectes, 27 et 28 ans

Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki, architectes, 27 et 28 ans.

Ghaith&Jad. À voir ce logo épuré où leurs deux prénoms sont unis par une esperluette, à suivre les chorégraphies de leurs quatre mains acérées comme des dagues, infiniment raccords et accordées, labourant leurs maquettes ingénieuses tel un champ des possibles dont ils ont la garde partagée, on pourrait bêtement les envisager en Dupont et Dupond dupliqués par Autocad. Erreur. Les architectes Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki se ressemblent tellement peu qu'ils sont indissociables. Avec leur alliance, ce double tranchant et complémentaire a creusé un fossé d'où surgit leur fièvre inventive, sous-tendue par un dialecte architectural anticonformiste. Mécanique du grand écart qui emboîte leurs différences et place leur binôme « un peu à part », pensent-ils. Au-dessus de la mêlée, plutôt.

Les deux garçons se sont rencontrés, reconnus peut-être, à l'AUB d'où ils ressortiront honorés par le prix d'excellence de la Fondation Areen et où ils reviendront en 2016 pour dérouler un pavillon à la poésie ambiguë pour le 150e anniversaire de l'université. Ils posent la première pierre de leur édifice lors d'un stage chez Raed Abillama, à un âge où l'insouciance croise leurs itinéraires idylliques et les propulse l'année d'après chez les as du bâtiment Herzog & De Meuron. Trois mois qui consolident leur association dont le ciment fort devient cette double signature cultivée dans un portfolio où des maquettes remplacent toutefois les usuels rendus en 3D. Ces modèles en miniature, dont ils font leur marque de fabrique, lâchent la bride à une manière intégrale d'aborder le métier : (af)fûtée, ludique, sincère et presque artisanale, bifurquant du prêt-à-penser que servent les logiciels qui siphonnent toute humanité. L'architecture un rien expérimentale de Ghaith Abi Ghanem et Jad Melki – « Nous sommes comme deux gamins complémentaires jouant à tâtonner puis confectionner des choses » – se balance visiblement entre les gestes minimalistes et teintés de mystère du premier, et la précision organique, la poésie souterraine du second. À volets ouverts, elle est irriguée à parité par l'art et la géométrie, irisée de scénographies. Au lieu de l'endiguer à une finalité, Ghaith et Jad en composent un nouveau vocabulaire, un vecteur pour dilater leur terrain d'action et en conquérir d'autres.

Archimistes
Sur leurs petites planches d'où décolle chacun des projets qui rêve grand, ils créent d'abord un moment essentiel d'échanges, de réflexions et d'expérimentations, avant d'y tisser de fin fil d'or l'ébauche de chacune de ces œuvres, liés par leur langage où l'esthétique sert la fonction : Blue, le luminaire aux accents lunaires naît par hasard lorsque les explorations de ces deux archimistes planchaient sur la cire et la résine, ou encore Neckline (dans le cadre de House of Today), la ligne de vases conçus comme un objet architectural irrigué par une chaîne d'artisans locaux. De plus grande ampleur, la boutique de Starch en 2014 (qui leur a valu l'IF Design Award) où les portants modulables généraient une grammaire de construction dansante, Print Imprint/Press Impress au sein de l'exposition Kindling à Photomed en juillet dernier et Projection Lines /Meet D3 pour l'ouverture du Dubai Design District en 2015. L'aménagement du restaurant Maryool pour lequel leur vocabulaire architectural reproduisait les accents familiaux de la nourriture proposée. Et, dernièrement, leur projet Recovering Aleppo's Topography (une structure érigée à partir des débris de verre) en collaboration avec l'ingénieure Nour Madi et pour lequel ils ont été distingués par le deuxième prix du LafargeHolcim Awards for Sustainable Construction (New Generation category).
Pour autant, à partir de leur atelier de Mansion dont ils ont fait la pierre angulaire de leur collaboration, Ghaith et Jad préfèrent passer les propositions qui leur viennent au filtre de « ce qui a du sens pour nous et la communauté ». Mansion, cette demeure classée de Zokak el-Blatt qu'ils partagent avec d'autres artistes. Ce lieu communautaire, chamarré et hors du commun, où Jad et Ghaith conservent précieusement l'héritage d'une ville qu'ils ont refusé de quitter, dans ce rêve éveillé qui sied bien à ces deux jeunes hommes qui ne cessent d'en fabriquer.

Ghaith&Jad. À voir ce logo épuré où leurs deux prénoms sont unis par une esperluette, à suivre les chorégraphies de leurs quatre mains acérées comme des dagues, infiniment raccords et accordées, labourant leurs maquettes ingénieuses tel un champ des possibles dont ils ont la garde partagée, on pourrait bêtement les envisager en Dupont et Dupond dupliqués par Autocad. Erreur. Les...

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