Alors que le Liban devrait être en train de célébrer la victoire éclatante sur les terroristes de Daech dans le jurd, les polémiques internes assombrissent l'atmosphère et n'en finissent pas de refléter le profond clivage politique. Au point que les services sécuritaires ne cachent pas leurs craintes de voir les « cellules dormantes » terroristes profiter de ces failles dans le paysage politique pour frapper de nouveau au Liban. Selon une source sécuritaire bien informée, les menaces terroristes au Liban sont au nombre de cinq.
D'abord les camps de déplacés syriens installés un peu partout sur le territoire libanais et au sein desquels les services libanais ont un accès limité. Il ne s'agit certes pas d'une accusation raciste ou politique, mais d'une constatation, basée sur des données objectives, les camps de déplacés étant un vivier de misère, de promiscuité et de désœuvrement qui favorise l'attrait des jeunes pour les groupes radicaux parce qu'ils se sentent marginalisés par la société. La seconde menace provient des réseaux secrets que les groupes terroristes ont largement eu le temps d'installer dans différentes régions du Liban au cours des trois dernières années, notamment en raison du clivage politique et confessionnel du pays qui a entravé le travail des services de sécurité. On se souvient ainsi qu'il n'y a pas si longtemps encore, certains services de sécurité ne pouvaient pas procéder à des arrestations ou même à des investigations dans certaines régions à coloration confessionnelle précise.
La troisième menace provient de ce qu'on appelle désormais « les loups solitaires », des terroristes isolés qui décident d'agir de leur propre initiative et de lancer seuls une attaque contre des civils ou des cibles précises. Ces « loups solitaires » qui ne disposent plus de grands moyens peuvent se doter de bombes artisanales ou utiliser, comme en Europe, des voitures qui seraient lancées contre la foule, comme cela s'est passé récemment dans plusieurs pays d'Europe. Les analystes sont unanimes pour estimer que le fait d'avoir recours aux « loups solitaires » montre que les groupes terroristes n'ont plus autant de moyens qu'auparavant et sont ainsi contraints de procéder à des attaques low cost, mais elles n'en restent pas moins, hélas, efficaces, d'abord parce qu'elles font des victimes et ensuite parce qu'elles suscitent un climat de panique au sein de la population, amenant celle-ci à douter de la protection des services de sécurité. La quatrième menace provient de certains milieux populaires qui restent plus ou moins favorables aux thèses radicales et peuvent ainsi constituer un environnement fertile pour les groupes terroristes, ou en tout cas pour les « loups solitaires ». Lutter contre cette menace suppose un travail de développement à long terme, mais plus vite l'État et ses institutions s'installeront dans ces zones défavorisées et moins les risques des tentations radicales seront importants.
La cinquième menace provient du camp palestinien de Aïn el-Héloué qui abrite des groupes radicaux et des cellules terroristes liées à l'étranger, et plus particulièrement à Raqqa. Le camp de Aïn el-Héloué reste la principale source d'inquiétude, même si les groupes radicaux ont pu installer des foyers dans d'autres camps, sachant que les réfugiés palestiniens se déplacent de l'un à l'autre. Mais il est désormais de notoriété publique que le groupe de Bilal Mikati et celui de Chadi Mawlawi sont bel et bien dans le camp de Aïn el-Héloué. Les autorités libanaises en charge du dossier des camps avaient sommé les différentes organisations palestiniennes de mettre un terme à leurs activités terroristes. En principe, c'était le Fateh de Mahmoud Abbas qui devait se charger de cette mission, étant l'interlocuteur officiel de l'État libanais au nom des Palestiniens et ayant, de ce fait, une légitimité pour prendre en charge la sécurité du camp. Mais en raison de la lutte intestine et armée au sein même du Fateh entre les partisans de Abbas et ceux de son rival, Mohammad Dahlan, la mission n'a pas pu être accomplie et un compromis a été finalement conclu qui a contraint les groupes de Mikati et de Mawlawi à se replier vers l'intérieur du camp. En même temps, et sur l'impulsion de la députée Bahia Hariri, qui a multiplié ces derniers jours les réunions avec les différentes organisations palestiniennes, un accord a été conclu qui prévoit la formation d'une commission palestinienne commune chargée de dialoguer avec les autorités libanaises, au sujet notamment des personnes recherchées par la justice libanaise et cachées dans le camp. Cette volonté de créer des structures claires pour gérer les problèmes éventuels au camp, et d'autres entre lui et les autorités libanaises, vise aussi à réduire la menace terroriste. Il s'agit aussi d'une action préventive de la part du Liban qui craint de plus en plus les tentatives israéliennes de convaincre l'ONU de mettre un terme aux activités de l'Unrwa. D'une part, pour enfoncer encore plus le Liban dans les problèmes de financement des réfugiés, et d'autre part pour pousser ces derniers à devenir de plus en plus dépendants des aides arabes et étrangères, sans les fonds fournis par les Nations unies. L'enjeu est de taille pour le Liban...
commentaires (13)
Un revolver à la tempe et le doigt du malfaiteur prêt à tirer et je me soucie du rhume et des rhumatismes... Bizzare
Wlek Sanferlou
20 h 59, le 11 septembre 2017