Dommage pour Hassan Nasrallah. Si, comme il en a fait la demande, nous devons lier la victoire des jurds à d'autres, réalisées ailleurs en Syrie, il faudra donc la lier aussi à l'intervention russe en Syrie.
En effet, la fraternité d'armes entre le Hezbollah et l'armée régulière syrienne s'étend aussi au combattant russe, à la nuance, sans doute, que la Russie ne s'est engagée que très rarement au sol, et que son apport fondamental a été ses forces aériennes et ses relations internationales au Conseil de sécurité et ailleurs. Et ses roubles. Mais enfin, à ce titre, un devoir de reconnaissance serait également dû à la Fédération de Russie. Conclusion : la multiplication des débiteurs entraînerait la réduction de la dette particulière que l'on doit à chacun d'entre eux.
Dommage aussi pour Hassan Nasrallah que le projet impérialiste État islamique, fondamentalement hostile au Liban pluraliste et démocratique, ne soit pas le seul dans la région. Car l'Iran aussi se réclame d'une révolution islamique à exporter et bâtit un empire. Tout cela limite énormément – il faut qu'il le sache – les possibilités d'adhésion à son discours.
Dommage également que la crédibilité de Hassan Nasrallah ait ses limites. On souhaiterait qu'elle n'en ait pas, mais enfin, elle s'arrête à l'affirmation qui veut que l'armée de Hussein ne poignarde pas dans le dos et respecte la parole donnée. Certes, il a pleinement raison d'affirmer que la parole donnée est sacrée, mais à l'écouter, on est irrésistiblement ramené à l'attentat qui a « poignardé dans le dos » Rafic Hariri le 14 février 2005 et au cercle des suspects du Hezbollah qui ne comparaîtront jamais à La Haye, et dont certains, comme Moustapha Badreddine, ont commencé à emporter leur secret dans la tombe.
Et sur ce plan, ce que l'histoire doit chercher à découvrir – et le Tribunal spécial pour le Liban effectue réellement, à cet égard, une reconstitution digne des plus grands historiens, un véritable travail de fourmi – c'est non seulement l'auteur de ce coup de poignard dans le dos, mais son mobile. Pourquoi a-t-on tué Rafic Hariri ? Un devoir de mémoire s'impose sur ce plan qu'aucune victoire ultérieure, aussi éclatante qu'elle paraisse, ne saurait racheter. Le Liban restera inachevé tant que sa mémoire collective restera censurée, bâillonnée, banalisée, tronquée ou méprisée ; tant que des certitudes, et éventuellement le pardon, ne se seront pas substitués à la méfiance. Et le principe vaut également pour l'affaire des militaires pris en otages, comme pour toutes les affaires. Comme pour toutes les trahisons.
Cela dit, la glorieuse journée, qui doit commémorer aujourd'hui à Baalbeck la libération du Liban des bandes obscurantistes et du projet nihiliste du groupe État islamique, est sans aucun doute bonne à prendre. Mais il y a d'autres libérations à commémorer que la fin de ce projet particulier d'effritement des nations issues de l'accord Sykes-Picot. Ainsi faudrait-il aussi célébrer le départ des Syriens du Liban en mai 2005, car la tutelle du régime syrien était aussi, à sa façon, une remise en question de l'accord Sykes-Picot, une brèche à notre indépendance, voire à notre existence.
À tout prendre, ce qu'on peut retenir sans hésitation et sans réserves du discours de Hassan Nasrallah, c'est sa vibrante finale, son appel passionné à rester au Liban, à préserver nos racines libanaises, à vivre et mourir pour elles. Les Églises orientales, et en particulier celles de Syrie et d'Irak, ont tout à gagner à s'approprier cet appel et à prendre le risque de rester, maintenant que le (plus grand) danger est passé, plutôt que de ressasser leurs discours de victimisation lassants et sans horizons.
Rester en cet Orient, c'est rester proche de nos racines, c'est rester en Terre sainte. C'est rester proches de Jérusalem, de Bethléem, du mont Hermon, de Cana de Galilée, de Tyr et de Saïda, du Caire et de Damas, des lieux foulés par le Maître, sa Mère et ses Apôtres, des lieux transfigurés par sa Résurrection, des lieux portant l'empreinte indélébile et inoubliable de ses miracles et de sa parole.
Voilà où doivent s'engouffrer, en remerciant Hassan Nasrallah, avec leur mémoire et leur espérance, les Églises orientales, à commencer par l'Église maronite, si bien établie sur la ligne de crête entre Orient et Occident, si proche à la fois des Églises orientales et de l'Église universelle ; si médiatrice de tradition et de modernité que ce serait dommage que ses institutions, ses écoles, ses universités, ses instituts, ses hôpitaux, ses couvents, ses séminaires n'en diffusent le meilleur.
En effet, la fraternité d'armes entre le Hezbollah et l'armée régulière syrienne s'étend aussi au combattant russe, à la nuance, sans doute, que la Russie ne s'est engagée que...
commentaires (10)
EXCELLENT MR Noun tout simplement exquis !! Mr Noun on s'en fiche des noms du moment que la base y est, Mr je sais aussi que vous vouliez faire cette article soft pour certain libanais ... mais a juste titre il faut leur rappeler et au chrétien d'entre eux que le hezb sous le nom de la REVOLUTION ISLAMIQUE a bien exister pendant la guerre du liban et ceux depuis 1980 et que le sayyed etait un des premiers adhérant soit juste UN AN PLUS TARD que le front chretien rassembler par bachir vu le jour, et a bien pris part a cette guerre horrible d'abords par l'assassinat de certains colonels de l'ARMEE LIBANAISE dont colonel Ziede de rayak puis par les guerres fracticides .. DONC CELUI QUI VIENT ME DIRE QUE LE HEZB ANCIENNEMENT REVOLUTION ISLAMIQUE n'a pas pris part a la guerre au liban c'est qu'IL n'y connaît rien... CELA SUFFIT LES PROPAGANDE A 2 BALLES ET LES SUIVEURS HEBETER PAR UN SENTIMENT DE FORCE BIEN IMAGINAIRE QU'iLS FONT MIROITER A LEURS BASE !! MERCI MR NOUN D'AVOIR REMIS A LHEURE TOUTES LES PENDULES ARMEE, PEUPLE, ETAT
Bery tus
15 h 17, le 31 août 2017