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Moyen Orient et Monde - Éclairage

John Kelly, le sauveur aux menottes de velours

Alors que les catastrophes naturelles et les crises internes et externes encerclent de plus en plus le président américain, le chef de cabinet de la Maison-Blanche tente de maintenir le cap.

Le chef de cabinet de la Maison-Blanche John Kelly et le secrétaire d’État Rex Tillerson, lors d’une conférence à Washington, le 28 août. Kevin Lamarque/Reuters

Le général John Kelly, chef de cabinet de la Maison-Blanche, a pour l'instant réussi à contrôler ce que les médias ont appelé « le cirque de la présidence », mais il n'a pas pour autant pu mater complètement le maître des lieux.

Le général Kelly, comme d'autres personnage de sa trempe, hautement professionnels, patriotes et dévoués à leur pays (le général James Mattis, secrétaire à la Défense, le général McMaster, à la tête du Conseil national de sécurité et le secrétaire d'État, Rex Tillerson), se considère au service de la nation sans devoir être le « yes man » du président. Leur patience face un président erratique a été concluante. Ils ont gagné le respect du peuple américain et, comme on a pu le constater, une plus grande capacité à le critiquer sans sourciller. Ainsi, hier, le général Mattis a fait savoir que la décision de Donald Trump de bannir des troupes les éléments transgenres était soumise à une étude du Pentagone.

Et désormais, toute l'équipe de la Maison-Blanche, y compris Ivanka Trump, la fille du président, et son époux Jared Kushner, doit passer par le chef de cabinet pour accéder au président. Finies les portes ouvertes du bureau Ovale où tout le monde, se considérant « buddy buddy » avec le président, rentrait et sortait à volonté.

Toute information destinée au président doit donc être filtrée par le général Kelly. Ce dernier a institué un système utilisé par les précédentes administrations pour limiter la compétition interne et avoir le dernier mot concernant tout matériel arrivant au bureau du président. La ligne principale de sa méthode : le decision memo, qui aide à clarifier et décanter la politique du président et qui englobe, à cet effet, le pour et le contre de chaque ministère concernant telle ou telle affaire. Sous la présidence de Barack Obama, le chef de cabinet préparait des cahiers de briefings contenant tous les points de vue, et qui étaient délivrés au président en fin de journée, au moment où il se retirait dans ses quartiers privés. Le président Trump n'a probablement pas la capacité intellectuelle de son prédécesseur, mais le général Kelly continue d'essayer de le soumettre à un certain encadrement. Ce qui lui a valu l'estime de tous, qui le considèrent comme le stabilisateur espéré de la présidence et le bouclier contre le traumatisme d'une l'éventuelle destitution, ou d'un procès.

« The General »
Néanmoins, le chef de cabinet n'arrive pas toujours à jouer les garde-fous, particulièrement dans les cas de grandes crises (affrontements de Charlottesville) et de catastrophes naturelles. Des situations où le naturel de Donald Trump revient au galop. Ainsi, en se rendant il y a deux jours auprès des sinistrés de la tempête Harvey, il lui a été reproché d'avoir mis en avant son personnage au détriment d'une sincère sympathie envers ceux qui sont en réelle détresse.

Donald Trump, le tycoon ou le président, a beaucoup d'adversaires et peu d'amis. Les maisons de l'aristocratie politique washingtonienne ne lui ont pas ouvert leurs portes, comme l'a fait celle de l'argent à New York.

Le général Kelly peut changer la trajectoire du mandat de Donald Trump. Mais d'où lui vient un tel sens du devoir et du leadership? D'un livre datant de 1936 qu'il lit et relit, à ses dires, à chaque étape de sa carrière depuis 25 ans. The General est un roman sombre sur fond de Première Guerre mondiale, signé C.S. Forester, auteur d'African Queen. John Kelly s'inspire de la sagesse qui émane de ce titre plutôt que du récit. Un sujet d'actualité, puisqu'il traite de l'excès de confiance et de l'incompétence militaires avec, en parallèle, une évocation des qualités des hommes d'État. Il raconte l'histoire d'un officier de l'armée britannique, incarnant l'inconscience, la complaisance et l'arrogance qui ont mené au carnage de la Première Guerre mondiale. Des écueils désastreux que le général Kelly voudrait épargner à son pays.

On ne connaît pas au président Donald Trump de livre de chevet, alors que ses prédécesseurs en avaient. Bill Clinton lisait Méditations de Marc Aurèle et Barack Obama privilégiait Self-Reliance de Ralph Waldo Emerson et Song of Solomon de Toni Morrison. Quant à George W. Bush, il lisait la Bible en entier chaque année et, durant sa présidence, il a planché sur 14 biographies d'Abraham Lincoln.

 

 

Pour mémoire

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