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À La Une - Espagne

Ripoll, paisible ville catalane où auraient grandi des jihadistes

"Que des voisins depuis toujours finissent par te faire ça...", se lamente Maria, serveuse dans un café, qui refuse de donner son nom, dans une ville où tous se connaissent.

Ripoll, petite ville catalane de 10.000 habitants à quelque 700 mètres d'altitude au pied des Pyrénées, est sous le choc: ici, un groupe de jeunes Marocains a peut-être imaginé et préparé les pires attentats jihadistes commis en Espagne depuis 2004. Photo REUTERS/Susana Vera

Ripoll, petite ville catalane de 10.000 habitants à quelque 700 mètres d'altitude au pied des Pyrénées, est sous le choc: ici, un groupe de jeunes Marocains a peut-être imaginé et préparé les pires attentats jihadistes commis en Espagne depuis 2004.

"Que des voisins depuis toujours finissent par te faire ça...", se lamente Maria, serveuse dans un café, qui refuse de donner son nom, dans une ville où tous se connaissent.

Les langues ne se délient guère que sous couvert de l'anonymat et la crispation était palpable après une journée d'arrestations et de perquisitions, menées sous le regard des villageois par des policiers cagoulés.
Elles se succèdent depuis que deux attentats ont ensanglanté jeudi Barcelone, à une centaine de kilomètres au sud, et quelques heures plus tard Cambrils, une station balnéaire catalane.
Deux voitures, lancées à vive allure contre des piétons y ont fait 14 morts et plus de 120 blessés.

Une nouvelle perquisition a eu lieu samedi pendant deux heures dans l'appartement d'un imam de Ripoll, Abdelbaki Es Satty, d'après son colocataire, Nourddem, qui refuse lui aussi de donner son nom de famille à l'AFP. "La dernière fois que je l'ai vu c'était mardi et il m'a dit qu'il allait voir sa femme au Maroc", assure Nourddem.
D'après El Pais, qui cite des sources policières, l'imam pourrait être un des morts de l'explosion d'une maison, mercredi soir à Alcanar, dans l'extrême-sud de la Catalogne.

 

(Lire aussi : Espagne: la cellule jihadiste "démantelée", un homme activement recherché par la police)

 

Buveurs de bière
Ripoll, fière de son statut de ville historique, avec un imposant monastère du IXe siècle, aurait abrité au moins sept des douze suspects impliqués dans les attentats: des jeunes de nationalité marocaine, pour certains nés ici de parents venus du Maroc.

Moussa Oukabir, 17 ans, né à Ripoll mais marocain, son voisin d'immeuble Mohamed Hychami, de 24 ans, né à Mrirt, et Said Aallaa, de 18 ans, né à Naour au Maroc, ont été abattus par la police vendredi après avoir lancé à toute allure leur voiture sur la promenade de la station balnéaire de Cambrils.
Au moins quatre personnes sont en garde à vue, dont des habitants du village et un homme de Melilla, enclave espagnole en Afrique du nord.

Un serveur assure en avoir croisé certains et leur avoir même "servi de la bière", à de nombreuses reprises.
Dans l'immeuble d'un des présumés terroristes, une famille pleure. Yamila, une voisine qui a accepté de parler à une journaliste de l'AFP, assure que Said Aala, leur fils, était un jeune bien et travailleur. "Un ami l'a appelé jeudi à 15h00 et il est parti faire un tour", dit-elle. C'était deux heures avant l'attentat de Barcelone.
Dans le village, on parle de radicalisation récente de ces hommes, de jeune filles qui se voilent davantage et de certains habitants devenus plus religieux et de moins en moins sociables.

Le maire s'interrogeait samedi sur son pouvoir d'action face à la présence de membres de la cellule jihadiste.
"Si des responsables comme ceux de Londres, la CIA, les Américains, les services de renseignement espagnols, ou même le gouvernement catalan avec les Mossos d'Esquadra ne sont pas capables de l'empêcher, comment la municipalité d'un village de 10.000 habitants avec seulement 14 policiers pourrait-elle l'empêcher ?", demande Jordi Munell, interrogé par l'AFP.

Des recherches dans la presse locale montrent une polémique autour d'une nouvelle mosquée, en 2008, et, plus récemment, une tribune dans un quotidien local en ligne se plaignant "d'insultes" à l'égard des musulmans, mais aussi de la nécessité que l'exécutif de Catalogne "contrôle davantage la parole de certains imams qui prêchent lors du ramadan".
Mais le maire assure que la communauté musulmane locale lui a expliqué que, "lorsqu'un imam tient un discours anti-occidental, violence machiste ou réinterprétation du Coran, il est rejeté ou on tente de le faire changer".

 

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